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Collage, tractage et agression : l’extrême droite fait sa rentrée à Lyon 3

Pour sa rentrée, le GUD fait parler de lui. Deux membres de ce groupuscule d’extrême droite radicale ont agressé un enseignant qui passait, alors qu’ils distribuaient des tracts devant la Manufacture des tabacs (université Lyon 3).

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Collage, tractage et agression : l’extrême droite fait sa rentrée à Lyon 3

Ce lundi 5 septembre, vers 9h, un professeur d’un collège de Lyon passe devant l’entrée de la Manufacture des tabacs. C’est un jour de rentrée et le GUD qui aimerait faire de cette université un fief compte marquer les esprits. Sur le mur qui fait face à l’entrée principale ont été collées plusieurs affiches du mouvement et un message en lettres capitales « bienvenue chez nous » avec une croix celtique.

Tout le long de la rue du professeur Rollet, des autocollants ont fleuri.

Syndicaliste au SNES-FSU, l’enseignant connait ce mouvement d’extrême droite et sa manière de marquer le terrain. Il décide d’arracher quelques autocollants. Mais des militants du GUD sont encore là, à distribuer des tracts.

Souhaitant rester anonyme, ce prof témoigne :

« J’ai vu qu’ils m’avaient repéré. Je suis alors parti en direction du métro Sans-Souci mais j’ai été suivi par deux d’entre eux ».

C’est dans les escaliers du métro que l’agression a lieu.

« L’un d’eux est passé devant moi pour me bloquer et l’autre est resté derrière. Le premier m’a demandé ce que j’avais contre le GUD. Il n’a pas attendu la réponse et m’a mis des coups de poing dans la tête. L’autre a fait de même ».

Après un dernier coup de pied, les agresseurs prennent la fuite. Une fois seul, le prof appelle la police.

En quelques minutes, plusieurs équipages sont sur les lieux. Aidés par la description donnée par la victime et par le témoignage d’une étudiante qui a assisté à la scène, les policiers interpellent les deux individus qui sont retournés devant Lyon 3.

Une source policière confirme qu’il s’agit bien de deux membres du GUD.

Après une nuit en garde à vue et une confrontation au cours de laquelle le prof a reconnu ses deux agresseurs, ils ont été présentés au parquet. Ils sont convoqués devant le tribunal correctionnel pour violence en réunion. L’audience doit se tenir le 1er juin.

La victime qui s’en sort avec 2 jours d’ITT et elle a porté plainte. Cette agression vient s’ajouter à une liste déjà longue. À Lyon, le Groupe Union Défense (GUD), qui s’est reformé en septembre 2011, est un groupuscule connu pour ses actions violentes.

Ses militants sont responsables de nombreuses agressions racistes (lire ici ou ) ou dirigées contre ceux qu’ils considèrent comme « gauchistes ».

Plusieurs de ses militants ont déjà été lourdement condamnés pour un lynchage à Villeurbanne ou pour une forme de ratonnade à la Guillotière.


Les nouveaux alliés du GUD : Lyon 3 Patriote après Lyon 2 Patriote

Cette agression du 5 septembre montre, une fois de plus, que le GUD considère l’université Lyon 3 comme son fief, son message « bienvenue chez nous » en atteste.

Ces militants d’extrême droite se présentent en « milice anti-gauchiste ». Ils n’avaient d’ailleurs pas hésité à faire le coup de poing lors de manifestations contre la loi travail, notamment le 31 mars. Leur idée étant de défendre « leur fac », en l’occurrence ici, le site de la Manufacture des tabacs.

Fait nouveau en cette rentrée, la création d’une structure Lyon 3 Patriote. Elle est présentée comme la deuxième antenne à Lyon de l’association Union des Etudiants Patriotes après celle créée à Lyon 2. Ces structures sont surtout des copies d’Assas-Patriote.

