Devant le juge de l’expropriation ce mercredi matin, l’enjeu était pour les opposants à « OL Land » de stopper le plus rapidement possible le chantier, qui vient de démarrer alors même que les déclarations d’intérêt publique de ce projet sont remises en cause.
Les pelleteuses sont arrivées au Montout encadrées par les forces de l’ordre tout début septembre. Depuis, le récit qui est fait depuis Décines traduit la panique :
« Elles vont à une allure ! Ils enlèvent la terre par monceaux. »
Sur les anciennes terres de Philippe Layat, paysan exproprié à la demande du Grand Lyon, les pelleteuses s’activent. Les opposants s’allongent devant, mais le chantier avance, qui doit aboutir à la réalisation des voies d’accès au futur Grand Stade de l’Olympique Lyonnais, dont le nom officiel est le Stade des Lumières.
Philippe Layat a été « écarté » de sa maison, qui donne sur le chantier, « pour ne pas assister à ça », raconte l’un des opposants, membre de l’association Carton rouge. Il est lui-même voisin du futur stade, résident d’un petit lotissement décinois. Pour lui, il y a urgence à tout stopper.
La pelleteuse plus rapide que la Justice
Ce mercredi matin, au tribunal de grande instance de Lyon, le débat d’experts a porté sur l’annulation par la cour administrative d’appel de quatre arrêtés préfectoraux déclarant le Grand Stade d’utilité publique. Sans cette base légale indispensable conférée par les DUP (déclarations d’utilité publique), les travaux d’accès à la future superstructure de Jean-Michel Aulas, président du club de foot, pouvaient-ils commencer ?
Oui, répond l’avocat du Grand Lyon : la communauté urbaine s’est en effet immédiatement pourvue en cassation devant la plus haute juridiction administrative, le Conseil d’Etat, à la suite de la décision du justice tombée comme un couperet ; elle estime donc que l’annulation des DUP n’est pas encore définitive.
Et pour ne pas perdre de temps, pour tenir les délais de chantier, mais aussi pour rendre l’avancée du projet plus irrémédiable, les pelleteuses ont été envoyées sur place pour terrasser, sans attendre la décision du Conseil d’Etat.
A ce stade, aucune décision administrative n’enjoint en effet le Grand Lyon à stopper les travaux. Mais en face, Etienne Tête, l’avocat des opposants, craint que les délais soient trop longs : si la décision que rendra le Conseil d’Etat lui est favorable, le chantier pourrait être considéré comme trop avancé pour l’arrêter, voire pour annuler l’expropriation et restituer ses terres à Philippe Layat. La demande auprès du juge de l’expropriation s’est ainsi résumée :
« Vous avez un pouvoir de conservation des preuves, vous pouvez dire : ne touchez plus à rien, jusqu’à ce que je me rende sur les lieux. C’est notre demande d’interruption des travaux ».
Mais le caractère urgent de la requête ne semble pas avoir résonné : les décisions ne seront rendues que le 21 octobre prochain. Soit dans plus d’un mois.
Une « jurisprudence » Notre-Dame-des-Landes ?
« D’ici là, ils auront tout bétonné ». Les opposants au Grand Stade, rassemblés en groupe à l’intérieur et hors de la salle l’audience, sont donc partis penauds, exprimant leur amertume devant une caméra de télé.
A la veille de l’audience, le groupe Europe Ecologie les Verts avait transmis un communiqué s’insurgeant du démarrage des travaux :
« Pour OL Land, comme pour la ferme des 1000 vaches, comme pour le barrage de Sivens, EÉLV demande l’application de la « jurisprudence » Notre-Dame-des-Landes : pas de démarrage des travaux tant que la justice ne s’est pas prononcée sur les recours en cours. »

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