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Frais de taxi à la Région : Laurent Wauquiez balance un Scud à ses prédécesseurs

Voilà un rapport commandé par Laurent Wauquiez qui remplit bien son office. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de le faire fuiter par goutte, dans une presse locale choisie.

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Frais de taxi à la Région : Laurent Wauquiez balance un Scud à ses prédécesseurs

Le document rendu par le cabinet Ernst & Young plonge notamment dans la gestion passée de la région Rhône-Alpes, par les équipes du socialiste Jean-Jack Queyranne. Cette fois, ce sont les chiffres sur les frais de taxi des élus de la Région qui ont été sortis dans l’hebdo satirique Les Potins d’Angèle.

Trois écologistes se trouvent dans le top 5 des élus ayant le plus emprunté le taxi aux frais de la Région. Avec Alain Chabrolle en tête, qui a déclaré 229 courses pour un coût total de 26 005 euros. En 2014, il avait pris la première place du classement avec 30 726 euros de frais de taxi.

Celle qui fût vice-présidente à la Culture en Rhône-Alpes, l’élue de Décines Farida Boudaoud (exclue du PS), arrive en tête du classement 2015, avec 256 courses pour un total de 29 071 euros. Suivent des élus d’Isère et de la Loire, qui ont fini par utiliser davantage les voitures de la Région et parfois en covoiturage après s’être fait taper sur les doigts par Jean-Jack Queyranne.

« Fière de rentrer dans ce classement »

Farida Boudaoud (photo compte Twitter).

Farida Boudaoud, aujourd’hui conseillère régionale dans l’opposition, n’a pas tardé à réagir. Elle a demandé un droit de réponse aux journaux ayant relayé l’info, qu’elle a également fait suivre via un communiqué. Dans son texte, elle prend le contre-pied de l’accusation, estimant que ses nombreuses notes de taxi montreraient l’amplitude de son travail :

« Je faisais partie d’un exécutif très actif. J’ai été vice-présidente à la Culture et à la lutte contre les discriminations de 2010 à 2015. Tout au long de mon mandat, ma priorité a été d’aller à la rencontre des acteurs sur toute la région.

Ces 256 trajets en taxis cités (qui s’inscrivaient dans le cadre d’un marché public passé avec la Région, je tiens à le préciser) sont tous justifiés par une représentation de la Région. »

Farida Boudaoud explique avoir effectué au total 320 déplacements sur l’année 2015 -dont la majorité en taxi, donc. Avant d’ajouter :

« Avec un tel record de déplacements, je peux même dire que je suis fière de rentrer dans ce classement. »

Par « taxi », il faut en fait entendre voiture du pool réservé à la Région ou encore voiture de TCLO, société qui a remporté le marché public de service de déplacements des élus. Il ne s’agit pas de taxis hélés dans la rue. Dans l’entourage de l’élue, on explique que son agenda « était chargé » et que le recours aux voitures n’était pas nécessairement décidée par la vice-présidente elle-même.

Au PS, beaucoup rejettent le comportement de leur ex-camarade. Un collaborateur d’élu PRG se moque sur les réseaux sociaux :

« Prenez une calculatrice et le calendrier, on est à 100 euros de taxi par jour, samedi-dimanche compris, une fois retirés les deux mois d’inactivité. Et ensuite chut. Mais vraiment chut quoi. Aucun travailleur ne peut entendre ce discours ! Qu’elle fournisse son agenda. »

Agnès, Guy, Farida… La même histoire ?

Les notes de taxi et les frais de déplacements des élus ou personnalités à la tête d’institutions publiques posent régulièrement question. Il y a peu, ce sont celles empilées par Guy Walter, à la tête de la Villa Gillet, et révélées dans un rapport de la Chambre régionale des comptes, qui ont fait tousser ; avec les frais de restaurants et de téléphones, elles ont atteint 57 000 euros en 2013.

Tout a été justifié par le directeur de la Villa Gillet, structure culturelle à laquelle Laurent Wauquiez a toutefois coupé une grosse partie des subventions (le festival Mode d’emploi ne pourra donc plus avoir lieu).

Contrairement à Agnès Saal, qui a fait utiliser son compte « taxi » par son fils lorsqu’elle en bénéficiait à la tête de l’Institut national de l’audiovisuel (40 000 euros de notes de taxi en dix mois, dont 6 700 euros imputables à son enfant). Elle a d’ailleurs plaidé coupable, notamment pour cette « somme familiale ».

Parmi les explications, on a entendu que le « taxi était son deuxième bureau ». Un lieu de travail, d’échanges avec les collaborateurs, de rédaction. Au-delà du cas d’Agnès Saal, la justification qui consiste à dire que « les déplacements sont nombreux, qu’ils doivent être efficaces », peut-elle s’entendre pour les personnalités aux responsabilités ?

Ces dépenses de taxi renvoient dans tous les cas une image négative, celle de nantis qui se donnent peu de mal et qui auraient accédé au pouvoir dans le quasi seul but de profiter de conforts (nécessaires ou non) mis à leur disposition. Chose que Laurent Wauquiez sait ; dès le début de son mandat, le président de région Les Républicains a juré qu’il donnerait les preuves d’une « gabegie financière » dans laquelle son prédécesseur se serait vautré, à grands coups de frais inutiles voire « scandaleux ».

> Mise à jour lundi 18 juillet à 23h avec les explications sur le type de voitures utilisées par les élus de la Région.

> Mise à jour mardi 19 juillet à 22h avec les réactions au sein de la gauche.

 


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