Eh bien, j’avais trouvé la parade, lorsque, encore une fois, je me posais les sempiternelles questions : pourquoi y a-t-il des prisons puisque ceux qui réfléchissent un peu disent qu’elle n’a jamais réussi ses objectifs mis en devanture, à savoir : amender l’infracteur ? Pourquoi existe-t-elle alors qu’on sait parfaitement qu’elle fabrique plus de récidive que de moutons ?
Pourquoi l’écrasante majorité des citoyens se contrefoutent des problématiques carcérales ?
C’est vrai que le judiciaire et son exécutante, la pénitentiaire, est une arme politique pour protéger le riches et les possédants, pour assurer au pouvoir une tranquillité relative face à la contestation des sans grades ou des « sans-dents », même, si à ce jour, ils sont encore plus soumis que d’habitude.
C’est vrai aussi que la punition semble, dans la tête de tous, à quelques exceptions près, un principe pédagogique. Mais cela ne suffit pas à expliquer cette volonté de ne rien savoir sur la réalité d’une taule dans son fonctionnement quotidien. En effet, pourquoi l’écrasante majorité des citoyens se contrefoutent des problématiques carcérales ?
On voit des gens se mobiliser contre les expériences animales dans les laboratoires cosmétiques et pharmaceutiques, on en entend d’autres qui s’insurgent contre l’enfermement des animaux dans les zoo, alors que les prisonniers sont moins bien traités que les bêtes de la SPA.
Je trouvais bizarre que le cœur des gens soit si sélectif. Et puis j’ai lu ce sondage : 70% des gens étaient d’accord avec l’expulsion violente et ignoble des réfugiés de la porte de la Chapelle. Outre que les « Charlie » de janvier sont passés à d’autres émotivités aussi sporadiques qu’éphémères, que l’individualisme a finalement triomphé de la solidarité, j’ai fait le lien en me disant que si les taules existaient c’est parce que la presque totalité des gens la veulent. Ils sont pour l’enfermement. Et plus encore, ils sont d’accord avec l’idée que la prison doit faire souffrir ceux qui ont commis une infraction.
La loi du talion inscrit dans l’inconscient collectif
Voilà la clé qui permet de comprendre que personne ne bouge devant les bourreaux jouissant de l’impunité. En fait la vengeance est entrée dans la norme sociale des populations, la loi du talion est un comportement inscrit dans l’inconscient collectif et y reste ancrée très fortement.
Ce qui se cache derrière l’expression : paye ta dette à la société, c’est : tu vas en chier, c’est normal et c’est bien fait ! Et c’est aussi pour ça que beaucoup croient à l’enfumage de la réinsertion, comme pour déculpabiliser cette vengeance qui les anime. Tout le monde sait que cette réinsertion n’existe pas, qu’elle est une imagerie strictement publicitaire et fantasmatique des services d’État.
Et là, lecteur, tu as beau dire tout ce que tu veux, que la prison empire les choses, que d’autres pays ferment des prisons sans pour autant devenir des territoires à la Mad Max, rien n’y fait. Invoquer la valeur fondamentale de l’humanité, les principes de dignité, l’obligation pour une communauté et sa cohérence d’inclure chacun, même s’il s’éloigne de celle-ci, c’est cracher en l’air.
C’est comme quand j’étais petit à l’école primaire et que deux gars se battaient dans la cour de récréation, le groupe se formait autour en gueulant : « du sang, du sang » avec délice et jouissance et surtout ne cherchait pas à les séparer.
Il suffit de penser aux aficionados de la corrida qui dissimulent leur soif de barbarie derrière la tradition et l’art.
Chacun a la vengeance dans le sang
Voilà, chacun a la vengeance dans le sang, même s’il ne se l’avoue pas et même s’il le réfute. Et cela, c’est bien l’homo sapiens qui l’a inventé, car ce type de réaction est absente chez tous les animaux. Ces derniers se défendent ou attaquent pour se nourrir, mais ils ignorent la vengeance.
Et si la prison est effectivement une vengeance d’état, au sens politique du terme, cette attitude des gens de pouvoir et des dominants s’appuie sur ce terrible constat : le vengeance est un réflexe qui s’est infiltré dans l’esprit de chaque individu en dépit du discours christique.
Pour, non pas redonner, mais donner une actualité à la parabole de la femme adultère, je me demande si ce travail n’est pas, pour le coup, surhumain. « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre » ! On a beau dire, ça a de la gueule, qu’est ce que c’est émouvant, mais bon, ça marche seulement le dimanche, pendant la durée de la messe. La religion est juste une institution qui nous sépare de Dieu.
Alors voila, pour moi, la parade afin de ne pas sombrer dedans : ne pas leur ressembler et me déprendre de cette vengeance. Pointer à moi même cette gangrène lorsqu’elle montre le bout de son nez, non pour lui faire la guerre, car en fin de compte cela reviendrait à juste « l’introverser », si je peux inventer ce barbarisme, mais à la prendre avec douceur, la comprendre et l’apaiser. Et je n’ai, à partir du moment où j’y réussi, en aucun cas besoin ni du pardon des autres, ni de pardonner moi-même pour trouver la paix intérieure.
C’est pour cela que j’ignore la bêtise crasse du facho de service de ce blog qui projette ses propres turpitudes sur les autres et crache son venin à tout bout de champ, comme une turgescence éjaculatoire.
En même temps, il ne s’agit pas de tomber dans le béni ouiouisme. Non, je n’aime pas tout le monde, je fais fonctionner mon discernement face aux salauds et à leurs fans, et je ne vais pas tendre l’autre joue ni courber le dos. Au contraire, je vais résister, plus que jamais et combattre sans faillir. Mais je désire que mon propre comportement et mes sentiments échappent à ce déterminisme parce qu’avant tout, je suis libre !
Et la seule question qui vaille finalement pour lutter contre les prisons, c’est d’interroger chacun en lui demandant : mais pourquoi as-tu envie de te venger ou pourquoi veux-tu être complice de cette vengeance ?
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