Mais dans ces quelques jours, beaucoup de choses ont eu le temps de se dérouler, alimentant un véritable suspense pour la nouvelle région Auvergne Rhône-Alpes.
Tout d’abord, vous pouvez retrouver toutes les propositions programmatiques des trois candidats
- Christophe Boudot (FN)
- Jean-Jack Queyranne (PS, PRG, EELV, PC, FG)
- Laurent Wauquiez (LR, UDI, Modem)
via l’appli réalisée par notre partenaire Voxe.org.
Avant de plonger dedans, on vous propose de refaire le point sur les petites nouveautés que l’entre-deux-tours ont apporté à ces élections.
1/ Laurent Wauquiez traité de « guignol » par le candidat FN
C’est l’une des petites surprises qu’offrent les débats, comme une petite gifle qui réveillerait le téléspectateur à demi endormi.
Tandis qu’ils se menaient sur le plateau de France 3 Rhône-Alpes de manière à peu près courtoise, les échanges ont été tout à coup plus vifs, à l’initiative de Christophe Boudot qui a décidé de traiter Laurent Wauquiez de « guignol », comme ça, sans prévenir, par-dessus la table immaculée.
Le candidat de la droite et du centre a commencé par rire mais sa jambe n’a cessé de trembler. Puis il a décidé de revenir sur l’insulte et de signifier le dérapage verbal à son adversaire. Christophe Boudot a daigné rectifier le tir en disant qu’il retirait « guignol » pour le remplacer par « fanfaron ». Voilà-voilà.
S’il a augmenté le nombre de voix amassées par son parti dans les deux régions Auvergne et Rhône-Alpes entre les dernières régionales de 2010 et celles de 2015, le candidat FN sait qu’il reste peu visible par rapport aux têtes d’affiche de son parti ; il se voit simplement « apporter sa pierre » au projet de « faire une France du Front national ».
Vous pouvez retrouver ci-dessous et dans son intégralité le débat de France 3, très instructif au-delà des insultes, car il permet d’entendre (enfin) les candidats sur leurs visions des deux régions bientôt réunies et de leurs spécificités (ce sera notre point 5).
2/ Laurent Wauquiez lorgne sur l’électorat FN
Le sondage IFOP (pour Le Progrès), réalisé auprès de 1088 personnes du 8 au 10 décembre, montre un scrutin extrêmement serré pour ce second tour. Il donne toutefois Laurent Wauquiez vainqueur, avec 38% des voix, talonné par Jean-Jack Queyranne crédité ici de 37% des voix.
De quoi réjouir le premier, qui a déclaré que « les électeurs aspirent au changement » et que « le seul bulletin du changement dimanche prochain est celui de [son] équipe ».
Mais pas de quoi alarmer le second, qui se voit quand même remporter les élections après un coude-à-coude : « ce sondage n’est évidemment pas le résultat du vote de dimanche prochain. Tout sondage comporte une marge d’erreur et nous savons que le résultat sera serré. Rien n’est joué et nous l’emporterons au sprint. »
En effet, le candidat de la droite donné largement gagnant par les sondages il y a encore quelques semaines n’a dans les faits pas de réserve de voix entre ces deux tours, contrairement à Jean-Jack Queyranne (le point suivant). Mais Laurent Wauquiez compte sur la dynamique qui lui a été très favorable au premier tour, et sur un taux d’abstention moins fort (il était de 51% au premier tour).
Il imagine certainement aussi pouvoir prendre quelques voix au Front national, chez des électeurs qui renonceraient au candidat Christophe Boudot pour, dans tous les cas, faire barrage au candidat socialiste.
Pour cela, Laurent Wauquiez ne lésine pas sur les moyens et a même produit dans cet entre-deux-tours un tract très proche visuellement de ceux du FN, avec des thématiques nationales chères au parti de Marine Le Pen et qui n’ont rien à voir avec les compétences de la région.
