Projet contre projet ? On n’y est pas encore tout à fait. Jean-Jack Queyranne n’était pas peu fier ce jeudi d’annoncer qu’il dégainait “le premier”, une série de propositions qui doivent voir le jour dans un éventuel troisième mandat.
On relèvera :
- l’idée de transports gratuits pour tous les lycéens -en dehors de ceux des grandes villes qui empruntent des transports non pas gérés par la Région mais par des syndicats prestataires tels que le Sytral,
- celle de lancer un « Airbus de la microélectronique« , projet discuté avec François Hollande la semaine dernière, en tête-à-tête.
- l’envie d’augmenter le tourisme de 20% dans la nouvelle grande région,
- celle de passer de 48 000 apprentis à 60 000 d’ici 2020.
Survolant un document d’une cinquantaine de pages pendant son point presse, l’actuel président socialiste a surtout tenu à placer le débat sur le terrain des valeurs, se plaçant comme le porteur d’un humanisme social, en opposition à des propos très droitiers tenus par le député-maire Les Républicains.
Pour autant, les sondages placent toujours Laurent Wauquiez vainqueur de ces élections. Celui de bva estime qu’il pourrait être en t^te à l’issue du premier tour avec 35% des voix, devant un Jean-Jack Queyranne crédité de 24% des voix. Le FN le talonnerait avec 21,5% des voix. La liste « Rassemblement » (EELV, Parti de gauche, Nouvelle Donne) n’obtiendrait que 8% des voix ; les communistes pourraient en prendre 7%, dans ce schéma de projections.
Bientôt, une appli sur les programmes des candidats
Le candidat de la droite, sachant que son adversaire avait déroulé quelques propositions le matin-même, ne s’est pas senti dans l’obligation d’en sortir à son tour au moins deux ou trois nouvelles, à midi, devant la presse réunie autour d’un poisson en sauce.
Chez Laurent Wauquiez, c’est pour le moment :
- la priorité à la sécurité dans les TER ;
- la formation de médecins pour la nouvelle grande région qui en manquerait cruellement ;
- faire un campus dédié au numérique dans les bâtiments de l’ancien siège de la Région à Charbonnières.
- Mais aussi mettre en place une préférence régionale dans le choix des entreprises prétendantes à un marché public de la Région. Concept illégal au regard du code des marchés publics et de l’ouverture exigée par l’Europe, mais que Laurent Wauquiez compte emballer dans du “papier cadeau avec des gros rubans rouges”, afin de le faire passer juridiquement.
Un point commun pour les deux candidats : ils promettent tous les deux de sanctionner financièrement les élus de la Région qui seraient tentés par l’absentéisme ou qui ne mettraient pas de coeur à l’ouvrage.
Tous les deux ont même promis la même chose : « une charte éthique » à laquelle devront adhérer les élus pour la gouvernance de cette Région.
Comment désenclaver la région Auvergne, comment favoriser les échanges entre les villes des deux territoires, comment créer une cohésion territoriale. Là-dessus, pas un mot. Peut-être qu’en s’adressant à des journalistes lyonnais, les candidats n’imaginent pas que le sujet puisse les intéresser.
D’ici le 6 décembre prochain, date du premier tour des élections, Rue89Lyon proposera, autant que possible et avec la matière fournie par les équipes de campagne, une application permettant de connaître le détail des programmes de tous les candidats. Sur le modèle de ce qui avait été fait à l’occasion des élections municipales de 2014.
Cumul des mandats, ambition personnelle et hamster à queue
“La Région, c’est un temps plein, pas un tremplin”. C’est une petite phrase qu’un collaborateur d’élu a suggérée à l’équipe de campagne de Jean-Jack Queyranne. Car il s’agit de l’un des principaux reproches fait au “jeune loup” du parti Les Républicains, à qui on attribue une ambition sans limite.
On prête souvent à Laurent Wauquiez l’envie d’être maire de Lyon, ou encore celle de se présenter un jour à des élections présidentielles, après s’être frotté à une collectivité Auvergne Rhône-Alpes de taille conséquente. Mais tous les indices négligemment laissés aux journalistes sur son passage, afin qu’ils s’en saisissent dans leurs articles, appartiendraient au passé.
“Oui, j’ai 40 ans et il y aura nécessairement un après”, a-t-il lâché ce jeudi avec une sincérité plutôt désarmante.
Laurent Wauquiez a décidé de dire qu’il avait changé. Pile poil avant ces élections. C’est dans le magazine people Closer qu’il a déclaré cette semaine :
« A un moment, j’ai perdu mon âme. J’étais obsédé par le fait de monter vite, de séduire le cercle médiatique et politique. Le danger […] serait de n’être dicté que par l’ambition, et j’ai donné dans le registre. »
Si ce n’est pas du mea culpa, ça.
Tandis que l’actuel président socialiste a juré qu’il ne cumulerait aucun mandat s’il conservait son fauteuil, Laurent Wauquiez n’a pas été aussi catégorique.
“Je ne serai pas ministre” a-t-il déclaré, en cas de victoire de la droite en 2017. En revanche, son mandat de député lui semble nécessaire, pour parvenir à faire entendre sa voix d’éventuel président de région auprès des instances nationales centralisées. Occasion de tacler Jean-Jack Queyranne, un “inconnu”, selon lui, qui n’a pas de poids politique” à Paris.
Pour Jean-Jack Queyranne, l’adversaire de droite reste un menteur. Un candidat “TGV”, avait-il inventé à l’occasion de son propre déjeuner avec la presse, la semaine dernière.
Sur ce ton, tous les deux sont d’accord pour dire que l’autre mène une campagne “négative” (terme employé par Laurent Wauquiez) ou encore “en négatif” (pour Jean-Jack Queyranne).
Une campagne qui ressemble à… “un hamster qui se mord la queue dans sa roue” (pour cette improbable expression, copyright à Laurent Wauquiez).
> Article mis à jour à 9h avec le sondage bva.
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