Lyon 2 Patriote a été agréée par l’ancienne direction de Lyon 2. Ce qui veut dire qu’elle fait partie du listing officiel des associations et peut accéder à différentes ressources (locaux, financements…).

Élue au printemps dernier, la nouvelle présidente de l’université Lyon 2, Nathalie Dompnier, annonçait qu’elle allait se pencher sur cette question puisque l’agrément est à renouveler chaque année.

Parmi les projets de Lyon 2 Patriote : « Fédérer les patriotes, les souverainistes et les identitaires » ou « Défendre la souveraineté et l’identité françaises ».

Pour l’instant, hormis une distribution de tracts contre le mouvement des étudiants étrangers, l’association Lyon 2 Patriote s’est faite très discrète dans cette université réputée « de gauche ».

Il y a eu ni les « conférences » ni les « campagnes » promises dans leur projet. Et aucune liste n’a été présentée aux élections étudiantes.

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L’entrée de l’université Lyon 3, site de la Manufacture des tabacs. C’est là que le GUD était posté avec Lyon 3 Patriote le matin du 5 septembre © DD/Rue89Lyon.


A Lyon 3, une « tolérance zéro pour l’extrême droite »

A Paris-Assas comme à Lyon 3, le GUD appuie « l’Union des Etudiants patriotes ». La distribution de tracts de Lyon 3 Patriote, ce lundi 5 septembre, aux côtés du GUD révèle les liens évidents entre les deux structures.

Pour la police, qui a procédé à l’interpellation des agresseurs du prof et aux contrôles d’identité d’une vingtaine de militants d’extrême droite, Lyon 3 Patriote est une excroissance du GUD. Mais pas que. On retrouve aussi des militants du mouvement royaliste l’Action française, reformée à Lyon l’an dernier.

A Lyon 3, comme à Paris-Assas, l’extrême droite radicale tente de revenir dans une université historiquement marquée par une forte présence de l’extrême droite, notamment parce que ses figures, comme Pierre Vial et surtout Bruno Gollnisch, y enseignaient.

Et ce n’est pas la première fois que le GUD tente, sous couvert d’un autre nom, de pénétrer dans l’université Lyon 3. En 2011, c’était « l’Union Défense de la Jeunesse » (UDJ). La technique du faux-nez est donc connue, comme l’a confirmé le piratage par les Antifanonymous des boîtes mails et blogs de différents dirigeants du GUD.

Sous cette appellation d’UDJ, les « gentlemen fascistes » (comme ils se surnomment) avaient demandé leur référencement à Lyon 3 en octobre 2011. Cela leur avait été refusé.

À l’époque, le directeur général des services nous expliquait :

« Nous affichons une tolérance zéro pour ce courant de pensée. Leurs valeurs n’ont rien à voir avec l’université ».

Aujourd’hui, l’université Lyon 3 tient le même discours, par la voix de la directrice de la communication Eugénie Binet, contactée par Rue89Lyon :

« Nous n’avons pas reçu de demande de référencement pour Lyon 3 Patriote. Si une demande est déposée, le président Jacques Comby s’y opposera et en portera les responsabilités. »

Une plainte va être déposée par la direction pour usurpation du logo de l’université par Lyon 3 Patriote.

Une demande de retrait de l’agrément

Dans un communiqué délivré le 19 septembre, le syndicat FSU et 16 autres organisations de gauche (de SOS Racisme à la CGA en passant par SUD et Attac) « rappellent leur soutien à toutes les victimes de l’extrême droite » et demandent aux universités Lyon 2 et Lyon 3 « de retirer leur agrément aux associations « Lyon 2 Patriote et Lyon 3 Patriote » (sic) :

« [Ces associations] qui ont démontré leur but : servir de « vitrine » au sein de leurs universités pour des groupes violents aux idées fascisantes ».

Rappelons que Lyon 3 Patriote n’a pas déposé de demande d’agrément auprès de la direction de l’université.


#Faux-nez

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