Laurent Wauquiez (Les Républicains) a lancé sa campagne il y a quelques jours en Haute-Loire et Jean-Jack Queyranne a voulu le point de départ de la sienne comme une réplique. Ce dimanche, à Clermont-Ferrdand, il a révélé son slogan : « Nous, c’est la région ». Des mots choisis qui sifflent comme une flèche lancée en direction de son adversaire de droite et les ambitions trop personnelles qui l’animeraient (« lui, c’est lui-même »).
« Il n’y a pas de fatalité à une victoire de la droite. […] On ne perd que des combats qu’on refuse de livrer », a déclaré Jean-Jack Queyranne en Auvergne.
Un message que ses « amis » lyonnais ont dû entendre de façon toute personnelle. Lyon, ou le lieu de tous les désaccords. Un choix du candidat pour sa liste cristallise les tensions : Jean-Jack Queyranne veut avoir à ses côtés et en très bonne place Farida Boudaoud, sa vice-présidente à la Région exclue du PS pour s’être présentée en candidate dissidente aux dernières municipales, à Décines.
Elle serait même placée devant Caroline Collomb, l’épouse de Gérard Collomb, maire de Lyon et patron du PS local. Pour cette militante bien particulière qui focalise l’attention pour cause de mari régnant, la question ne semble pas réglée. Y va, n’y va pas. Avant l’été, Caroline Collomb aurait dit ne plus vouloir en être et à la rentrée, la réponse reste en suspend.
Bras de fer avec la fédération PS du Rhône
Avec ou sans la « question Caroline », la fédération socialiste du Rhône a décidé de muscler sa position en cette rentrée. Le bureau fédéral a entériné jeudi dernier l’idée de rédiger une note à l’attention des instances nationales du PS, demandant expressément que la liste de Jean-Jack Queyranne affiche 50% de socialistes et… pas de dissident. Si la fédé du Rhône n’obtient pas gain de cause, elle menace de retirer tous ses candidats.
« Les électeurs du Rhône représentent quand même 22% des électeurs de la région Rhône-Alpes », rappelle un militant de Lyon.
Mais le gros coup de pression, pour l’heure, n’existe que dans les discussions enflammées de réunions locales. Aucune note n’a été transmise à Solférino, et aucun candidat du Rhône ne s’est clairement désigné pour quitter, drapé de sa fierté, la liste de Jean-Jack Queyranne en cas de désaccord définitif avec ce dernier. On joue encore beaucoup de flûte chez les socialistes du Rhône.
Dans le lot, Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne, ville qui possède la plus grosse section PS du Rhône, a pour sa part déclaré lors de sa rentrée politique qu’il fallait arrêter les enfantillages et les demandes spécifiques pour se réunir sans plus tarder derrière Jean-Jack Queyranne. « Il est temps », a-t-il dit.
A la soirée de rentrée culturelle de la ville de Lyon, tout début septembre, « la probable défaite aux régionales » a occupé toutes les conversations.
« Tout le monde dit qu’il faut jouer le coup d’après, que là, ce n’est même pas la peine d’y aller », a lâché un élu.
Jean-Jack Queyranne va-t-il devoir faire campagne sans les forces militantes du Rhône et de Lyon, sans l’appui d’élus locaux (très peu ont fait le déplacement samedi en Auvergne et encore moins les plus importants) ? L’actuel président de région s’y prépare sans doute.
Le scénario des municipales se répétera-t-il ?
Le candidat socialiste a pour le moment tenté de démonter consciencieusement les propos de son adversaire de droite, l’accusant de « populisme et de démagogie » ; pointant les erreurs techniques de ses propositions.
Dans la bataille des chiffres, Jean-Jack Queyranne ne pourra pas annoncer un parterre aussi important que celui de Laurent Wauquiez au Mont Mézenc : on a compté 1200 personnes assises au repas du candidat de la droite, quand l’actuel président de Rhône-Alpes a réuni devant lui entre 400 et 500 militants.
Pour l’heure, la campagne repose sur des attaques ad hominem, un ping pong entre les deux hommes. Les équipes de campagne de Jean-Jack Queyranne affirment avoir pourtant « travaillé sur un bilan » (deux mandats à la tête de Rhône-Alpes) qui doit donner, « dans un second temps », de la consistance au propos :
« Des gens ont bossé sérieusement, le bilan est bon, estime-t-on. Mais on dirait bien que personne ne se préoccupera de ça. »
Jean-Jack Queyranne devra par ailleurs traîner comme un boulet la mauvaise image du gouvernement socialiste, comme d’autres avant lui -l’une des raisons de la gifle reçue par la gauche aux élections municipales de 2014. Le président de région n’est pas en reste en la matière, lui-même suscite un rejet chez les ex-partenaires de gauche :
- les écologistes (qui se sont alliés avec le Parti de gauche, Ensemble et Nouvelle Donne) affirment aujourd’hui qu’ils n’envisagent pas une union avec le PS entre les deux tours. Le choix de Jérôme Safar pour diriger la campagne de Jean-Jacques Queyranne a notamment pu être ressentie comme une déclaration de guerre : il a été candidat socialiste acharné aux municipales de Grenoble face à l’écologiste Eric Piolle.
- les communistes, à leur tour, ont voté ce week-end la constitution de leur propre liste.
Dans ce contexte, Jean-Jack Queyranne s’est malgré tout convaincu ce samedi qu’il n’y avait « plus de place pour le doute » ni « pour la résignation ».
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