Il a été repéré et repris sur le blog d’un élu socialiste, nous le reproduisons ci-dessous :
3/ Jean-Jack Queyranne et sa gauche pourraient-ils gouverner ensemble ?
Le candidat socialiste, à l’issue du second tour, est tombé d’accord avec les listes situées à sa gauche, en possibilité de fusionner. Il conduit désormais une liste multi-partis avec, notamment, les communistes et les écologistes.
Ci-dessous un graphique présentant les nouveaux rapports de force à l’issue du premier tour :
Les reports de voix ne sont bien sûr pas automatiques et le sondage IFOP montre que l’issue du scrutin est encore complètement incertaine.
Ses adversaires dénoncent des « petits arrangements de places » d’entre-deux-tours. Jean-Jack Queyranne ayant connu quelques déconvenues durant son précédent mandat avec les élus écologistes faisant partie de sa majorité, ses adversaires estiment que cette alliance ne permettrait pas une bonne gouvernance de la région.
4/ Des recours qui se préparent, « au cas où »
En cas de victoire du candidat de la droite et du centre, les équipes de Jean-Jack Queyranne voudraient avoir les moyens de contre-attaquer. Ils se sont munis de quelques billes, et les ont même envoyées à la presse.
En amont du premier tour, l’équipe de campagne avait même annoncé le lancement de recours pour « détournement de données publiques ». Elle pointait, entre autres, l’utilisation d’un fichier de mails appartenant à la chambre régionale d’agriculture pour un envoi massif de messages de la part de l’équipe « Wauquiez 2015 ».
Un mail compromettant a même circulé, rédigé par Jean-Claude Fory, maire de Vals-les-Bains en Ardèche et deuxième sur la liste de Laurent Wauquiez dans ce département, qui demande ce qu’il peut faire de ce fichier.
Voys pouvez consulter les échanges entre Jean-Claude Fory et Valérie de Sutter ici : Mail LR.
« Nous faisons une conférence téléphonique tous les matins à 8h avec Valérie de Sutter et, à cette occasion, elle m’a signifié qu’il ne fallait absolument pas utiliser ces fichiers. Sachez que l’équipe de Laurent Wauquiez est d’une précaution extrême sur les moyens à utiliser dans une campagne », a déclaré Jean-Claude Fory à LyonMag.
Les agriculteurs de la région ont pourtant bien reçu la propagande de campagne par mail.
Ce jeudi, c’est Slate qui publiait un article évoquant un message préenregistré du candidat de la droite, reçu par téléphone par de nombreux électeurs. La technique du « robocall » est très encadrée, elle a évidemment suscité de fortes protestations de la part des candidats de gauche.
5/ Un faire-part de mariage, pour l’Auvergne et Rhône-Alpes
Vous votez pour élire le président d’une toute nouvelle entité… qui ne verra en réalité le jour qu’au 1er janvier 2016. Auvergne Rhône-Alpes, que l’on appelle déjà #Aura (alors que le nom n’a pas été encore officiellement donné), comptera 13 départements et environ 7,7 millions d’habitants.
La nouvelle collectivité sera donc presque aussi peuplée que la Catalogne ; elle accédera au sixième rang européen si l’on considère son PIB, qui sera de 230 milliards d’euros.
Quelle cohérence pour ce vaste territoire ? Laurent Wauquiez se voit bien s’appuyer sur les communes pour la gouverner, un projet jugé « clientéliste » par son adversaire Jean-Jack Queyranne qui, lui, veut continuer à développer les maisons de région déjà initiées en Rhône-Alpes.
Christophe Boudot, lui, se verrait comme un « coordinateur de départements », à qui il laisserait volontiers une grande part des compétences, dans le but notamment de détourner la collectivité Région de l’Europe.
A noter : pour parler plus avant avec vous de ce mariage territorial, Rue89Lyon vous prépare une petite appli, qui sera publiée la semaine prochaine. #teasing
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