Mais pour toi, lecteur normal, qui a un cœur qui fonctionne et qui a une pensée qui résonne plus qu’elle ne raisonne, ces événements qui deviennent hélas fréquents te choquent. Tu te dis : « merde quoi, Orange ou Pôle emploi ( pour ne citer qu’eux) déconnent sérieusement dans leur management. On ne doit pas faire subir ça à des être humains ».
Que penserais-tu alors, si la presse faisait son boulot et te tenait informé pour t’annoncer, tous les 3 jours, qu’un prisonnier s’est suicidé ? Non, non, je ne déconne pas, ce sont les chiffres depuis des années (plus d’une centaine de suicides par an en prison) et si tu apprenais qu’en France, en plus de ces morts, il y a en moyenne 3 tentatives de suicide par jour dans ces mêmes prisons qui, heureusement, n’aboutissent pas, souvent grâce aux codétenus.
Je sais, on te dit que les prisonniers sont de plus en plus instables psychologiquement (c’est vrai pour une part seulement, et cela n’explique en rien les faits car le taux de suicides dans les hôpitaux psychiatriques n’est absolument pas comparable, sinon il y aurait une enquête administrative qui se saisirait de cette tuerie).
Donc la question qui se pose est la suivante : comment se fait-il qu’on se suicide autant en prison, et pourquoi n’en savons nous rien ? Qu’y a t il donc à cacher ?
Désolé d’être aussi sordide mais c’est la réalité
Informons clairement : la grande majorité des suicides se font par pendaison. Méthode très masculine disent les psys ! Oui et alors ? D’autres se tranchent eux-mêmes la gorge, les femmes les veines, certains arrivent à accumuler des cachetons ou avalent des produits ménagers. Quelques uns mettent le feu à leur cellule espérant la douceur du gaz carbonique. Désolé d’être aussi sordide mais c’est la réalité.
La pénitentiaire ne répond que par une pseudo prévention. Tu l’a peut-être su, le kit anti-suicide d’Alliot Marie : des pyjama en papier (en les tortillant bien ça fait une bonne corde) et des codétenus recrutés pour surveiller les gens dit « à risques » et partageant la cellule.
Si un taulard évite un suicide, hop, remise de peine de 6 ou 9 mois d ‘un coup. Mais rien n’est fait pour comprendre les raisons de ces suicides et ce qui amène un type (ou une femme) à se flinguer.
Dans ma cellule, je n’aurais aucune difficulté à me pendre
Tiens dans ma cellule, je n’aurais aucune difficulté à me pendre. Il y a un radiateur mural dont le tuyau d’alimentation passe du sol au plafond. Mais il y a aussi les lits superposés et pas mal d’autres points d’accrochage. Ici les matons ne se servent pas de l’œilleton, sauf à l’heure de la condamnation des portes (18h30), exception faite des détenus qualifiés de DPS (détenu particulièrement signalés) mais qui sont plus souvent des rebelles que des personnes en déprime (c’est très souvent la rébellion qui évite la déprime d’ailleurs, mais c ‘est un autre débat).
Dans d’autres taules, les matons tournent toutes les 2 heures et pas un seul taulard ignore les heures des rondes.
Alors on va te dire, qu’au-delà de la fragilité psychique, terme bien pudique et impersonnel pour décrire l’enfer vécu par les taulards, il y a ceux qui culpabilisent par rapport à leurs horribles crimes et veulent fuir leur responsabilité.
« Faîtes entrer l’accusé »
On ne se suicide pas pour une bagarre, une conduite sous alcool, du trafic de shit ou un cambriolage. Faut pas prendre les gens pour des cons. Des « Dutroux » il y en a 1 tous les 10 ans. Mais comme on te gave d’émissions manipulatrices style « faites entrer l’accusé » où on ressassent les histoires des 30 dernières années au minimum, on te fait croire que les prédateurs sont partout, à tous les coins de rue.
La France serait le pays où on tue le moins en Europe. Même le très droitisant Alain Bauer le dit.
Alors, lecteur, je pourrais presque me dire que finalement, il y a plus de morts dans les prisons que de victimes de crimes sur un an. Soit sûr que je n’oublie pas ceux qu’on a suicidés volontairement ou maquillés comme tel suite à une ratonnade ratée.
Tu as lu ou entendu dernièrement le gars qui s’est fait tuer par un gendarme dans un fourgon de transfert. Même le procureur dit : pas de légitime défense, violence gratuite. Eh bien le juge ne met pas le gendarme en examen, il ne va pas en prison, lui. Il est juste témoin assisté. Déjà, si tu réfléchis à ça, sérieusement hein, tu vas commencer à comprendre pourquoi il y a autant de suicides en prison.
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