Contrairement à ce qu’annonçait le site Lyon Mag, la fin de la grève n’a pas été votée mardi à la raffinerie de Feyzin.
C’est un peu plus complexe que ça.
Répondant à un appel de la CGT et FO, une partie des employés de Total Feyzin ont voté il y a quatre semaines l’arrêt de la production de carburant qui s’est faite en deux temps, notamment pour des raisons de sécurité.
Selon FO, majoritaire, il y a environ 80% de grévistes chez les ouvriers postés (environ 300 personnes) et 20% chez les administratifs.
Tout d’abord, mardi 17 mai, les unités ont été mises au minimum technique suite au déclenchement de la grève. Deux jours plus tard, après la 9ème manifestation lyonnaise contre la loi travail, les salariés de la raffinerie Total de Feyzin réunis en AG ont voté l’arrêt de la production. Et le lendemain, le processus pour stopper le raffinage a commencé.
Ce lundi 6 juin, une nouvelle AG de 120 grévistes a décidé de poursuivre le mouvement « au moins jusqu’à vendredi », selon la CGT et FO, à la quasi unanimité (3 votes contre).
Parallèlement, la direction a organisé un vote lundi et mardi auprès de l’ensemble des salariés (ouvriers postés et administratifs).
Selon l’AFP (via 20 minutes) qui cite la direction de Total, 80% serait en faveur d’une reprise d’activité.
Le porte-parole de Total cité par l’AFP a précisé que 250 salariés se sont prononcés en faveur de la reprise du travail, sur 292 votants. En tout, 470 salariés étaient en capacité de voter parmi les 600 membres du personnel. Et la direction Total affirme :
« Compte tenu de ce résultat sans ambiguïté, la direction va passer dans la foulée les consignes de redémarrage du site ».
Mais c’est aller un peu vite en besogne que d’annoncer la fin de la grève et la reprise du travail.
Ce vote a en effet été ignoré par les principales organisations syndicales (FO et CGT) et par une majorité de grévistes, comme nous l’explique Frédéric Seguin, secrétaire FO du comité d’entreprise :
« Ce vote ne concerne pas les personnes qui sont grévistes depuis le départ. C’est du pipeau ».
Bref, s’il n’y a pas assez d’ouvriers pour tourner les robinets, il y a peu de chance que le raffinage reparte.
Pascal Lagrue, secrétaire départemental FO, dénonce une « manipulation médiatique » et veut voir le côté positive de cet épisode :
« Si le gouvernement et Total en sont à ce point-là de manipulation et désinformation, c’est qu’ils sont proches de céder ».
Mais après une première semaine de ruée sur les stations-services, la pénurie ne semble plus à l’ordre du jour :
« Les pétroliers ont du stock et pour éviter de puiser dedans, ils ont même augmenté les importations en provenance d’Italie, de Suisse et d’Allemagne », affirme Jacques Lacaille de la Fédération nationale des industries chimiques ce mardi soir.
Grève reconductible depuis plus d’une semaine à la SNCF
Depuis le 31 mai, la SNCF est également concernée par une grève illimitée puisque la CGT-Cheminots (majoritaire à la SNCF) a déposé un préavis de grève reconductible « pour peser dans la phase finale de négociations sur les conditions de travail des cheminots ».
Bien que les négociations soient terminées, la CGT, FO et SUD-rail appellent à continuer la grève.
SUD-rail (3ème organisation) estime notamment que ce projet d’accord sur l’organisation du travail à la SNCF « ne reprend pas les revendications des cheminots en grève ».
Dans la région, la direction de la SNCF annonce pour ce mercredi un trafic en légère amélioration. A titre d’exemple : de Lyon à Chambéry, Ambérieu, Genève, un TER sur deux alors qu’il n’y en avait qu’un sur quatre les jours précédents.
La grève cheminote est amenée à durer du fait même de la nature de ce mouvement, comme l’explique Sébastien Gillet de Sud-Rail Lyon :
« C’est une double lutte contre le projet d’organisation du travail à la SNCF et contre la loi travail. Oui, on bloque les trains du quotidien. Mais il faut rappeler que quand on fait grève, on ne gagne pas d’argent alors qu’on se bat pour l’ensemble des salariés de ce pays ».
Depuis une semaine, les cheminots multiplient les actions et manifs spontanées pour donner de la visibilité à leur grève.
« Pas de grève par procuration »
La grève semble ancrer dans les raffineries et à la SNCF, « au moins jusqu’à la manifestation nationale du 14 juin », disent les organisations syndicales.
Mais Pascal Lagrue, le secrétaire départemental FO, ne veut pas de « grève par procuration » :
« Alors que 80% de l’opinion publique est contre la loi travail, pourquoi il n’y a pas suffisamment de grévistes ? On ne peut que remercier les secteurs comme le rail et les raffineries. Mais on ne voudrait pas que certains secteurs fassent grève par procuration ».
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