#Éditorialiser : tel est le maître mot (hashtag ?) revenant dans la bouche des concepteurs de Nuits sonores, Vincent Carry le directeur et Pierre-Marie Ouillon, l’un des programmateurs, ces derniers jours.
À force de penser la presse de demain lors des dernières éditions de l’European Lab, les voilà concevant leur festival imaginatif comme un journal : tels des rédacteurs en chef, en thématisant, en éditorialisant.
Force est de constater quelques évolutions dans cette ligne éditoriale, la première étant une prise de risque et sûrement le fruit d’une mûre réflexion : à l’heure où la techno est partout dans le monde, qu’elle remplit clubs et festivals avec le moindre DJ, à commencer par Lyon où il est devenu difficile de danser sur un autre style de musique, eh bien Nuits sonores prend le contre-pied et, tout en persévérant dans un positionnement rock qui a toujours fait partie de son ADN, s’ouvre désormais en très grand à la sono mondiale.
Afrique 2.0
Oh, il y avait bien eu des incursions : on se souvient des sénégalais de Jeri Jeri, géniaux mais un peu perdus au milieu des platinistes, en 2013. Cette fois, le vendredi, une halle entière sera dédiée à l’Afrique 2.0 : de Konono n°1 à Mbongwana Star (réunion d’anciens Staff Benda Bilili et de Doctor L), le Congo sera à l’honneur en version live. Les deux berlinois de Africaine 808, géniaux dans leur manière de malaxer le dancefloor façon pimenté, seront sur la même affiche – comme une autre paire qui s’est fait sa place sous les baobabs de la nuit parisienne, Pouvoir Magique, représentants de la bande Mawimbi. Auntie Flo se chargeant de clôturer la nuit.
Israël et Palestine se côtoient
La même halle le lendemain voyagera du côté du Moyen-Orient, faisant se côtoyer merveilles d’Israël (A-Wa) et de Palestine (47Soul) avec l’électro chaabi égyptien de Islam Chipsy & EEK et les trouvailles du bassin méditerranéen de l’espagnol DJ K-Sets, autre digger de l’impossible. Deux nuits colorées complétées par des propositions éparses (la nueva cumbia de Las Yegros dans le parcours du jeudi) qui pourraient, espère-t-on, influencer la nuit locale vers plus de diversité à l’avenir.
La techno n’en est pas pour autant totalement absente, mais plus discrète : Max Cooper clôturera la Halle 1 le samedi soir, mais cette scène sera largement rock le reste de la soirée (les locaux Last Train, The Coathangers d’Atlanta, la brit pop de Palma Violets et même le nouveau projet new wave de The Hacker, Amato Live). Autre gros point de rendez-vous en ce samedi : la Halle 2 métamorphosée en temple de la house, en Paradise Garage idyllique, avec la légende Lil Louis décidément de retour au plus haut niveau, l’échappé de chez Concrete, S3A, et enfin le merveilleux et hédoniste DJ Harvey.
Parmi les autres noms remarqués, James Holden en live avec le percussionniste Camilo Tirado (vendredi, Halle 2) comme les autrichiens de Elektro Guzzi ou Moderat la veille confirment une autre tendance lourde de cette édition, déjà largement entrevue sur la programmation des NS Days : l’accent est mis sur les concerts plus que sur les DJ sets. Même si c’est à l’un des meilleurs manieurs de platines qu’est confiée l’inauguration du mercredi, Michael Mayer, emmené dans les valises du C/O Pop de Cologne qui sera l’un des deux festivals invités via We Are Europe.
Pour le grain de folie supplémentaire, on comptera sur le crew Garçon Sauvage investissant la Halle 3 le mercredi : de Peaches à Khing Khan, l’autre hashtag pour conclure sera #déjanté.
par Sébastien Broquet sur Petit-Bulletin.fr

Rue89Lyon est menacé ! Enquêter sur l’extrême droite, mettre notre nez dans les affaires de patrons peu scrupuleux, être une vigie des pouvoirs politiques… Depuis 14 ans, nous assurons toutes ces missions d’utilité publique pour la vie locale. Mais nos finances sont fragiles. Nous avons besoin de 30 000 euros au 16 avril pour continuer d’être ce contre-pouvoir local l’année prochaine.
En 2025, nous faisons face à trois menaces :
- Un procès-bâillon : nous allons passer au tribunal face à Jean-Michel Aulas, ex-patron de l’OL qui nous attaque en diffamation.
- Des réseaux sociaux hostiles : Facebook, X, mais aussi Google, ces plateformes invisibilisent de plus en plus les médias indépendants en ligne.
- La montée de l’extrême droite : notre travail d’enquête sur le sujet nous expose et demande des moyens. Face à Vincent Bolloré ou Pierre-Edouard Stérin qui rachètent des médias pour pousser leur idéologie mortifère, notre média indépendant est un espace de résistance.
Pour toutes ces raisons, nous avons besoin de votre soutien : abonnez-vous ou faites un don à Rue89Lyon !
Chargement des commentaires…