Du pré à l’assiette, tout le processus d’élevage et de fabrication contribue à faire une bonne viande. Comme l’explique Yves-Marie Le Bourdonnec, le « boucher-star » du docu « Steak (R)évolution » -et dont le sous-titre « à la recherche du meilleur steak du monde » a inspiré celui de notre article- la plupart de la viande de boeuf servie en France provient en fait de vaches de réforme.
Comprenez : une vache laitière en fin de carrière. Pour un boeuf goûteux de qualité, produit dans le respect de l’animal, la race et le mode d’élevage seront donc primordiaux : le restaurateur devra privilégier une race à viande, avec un animal élevé au pré, qui se nourrit exclusivement d’herbe.
Pas de complément en céréales, ou alors seulement temporaire et de provenance locale. Evidemment pas d’ensilage -cette préparation à base de céréales fermentées utilisée pour un meilleur rendement, qui n’est pas naturelle et donne de mauvais goûts.
Le caractère gustatif va dépendre de la race, de l’age de l’animal, de son alimentation, de son état d’engraissement, mais aussi de la maturation de la viande. Sur ce point, on distingue deux phases : une première pour attendrir la viande, jusqu’à deux semaines environ. Au delà, on passe en phase de surmaturation, ou affinage. Le principe est de faire perdre son eau à la viande pour concentrer les arômes et lui assurer une tendreté particulière. Une viande peut perdre ainsi jusqu’à 60% de son poids.
Le savoir-faire du boucher est donc essentiel, en assurant la sélection de la bonne bête et le travail de maturation, différent suivant les morceaux et ce qu’on souhaite obtenir.
Viendra ensuite le talent du cuisinier avec la maîtrise de la coupe et de la cuisson. Partant de là, voici notre top 5 !
1. L’Argot, boucherie-restaurant
Notre coup de coeur. Ici on choisit en vitrine le morceau de viande qu’on veut voir préparer par le cuisinier, puisque le lieu fait boucherie en journée et restaurant (le midi en semaine et le soir en week-end). Aubrac, Galice, Salers, Wagyu… Beaucoup de belles pièces maturées et goûteuses. On a encore en mémoire ce savoureux faux-filet de Galice affiné six semaines.
Fils de boucher et après une carrière chez un distributeur, Philippe Chouquet a voulu revenir au coeur du métier et au contact du client, en ouvrant cette boucherie-restaurant avec sa femme. C’est un passionné qui connait parfaitement ses producteurs et fait des choix avec précision. Il vous racontera l’histoire de sa viande comme un sommelier vous parle de ses vins.
Il fait maturer lui-même les carcasses 40 à 60 jours dans la chambre froide, visible depuis la salle du fond.
Prix de la viande au poids + « droit de bouchon » de 14 €
L’Argot, 132, rue Bugeaud, Lyon 6ème (04 78 24 57 88)
2. Comptoir Thomas
Ambiance tables hautes et bar à tapas où il convient de goûter à la côte/entrecôte/faut filet selon arrivage (Galice, Wagyu, Charolaise…), surmaturée. On a testé une Rouge de Galice, un croisement entre la Galice et la Blonde d’Aquitaine, nourrie à l’herbe à proximité de l’océan et maturée 45 jours, ce qui lui confère des notes iodée et de noisette ainsi qu’un fondant incroyable.
Un plaisir à tomber par terre qui se déguste, la petite portion faisant 70 grammes. La maison fait maturer sur place et travaille en direct avec le producteur ou avec des intermédiaires rigoureux.
Tapas 15 € / 29 €
Comptoir Thomas, Rue Laurencin, Lyon 2ème (04 72 41 92 99)
3. Le Bistrot du Potager
Une des meilleures adresses bistronomiques de Lyon, rigueur dans le choix du produit et virtuosité aux fourneaux. On ignore souvent qu’on peut également y manger une côte de boeuf exceptionnelle et copieuse. Le chef Floriant Remont la prend désormais à un boucher de Mâcon qui lui assure les critères très précis qu’il souhaite, en termes d’élevage et de goût : un boeuf irlandais élevé en liberté, nourri exclusivement à l’herbe.
Il va donner une viande avec une belle texture, un persillage léger et juste ce qu’il faut en gras de couverture pour lui assurer une belle caramélisation une fois rôtie. Sous la dent, le résultat est goûteux et fondant. Et pour les pièces maturées, c’est juste à côté que ça se passe, au Potager des Halles (le restaurant gastronomique, le Bistrot en est l’annexe), avec le faux-filet de Galice affiné 4 semaines.
45/50 € (1 à 1,3 Kg) pour deux personnes
Le Bistrot du Potager, 3 rue de la Martinière, Lyon 1er (04 72 00 24 84)
4. A ma vigne
Un bistrot familial tout simple où le steak poëllé est la spécialité depuis des années.
Cuisson au beurre, service à la louche s’il vous plaît, avec frites maison.
C’est pas léger, mais c’est bon. Le fournisseur, c’est directement le boucher d’à côté. On a goûté un tende de tranche de charolaise bien tendre.
Le service était adorable, ce qui ne gâche rien.
16 €, frites en sus
A ma vigne, 23 rue Jean Larrive, Lyon 3ème (04 78 60 46 31)
5. Franklin Steakhouse
L’occasion de goûter à un steak à l’américaine de qualité, réputé pour sa tendreté exceptionnelle. Ce n’est pas local, et puisqu’il y a apport de maïs, il ne répond donc pas à tous nos critères. Cette viande mérite toutefois qu’on s’y intéresse. Elle provient de Creekstone Farms dans le Kansas, une ferme répondant à des critères qui la classent parmi les meilleures aux Etats-Unis. Il s’agit de Black Angus élevé au pré, avec apport de maïs seulement durant les dernières semaines.
La mise à mort se fait dans les abattoirs designés par Temple Grandin (chercheuse américaine, qui a notamment œuvré pour la réduction de la souffrance animale). Le restaurant fait à midi un steak-frites (bavette) d’un bon rapport qualité-prix. Simple et goûtu. La gamme s’étend jusqu’au « Dry Aged Beef » de Black Angus affiné 100 jours, en passant par un coeur de filet très tendre, juste grillé. A noter en revanche que porc et poulet à la carte sont français, mais ne bénéficient d’aucun label particulier.
17 € (bavette midi) 22 € à 49 € (soir)
Franklin Steakhouse, 41 rue Franklin, Lyon 2ème (04 78 37 71 21)
Chère viande, on a un truc à te dire
Certaines notes sont salées, c’est inévitable pour des pièces nobles et travaillées, provenant d’élevages de qualité. Il s’agit de produits d’exception, à déguster comme tels. On n’est pas obligé de manger de la viande, et encore moins d’en manger tous les jours. L’idée est plutôt d’en consommer moins, mais meilleure… et donc plus chère.
Il s’agit là d’un classement, par définition il n’est pas exhaustif mais attentif. Il aurait sans doute pu faire apparaître d’autres adresses qui peuvent nous avoir échappé, on reste donc à l’affût et, surtout, à l’écoute de vos bons plans.
Pour causer de viande (de sa fabrication, distribution, consommation) et pour en manger de la très bonne au passage (tout comme des plats végétariens), Rue89Lyon et les Subsistances vous convient à la journée Meat me, ce dimanche 7 juin. Venez donc.
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