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Grand Stade : Aulas ne veut pas de concurrence du côté de Gerland

Jean-Michel Aulas, patron du club de foot de l’Olympique Lyonnais, en voudrait-il trop pour son futur joujou ? A priori oui au regard de sa communication récente par Le Progrès interposé avec le maire de la ville Gérard Collomb et Olivier Ginon le patron de GL Events et du club de rugby du LOU. Pas question pour lui de voir se développer autour du stade de Gerland et du club de rugby, une concurrence à son Grand Stade de Décines et aux activités prévues dans et en dehors de l’enceinte.

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Jean-Michel Aulas Président de l'Olympique Lyonnais

Jean-Michel Aulas © Pierre Maier/Rue89Lyon.

Mercredi 26 août, Gérard Collomb s’exprimait (lien payant) dans les colonnes du quotidien régional à l’occasion de sa visites des chantiers de rentrée. Interrogé sur le devenir du stade de Gerland, que l’Olympique Lyonnais va quitter à la fin de l’année, le maire de Lyon a évoqué ses pistes de reconversion. L’une passerait par le basket avec la construction de la « Parker Academy » autour du Palais des Sports et l’autre envisagée depuis quelque temps déjà et objet même d’un accord : l’arrivée du club de rugby du LOU dans le stade de Gerland.

Mais ces derniers temps, cette délocalisation du club de rugby de la ville semblait compromise.

Le LOU a opéré des travaux d’agrandissement de son stade, le Matmut Stadium, certes annoncé comme démontable.

Et dans le même temps, les résultats sportifs du club ne lui permettent pas pour l’heure de s’installer durablement dans l’élite du rugby français. Il évoluera d’ailleurs cette saison de nouveau en Pro D2, la deuxième division en rugby, après avoir terminé bon dernier du Top 14 (première division) la saison passée. Le club vient de faire deux fois d’affilée l’ascenseur.

De plus, l’occupation de l’enceinte sportive s’accompagnerait dans l’esprit du maire d’un développement également de ses abords avec la construction d’autres équipements.

« Tout est ouvert. Même pour des projets sportifs. Il faut une validité économique », estime-t-il.

D’autant plus que ce projet serait porté en partie par l’actuel président du club de rugby, Olivier Ginon, par ailleurs patron de GL Events, dont le métier est justement l’aménagement ou construction de stade et l’évènementiel. La société s’est notamment occupée des aménagements de plusieurs stades de rugby comme ceux de Castres, La Rochelle ou Agen (Top 14).

Aulas et la « terre brûlée »

Il n’en fallait donc pas plus pour que Jean-Michel Aulas mette immédiatement la pression sur Gérard Collomb. Le lendemain, jeudi 27 août, le patron de l’OL se disait « surpris », toujours dans Le Progrès, de la déclaration du maire de Lyon feignant de découvrir les choses :

« Je n’avais pas compris qu’il puisse y avoir un investissement privé sur le dite de Gerland. Je trouve que ce serait assez maladroit dans un contexte de concurrence avec le Grand Stade de l’Olympique Lyonnais à Décines ».

De quoi a peur le président de l’OL ? D’une initiative quasi similaire à la sienne portée par le patron de GL Events et du LOU. Il semble vouloir s’assurer, dans une logique de « terre brûlée », qu’aucun projet concurrent ne puisse se monter autour de Gerland. Pour bien se faire comprendre, il répète plusieurs fois au journal qu’il a investi « 600 millions d’euros » alors il n’est pas question de se retrouver avec de la concurrence à proximité. Pourtant, le projet esquissé pour Gerland semble être d’une ampleur bien moindre pour le moment.

Jean-Michel Aulas avait d’ailleurs auparavant fait savoir qu’il ne souhaitait pas vraiment que le site de Gerland soit dynamisé dans ce sens. Son idée, soumise toujours par média interposé cette fois à Tribune de Lyon, au maire de Lyon était de faire du site un campus universitaire, « d’entreprises et un incubateur technologique ». Une sorte de « Harvard Lyonnais ». Exit donc le stade, « totalement inadapté ». Cette fois encore il en remet une couche :

« Lyon a-t-elle besoin d’un second stade? ».

Olivier Ginon met lui aussi la pression

Ce petit feuilleton de fin d »été à Lyon s’est poursuivi ce vendredi 28 août avec l’entrée en scène publique du troisième larron : Olivier Ginon, toujours dans les colonnes du Progrès. Le patron de GL Events, par ailleurs actionnaire minoritaire de l’OL, veut calmer le jeu et mollement rassurer Jean-Michel Aulas. Pour lui, la concurrence évènementielle ne portera pas préjudice au Grand Stade même si le patron du LOU reconnaît une « compétition » plus importante :

« Je conviens que la compétition sera un peu plus forte avec les sites d’Eurexpo, la Sucrière, le palais des congrès et la Salle 3000. Tant mieux ! Il faut rappeler à tous les opérateurs qu’il faut vendre à l’international et au niveau national sans bagarres locales entre tel ou tel site car ce n’est pas le sujet ! »

Selon Olivier Ginon, le plan d’investissements pour calibrer le stade de Gerland pour les besoins du club de rugby, estimés à 25 000 places, s’élève à « 40 millions d’euros ». Contrairement au Stade des Lumières, il s’agirait, dans l’esprit du patron du moins, d’un « partenariat public privé ».

Olivier Ginon met également en avant la complémentarité entre les deux stades en assurant que le LOU aurait vocation à jouer ses futurs grandes rencontres contre des équipes prestigieuses dans le stade de l’OL. Pour tenter de rassurer, il affirme de ne pas être plus attaché que ça à l’enceinte de Gerland et rappelle à demi-mots que s’il est à la tête du LOU c’est parce qu’on est venu le chercher. Mais si Jean-Michel Aulas s’oppose à un deuxième stade d’envergure à côté du sien (celui actuel du LOU propose 11 000 places environ), Olivier Ginon lui ne voit pas comment faire autrement :

« Si ce n’est pas à Gerland, il faudrait trouver une autre solution mais cela porterait à troisième lieu à Lyon. Est-ce raisonnable ? »

L’attitude de Jean-Michel Aulas peut surprendre tant les projets, celui de Gerland semble encore assez flou, semblent de dimension différente. Pour son futur complexe autour du Grand Stade, Aulas annonce un chiffre d’affaire de départ de l’ordre de 40 à 50 millions d’euros par an pour parvenir à 80 ou 100 millions d’euros. Le projet de 40 millions d’euros à Gerland apparaît comment une paille à côté des 600 millions d’euros investis pour le complexe à Décines. Un site par ailleurs bien plus grand que celui de Gerland. Au vu des investissements effectués, Jean-Michel Aulas semble donc vouloir s’éviter une concurrence qui pourrait ralentir la rentabilisation de son complexe plutôt que craindre qu’elle le mette à mal.

Par ailleurs, les exemples de développement de complexe autour d’un stade de rugby sont rares en France y compris parmi les plus grands clubs. Le Stade Toulousain a développé boutique et brasserie autour de son enceinte, ce qui lui permet de présenter un budget toujours conséquent malgré des résultats sportifs décevants depuis quelques saisons et des rentrées financières à la baisse. Mais rien de semblable au projet du Grand Stade.


#Grand Stade

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Photo : Grégory Macchi.

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