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Maître Philippe ou le retour du Christ au cimetière de Loyasse à Lyon

A Lyon, le cimetière de Loyasse n’est pas celui du père Lachaise. Mais il vaut le détour pour au moins une tombe, celle de Nizier Anthelme Philippe. « Maitre Philippe » ou « Philippe de Lyon » s’est fait connaître par les miracles qu’il aurait réalisés au XIXe siècle. Aujourd’hui, sa dernière demeure est un lieu de pèlerinage de plus en plus fréquenté.

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Maître Philippe Loyasse-cimetiere Loyasse-Lyon

Tombe de Maître Philippe
Tombe de Maître Philippe. ©Lauriane Clément/Rue89Lyon

Le cimetière de Loyasse est un lieu calme, tellement calme que l’ambiance peut devenir pesante. Seul le sifflement du vent trouble cette sérénité. Maître Philippe est peut-être parmi nous.

C’est en tout cas ce que semble penser Michel Guérin, vice-président de l’Association pour Maitre Philippe et guide de la sépulture à ses heures perdues :

« Il avait le pouvoir de contrôler les éléments. Il y a deux ans, le 25 avril 2012, je voulais faire visiter sa tombe à un groupe de visiteurs. Mais le vent soufflait tellement fort, au moins 130km/heure, que le gardien du cimetière nous a fermé l’accès. A force d’insister, nous avons pu entrer pour quinze minutes. A partir du moment où nous nous sommes retrouvés face au tombeau de Maitre Philippe, le vent s’est quasiment arrêté de souffler. C’était extraordinaire ».

« Des guérisons miraculeuses dignes du Christ »

Car Nizier Anthelme Philippe, de son vrai nom, aurait été bien plus qu’un simple guérisseur. Né dans la région lyonnaise en 1849, il a très jeune été remarqué pour ses nombreux dons. Les témoignages sont légion et alimentent son histoire. On parle de guérisons soudaines et inexpliquées, et même de résurrections. La légende l’emmène en Russie, où il aurait soigné le tsar Nicolas II avant d’être évincé par RaspoutineCe sont ces prétendus miracles qui attirent la foule sur sa sépulture. 

Certains de ses disciples associent Philippe de Lyon à la figure du Christ. Et rappellent, non sans humour, que les parents du guérisseur s’appelaient Joseph et Marie.

Pour Michel Guérin, « on est le Christ quand on fait les œuvres du Christ. Et c’est le cas de Maître Philippe que l’on peut surnommer le père des pauvres. Il fut le médecin des rois comme des plus mal lotis. Lorsqu’il est mort, on a par exemple découvert qu’il payait le loyer de 52 personnes. »

Tombe Maitre Philippe-Lyon
Plaques de remerciement pour Maître Philippe. ©Lauriane Clément/Rue89Lyon

La tombe la plus visitée du cimetière

Orlane Chosset, ancienne conservatrice du cimetière de Loyasse, atteste de la fréquentation :

« C’est de loin la tombe la plus visitée de Loyasse. On a même été obligés de fermer à clef la barrière pour que les gens ne montent pas sur le caveau ».

Plaques de marbre en signe de « reconnaissance et de remerciement » et fleurs fraîches jonchent tous les jours le lieu. Des petits mots, scellés par des agrafes, sont accrochés aux arbres. Tous renferment des demandes d’aide et de miracle sur des domaines très divers: professionnels, amoureux, ou encore maladies.

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Petits mots laissés dans les arbres. ©Lauriane Clément/Rue89Lyon

Michel Guérin confirme que le public visitant la tombe du maître est éclectique:

« Des personnes très simples, des gens érudits, et d’autres penchés vers l’ésotérisme. Chacun y trouve ce qu’il va y chercher ».

Une jeune fille est ainsi venue se recueillir sur la tombe pendant notre visite. Chloé, étudiante en Histoire de l’Art, avait entendu parler du guérisseur de bouche à oreille il y a quelques années. Intriguée, elle avait déposé un message sur sa tombe dans l’espoir qu’il l’aide « à ouvrir ses pores de la perception ». La jeune femme n’est pas certaine que cela ait fonctionné, mais elle continue de se rendre sur la tombe de temps en temps. Ceci n’est qu’une histoire parmi tant d’autres.

Orlane Chosset se rappelle d’une dame en particulier :

 « En 2010, une dame venait tous les jours sur la sépulture. Elle avait littéralement pris possession du lieu, ça en devenait oppressant. Son étonnante habitude était de remonter à reculons l’allée centrale du cimetière pour partir. »

On vient du Brésil sur sa tombe

La renommée de Philippe de Lyon dépasse les frontières françaises. Le Brésil, tout particulièrement, a reçu son enseignement dès 1958. Michel Guérin accueille régulièrement des groupes de Brésiliens pour leur faire visiter la sépulture du maître. Les « on dit » indiqueraient même que la maire de Rio se serait en personne rendue sur le tombeau.

Comment expliquer cet engouement ? Michel Guérin donne une clé de compréhension :

« Il y a eu un renouveau dans la foi depuis 2000-2005, les gens s’éloignent de l’Eglise Catholique et sont toujours en quête de leur spiritualité. C’est le cas en France comme ailleurs. »

Celui-ci nous guide vers d’autres tombes du cimetière : celle de Jean Chapas, le premier disciple de Philippe de Lyon, et celle de Pauline Peillon, une guérisseuse inconnue qui aurait vécu à la même période. Toutes ces tombes, alors qu’elles étaient quasiment laissées à l’abandon, ont été refleuries ces dernières années. Une mode ? L’avenir le dira. Bien d’autres secrets vivent sans doute encore au cimetière de Loyasse.


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