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A la fédération PS du Rhône, l’après-Collomb se joue dès maintenant

[Mis à jour] Les militants socialistes du Rhône étaient appelés à voter ce jeudi pour désigner le président de leur fédération. David Kimelfeld, maire du 4è arrondissement, a retrouvé son fauteuil à l’issue du scrutin. Non sans avoir eu à essuyer l’affront d’une habituée des coups d’éclats, une « camarade » de 31 ans, Cécile Michaux, élue dans le 6è et représentante des frondeurs. Elle était l’unique candidate se présentant face à lui. Alors, ça se passe comme ça à Lyon ?

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A la fédération PS du Rhône, l’après-Collomb se joue dès maintenant

David Kimelfeld, lors de la traditionnelle visite de chantiers de Gérard Collomb (septembre 2015).

Qui est le (vrai) patron, par ici ? Pas besoin de tergiverser des heures. Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et président de la Métropole qui, au regard de ses mandats ne peut pas officiellement être la tête d’une fédération partisane, garde e fait un oeil aussi attentif sur sa base militante que sur les territoires qu’il agence.

A quoi sert le président de la fédération, alors ? Il joue le rôle d’une courroie de transmission entre l’appareil et le maire de la ville. Le président de la fédé doit tenir la maison, faire en sorte que tout le monde vote correctement -c’est à dire comme le maire l’a indiqué- aux différents scrutins internes au parti, concernant les motions notamment.

Ni plus ni moins. C’est acquis et peu s’en plaignent de manière ouverte. Ce fonctionnement établi et impossible à remettre en cause peut-il (en partie) expliquer l’hémorragie que connaît la fédération du Rhône, qui a perdu 1000 militants en quelques années, soit un tiers de l’écurie ?

« Ces départs ne sont malheureusement pas spécifiques à la fédération du Rhône », tente de minimiser David Kimelfeld.

Pour l’actuel président de la fédé, la réalité de la base militante du parti est aussi mieux évaluée aujourd’hui « grâce au travail de Jean-Christophe Cambadélis qui tient à être rigoureux là-dessus ». Il voit une explication dans le prix de l’adhésion aussi, qui est plus élevé.

« Cela n’exonère en rien la responsabilité des fédérations », précise-t-il toutefois, n’allant quand même pas jusqu’à ignorer la « déception d’un certain nombre de militants ».

Et ils ne sont pas les seuls déçus. Cécile Michaux elle aussi revient fanée de son observation au plus près de la façon dont l’appareil départemental fonctionne :

« La fédération est d’une grande faiblesse politique et j’y ai vu un désintérêt total de la parole militante. »

De Strauss-Kahn aux frondeurs

Cécile Michaux, élue PS à Lyon.

Ni une ni deux, la voilà se présentant à une élection qui ne devait être à l’origine qu’une formalité. David Kimelfeld a de son côté dû s’étrangler en apprenant la candidature de celle qu’il avait soutenue, en 2012, pour rejoindre les instances cadres de cette fédé qu’il dirige.

Un soutien et une proposition de collaboration alors même que Cécile Michaux a fait part à plusieurs reprises de positions publiques très critiques vis-à-vis du gouvernement, via sa page Facebook notamment, qui lui ont valu d’être tancée par les sergents vigiles de Gérard Collomb (toujours via les réseaux sociaux). Des coups de fil ont même été passés à la députée européenne dont Cécile Michaux a été longtemps l’attachée parlementaire, Sylvie Guillaume, à qui on a demandé de « recadrer la petite », lorsqu’elle s’est exprimée sur l’intervention de la France au Mali.

Et « la petite » en question, militante socialiste depuis 12 ans, s’est alors vue légitime à porter un propos « dans lequel beaucoup de militants sont susceptibles de se reconnaître ». Mais il n’y aura pas eu de campagne ni de débat public. David Kimelfeld nous l’avait indiqué à la veille du vote :

« Je ne souhaite pas m’exprimer à l’extérieur. J’utilise les moyens internes du parti pour parler aux militants. »

L’actuel président de la fédé a donc fait mine d’ignorer ce qu’il voudrait être un non-événement. Pour autant, Cécile Michaux a égratigné les forces établies, à un moment qui lui semble certainement judicieux. En 2020, date des prochaines élections municipales, se posera très concrètement la question de l’après-Collomb. Qui pour tenter de conserver et les rennes de l’appareil et des territoires ? David Kimelfeld est bien souvent vu et désigné comme un successeur naturel, mais d’autres au PS sont sur les rangs et, surtout, 2020, c’est loin.

En attendant, Cécile Michaux pose quelques jalons, en s’attribuant le rôle de porte-voix pour un propos critique qui s’amplifie, face à un gouvernement bien en peine de garder les troupes rangées :

« On me demande souvent comment j’ai pu passer de Strauss-Kahn à la motion des frondeurs. Mais je n’ai pas le sentiment d’avoir changé de discours : on continue à dire ce qu’on portait déjà il y a dix ans. J’ai en revanche le sentiment d’avoir vu glisser le parti à côté de moi. »

Dans le Rhône, cette conseillère municipale du 6è (où elle est élue non indemnisée dans l’opposition, puisque le maire de cet arrondissement est de droite), a pu compter sur 342 voix, contre 777 pour David Kimelfeld. Cécile Michaux, qui travaille aujourd’hui à la Maison de l’Emploi, ne retrouvera certainement pas son poste de secrétaire fédérale aux côtés de David Kimelfeld. Mais elle pourra compter à son actif un coup politique intéressant.

> Mise à jour le vendredi 12 juin à 8h suite aux résultats du vote.

 


#Cécile Michaux

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