Laurent Wauquiez, pour Les Républicains, Christophe Boudot, pour le Front national ont répondu présents, ainsi que Gerbert Rimbaud pour Debout La France (ex-Debout La République).
Romain Vallet raconte.
Un journaliste de Valeurs actuelles pour le débat
Environ 800 personnes sont venues entendre les trois candidats, selon le calcul des organisateurs. Une estimation qui, à vue de nez, semble tout à fait crédible.
Le journaliste-modérateur qui ouvre la soirée ne manque pas de rappeler les noms des absents (copieusement hués et dont vous avez la liste en bas d’article). La Manif Pour Tous, qui ne rate jamais une occasion de dénoncer le « lobby LGBT », ne cache pas ce soir vouloir peser sur les décisions des élu-e-s et futur-e-s élu-e-s régionaux, « qui sont des grands électeurs et participeront donc à l’élection des sénateurs » :
« Nous devons rester mobilisés pour que nos idées soient reprises et pour que ceux qui les portent soient dans les premiers de chaque liste. Notre mouvement est loin de s’éteindre. Chaque personne ici doit faire voter dix ou vingt personnes autour de lui ».
Pas de Julien Lepers pour animer ces « Questions pour un président de région », mais un jeune journaliste de 27 ans, Geoffroy Lejeune, rédacteur-en-chef des pages « politique » de l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Il vient de publier aux éditions Ring un premier roman de politique-fiction, « Une élection ordinaire », dans lequel il imagine Éric Zemmour en candidat à la présidentielle de 2017.
Il annonce que chaque candidat, bénéficiera d’une demi-heure pour présenter ses idées et c’est donc Christophe Boudot qui ouvre le bal.
Après une pique adressée à Laurent Wauquiez, arrivé en retard, le candidat du Front national rappelle qu’il a veillé, sur ses listes, à faire de la place aux gens qui se sont engagés dans La Manif Pour Tous, qu’il compte « de nombreuses mères de famille » parmi ses colistières et que, même si certaines d’entre elles travaillent, « mère de famille, c’est un job à plein temps » (une déclaration très applaudie par le public). Il enchaîne par ce qui sera un leitmotiv des trois candidats : une ode à l’enseignement privé, dans lequel sont scolarisés ses trois enfants.
Vive l’école privée et la famille
Christophe Boudot déplore d’avoir à payer deux fois l’école de sa progéniture : une fois par les impôts, une autre par les frais d’inscription.
«La région, explique-t-il, doit être bienveillante à l’égard des écoles hors contrat, pour autant qu’elles fassent la promotion de l’assimilation à la France. (…) »
S’il est élu président de Région, il promet de créer une vice-présidence « pour la famille et la protection des plus faibles, dédiée notamment au handicap, qui est très mal pris en charge en France ».
Il promet aussi et surtout d’ « extirper l’idéologie de la région ». Un exemple de cette infiltration pernicieuse ? La carte M’RA, qui s’adresse aux Rhônalpin-e-s entre 15 et 25 ans.
Si Christophe Boudot reconnaît que les avantages qu’elle apporte aux jeunes dans les domaines de la culture, du sport et des transports sont « de très bonnes choses », il estime en revanche que son volet «contraception et prévention», mis en place pour lutter contre les grossesses non-désirées et les infections sexuellement transmissibles, relève de «l’idéologie» :
« La Région ne doit pas se substituer aux parents ! »
« Ma femme Charlotte »
Après Gerbert Rimbaud, le candidat de Debout la France, c’est Laurent Wauquiez, très attendu, qui prend la parole.
Devant une salle chauffée à blanc, le maire Les Républicains du Puy-en-Velay confie avoir traversé une courte période de doute. Deux personnes, dit-il, l’ont finalement aidé à prendre position : le député de l’Ain Xavier Breton, qui lui a recommandé de suivre ses convictions plutôt que son intérêt politique, et sa femme Charlotte qui, contrairement à lui, n’est pas croyante mais estime que «cette loi fait du mal et ne va pas dans la bonne direction».
Depuis, il déclare :
« Je n’ai jamais dévié et je ne dévierai jamais ! Il faudrait mettre de l’eau dans le vin, me dit-on, mais je ne le ferai pas !»
Après avoir ainsi montré patte blanche au public, Laurent Wauquiez expose sa vision de la politique, devenue « trop technique » et à laquelle seules les « valeurs » pourront apporter un nouveau souffle.
Sans craindre de flirter avec la démagogie, il veut, dit-il, « fédérer la majorité silencieuse qui en a marre de ces donneurs de leçons qui nous disent sans arrêt ce qu’on a le droit de dire et de penser ».
Et celui qui fut ministre clame sa conviction que «rien ne changera à partir de l’échelon national : le changement viendra du local».
Il promet «une région qui aide l’apprentissage et les enfants, qui investit» et chante lui aussi les louanges de l’enseignement privé, «qui assure une mission d’ascenseur social au même titre que l’enseignement public». Ses enfants, rappelle-t-il, sont d’ailleurs scolarisés dans une école catholique du Puy-en-Velay.
« Quand on peut garder la famille unie, il faut le faire »
Comme les deux adversaires qui l’ont précédé à la tribune, il estime que la famille est menacée mais développe pour sa part une vision proche de «l’écologie intégrale» prônée par le pape François :
« Aujourd’hui, on défend l’écologie, la nature, le développement durable, les plantes, les animaux… Et l’homme, dans tout ça ? On est prêt à détruire notre conception séculaire de la transmission et de la façon dont l’être humain lui-même a été créé. Il faut mettre la même ardeur pour défendre la famille qu’on en met actuellement pour le climat à l’occasion de la COP21 ».
Et pour cela, rien de tel que la réaffirmation du modèle le plus traditionnel :
« Soyons lucides : oui, la famille a changé. Mais je dis aux législateurs : est-ce votre rôle d’enregistrer ces changements en adaptant la loi au fur et à mesure ? Parce que si tel est le cas, vous ne servez à rien ; vous ne faîtes que suivre les évolutions de la société sans développer votre propre vision de la famille. Bien sûr, il existe des familles divorcées, des parents célibataires… Mais quand on peut garder la famille unie, il faut le faire ».
Interrogé par Geoffroy Lejeune sur les politiques concrètes qu’il compte mettre en place au niveau de la région s’il est élu le 13 décembre, Laurent Wauquiez se fait soudain beaucoup plus flou, tente une blague pour gagner du temps, sort les rames et repart bien vite dans des visions générales.
Manquaient donc à cette soirée les candidats suivants : Jean-Jack Queyranne (actuel président socialiste de la Région), Cécile Cukierman pour les communistes, Alain Fédèle (Union Populaire Républicaine), Chantal Gomez (Lutte Ouvrière), Jean-Charles Kohlhaas (Europe Écologie Les Verts et Parti de Gauche notamment), Éric Lafond (Nous Citoyens).
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