Jean-François Carenco a fait le tour des « trois problèmes (sic) qui se posent » : les demandeurs d’asile, les personnes en situation irrégulière et les Roms.
Concernant ces derniers, originaires de Roumanie ou de Bulgarie, il a déclaré au sujet des bidonvilles qui poussent sur des terrains squattés :
« Les campements qui se comportent bien, c’est à dire ceux où il n’y a pas de foyer de délinquance et pas de problème de voisinage, ils restent. Dès lors que j’ai des plaintes ou une mise en danger comme dans le cas de la chaufferie de l’Hôpital Femme Mère Enfant, je prends mes responsabilité et je fais évacuer ».
Cette manière de procéder reste exceptionnelle. En règle générale, le préfet expulse les squats et bidonvilles pour lesquels existe une décision de justice autorisant un recours à la force publique. Mais il le fait surtout l’été ou à la sortie de l’hiver.
Maintien d’un squat de demandeurs d’asile
Il faut comprendre cette déclaration en la rapprochant d’une autre prise de position concernant cette fois-ci les demandeurs d’asile.
Le préfet du Rhône reconnaît en effet qu’il « n’arrive pas à les héberger » alors qu’ils ont un droit « très fort » au logement. Et comme il n’y arrive pas, il a décidé de maintenir le « gros squat » de la rue Yves Farge, à Gerland (Lyon 7e). Ce squat ne sera donc pas expulsé prochainement, malgré une décision de justice permettant au préfet d’y envoyer la police.
L’année dernière, Jean-François Carenco avait choisi une autre option : la réquisition d’un terrain à Oullins pour y installer des mobil-homes gérés par une association mandatée par la préfecture. Le maire UMP de cette commune du sud ouest de Lyon et une partie des habitants s’étaient farouchement opposés à l’arrivée de ces Albanais.
Petite augmentation du nombre de places du plan froid
En introduction de son exposé, le préfet a rappelé « ce qui est très important » : « pas de morts ». Voici l’objectif principal d’une politique qu’il définit lui-même comme se situant entre « générosité » et « non-attractivité ».
Autant dire qu’il y aura, comme l’année dernière, des personnes qui resteront à la rue cet hiver pour ne pas « attirer » d’autres personnes qui chercheraient à s’installer sur le territoire. La Ligue des Droits de l’Homme du Rhône estime, actuellement, à 2000 personnes le nombre de personnes qui dorment chaque soir à la rue.
841 places supplémentaires seront ouvertes dans l’agglomération lyonnaise contre 800 au cours de l’hiver 2013/2014.
La grosse nouveauté de cette année, outre l’annonce du maintien de certains squats, c’est le recours massif aux chambres d’hôtel dont on sait qu’elles reviennent plus chères à l’Etat et qu’elles ne permettent pas un accompagnement social satisfaisant.
D’une part, le préfet du Rhône a annoncé qu’un « marché » avait été négocié avec les hôteliers pour faire baisser de « 10 euros » le prix par personne et par jour. A notre question pour connaître le prix, pas de réponse.
D’autre part, il a assuré que l’accompagnement social va être renforcé pour que « toute personne qui a un droit au séjour complet, c’est à dire 20% des hébergés, puisse trouver un logement ». Une convention a été signée en ce sens entre les associations mandatées et l’Etat.
Pour les autres, étrangers en situation irrégulière, « ils n’ont pas vocation à être hébergés. Ils ont vocation à être mis à l’abri et renvoyé dans leur pays ».
C’est comme cela que la préfecture explique la remise à la rue, au printemps 2014, de 400 personnes (sur les 1300 personnes qui se sont succédées dans les hébergements ouverts de l’hiver dernier).
Ainsi, lors ce cette conférence de presse, le préfet du Rhône a brossé une politique en matière d’hébergement qui semble définitivement mettre de côté l’inconditionnalité du droit opposable au logement (DALO) qui considère que :
« Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence ».
> Article actualisé le 24 octobre à 17h30 avec le communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme du Rhône.
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