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Le mode d’emploi de Mode d’emploi

La troisième édition du festival « Mode d’emploi » a ouvert ses portes ce lundi 17 novembre. Après la lecture du programme du festival, je ne comprends pas la moitié des terminologies utilisées pour nommer les différentes conférences. « Cartographies politiques du changement : l’Institut Cartographique de la Révolte », « Harmonie et concorde », « l’écologie de l’attention » ou encore « la désillusion créatrice : l’expérience du réel ». Heureusement, j’ai rendez-vous avec Cédric Duroux, directeur de la programmation. Il va pouvoir m’expliquer. 

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Mode demploi

Par Gabriel Cnudde, un apprenti journaliste des idées

Il est 11 heures du matin et je gribouille mon calepin nerveusement au coin de la rue. En face, le « Court-Circuit », petit café sympa où j’ai rendez-vous avec Cédric Duroux. Pour la première fois de ma courte existence d’apprenti journaliste, je suis anxieux. Anxieux parce qu’aujourd’hui c’est décidé, je vais mener une interview coup de poing. Mes questions sont prêtes depuis longtemps et j’ai bien épluché le programme du festival.

Et il est là le problème! Après trois relectures de ce fascicule, je ne comprend pas la moitié des terminologies utilisées pour nommer les différentes conférences.

J’ai peur que ces deux semaines de festival se transforment en réunion élitiste 

Je connais peu la Villa Gillet (qui anime également depuis 2007 les Assises Internationales du Roman), mais là, j’ai peur. J’ai peur et je suis déçu. « Un festival des idées », ça sonnait super bien! Or, là, en m’installant devant Cédric, j’ai peur que ces deux semaines de festival se transforment en réunion élitiste de chercheurs et d’universitaires nombrilistes. Mais il ne faut jamais juger un livre, fut-ce un programme de festival, à sa couverture.

En toute honnêteté, la sincérité et la passion avec laquelle Cédric me parle de son travail entame sérieusement mon envie de le déstabiliser :

« C’est un processus très long. Si on prend en exemple Gayatri Spivak (ndlr, intellectuelle indienne enseignant aux Etats-Unis, invitée de la conférence « Babel est notre refuge » le mardi 18 novembre), on l’a contacté il y a un an à New-York. Grâce au festival qu’on organisait là bas, on a gardé énormément de partenaires et de contacts, comme des éditeurs, des intellectuels ».

Et il ajoute :

« Mais tu sais, on se base aussi beaucoup sur les réactions du public présent aux éditions précédentes. C’est un très gros montage, on a plus d’une centaine d’événements à organiser sur deux semaines. Au tout début du processus, on fait ça sur google agenda! Puis petit à petit, on affine. Généralement, on se fixe les mois de mars/avril pour boucler le programme. On s’y tient jamais mais c’est un premier repère ».

A bien y repenser, c’est vrai que le programme est conséquent. Et bien que moi, petit étudiant ignorant, je ne connaisse pas la majeure partie des invités, ça représente une sacrée charge de travail d’inviter tout ce beau monde.

 

« Les refus sont rares mais ça arrive. Le plus difficile, c’est de se tenir à notre calendrier. Et d’assurer une certaine pluralité politique […] Il n’y a pas de thématique globale, mais quelques traditions existent. On essaye par exemple de toujours ouvrir le festival par une intervention autour de la notion de courage ».

« On veut que le festival reste accessible à tous sans diminuer le niveau intellectuel. »

Effectivement. Cette année c’est « Le courage d’être soi ». Le courage… J’en prend une petite dose et j’interroge Cédric sur l’élitisme supposé du festival :

« C’est vraiment un festival accessible à tous. On veut qu’il le reste sans pour autant diminuer le niveau intellectuel. Chaque année on a par exemple 1500 lycéens et leurs professeurs qui participent activement au festival. Bien sur, pour le public, il y a un pas à franchir. Mais les participants sont briefés: le public n’est pas intégralement composé d’universitaires. On leur demande de rester intelligible par tous ».

Je ne suis pas vraiment convaincu. Un festival comme celui-ci, ça doit pas attirer foule quand même, si?

« L’année dernière, 75% du public n’avait jamais assisté aux événements de la Villa Gillet ».

Ok, je m’incline. Le festival « Mode d’emploi » est vraiment accessible à tous.

« La foire aux savoirs attire beaucoup de monde. C’est un événement très ludique qu’on avait eu l’occasion de tester à Brooklyn. Tout le monde se montre réceptif à ces mini-cours ».

Les terminologies utilisées : y’avait un petit effort à faire quand même, non?

D’accord, d’accord, j’ai compris. Mais les terminologies utilisées, y’avait un petit effort à faire quand même, non? « Harmonie et concorde », ça veut dire quoi?

« Je te l’accorde, c’est pas évident à comprendre. On aurait pu repenser ce titre. Mais c’était très compliqué pour cette conférence. Elle regroupe des gens sans aucun lien! Un philosophe, un botaniste terrifié à l’idée de parler à un philosophe et un chef d’orchestre… ».

Petite victoire pour moi. Je m’en contenterai.

Je quitte le café la tête haute. Non seulement ai-je eu le courage de mener mon interview jusqu’au bout, mais j’ai en plus appris de mes erreurs. Curieux et curieuses de Lyon et de Navarre, je vous en conjure, franchissez le pas et passer outre les quelques mots compliqués. Deux semaines de développement personnel orchestrées par des passionnés, ça ne se refuse pas, si?


#Festival

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