Le moins que l’on puisse dire, c’est que le LOU regarde vers 2014-2015 les yeux pleins d’espoir. De retour après deux ans d’absence dans le top 14, au terme d’une saison sportive rondement menée, le LOU Rugby a encore un gros dossier à évacuer avant la reprise. Le club veut mettre à profit cette accession dans l’élite du rugby français pour augmenter la capacité de son Matmut stadium à Vénissieux. Le permis de construire pour son stade actuel a été déposé le 2 avril.
Malgré la résistance d’une poignée de riverains, les pelleteuses sont déjà en action. L’enquête publique concernant l’extension du MatMut Stadium s’est tout juste terminée ce 12 juin mais elle fait figure de formalité car personne n’a attendu : les travaux de terrassement ont débuté fin mai sur le site.
Le club lyonnais se dit pressé par le temps ; la saison 2014-2015 du Top 14 débute le 17 août prochain. Et pour Yann Roubert, président du Lou Rugby, l’agrandissement du stade est indispensable pour accompagner l’équipe dans l’élite :
« C’est une condition sine qua non pour développer le club. Nous voulons profiter de l’engouement naissant pour le rugby à Lyon. Le but est de recevoir plus et mieux. Le MatMut est seulement le 29ème stade sur 30 en terme de capacité d’accueil dans le rugby professionnel (composé de clubs du Top14 et de ProD2 confondus, ndlr). »
3 millions d’euros pour 3 807 places supplémentaires
Cette saison, en proD2, le taux de remplissage du MatMut Stadium s’élève à 88%. Mais du côté du LOU, on assure que faute de places, des spectateurs ont été refusés lors de plusieurs matchs. Et Yann Roubert d’enfoncer le clou :
« Le Top 14 est un championnat composé de grandes équipes qui attirera un plus grand nombre de spectateurs. Et puis au-delà de l’augmentation prévisible de la fréquentation, l’agrandissement est également rendu nécessaire par l’évolution du règlement. »
La Ligue Nationale de Rugby a lancé un label pour classer les stades de rugby, le « Rugby Elite », qui impose la présence de 10 000 places assises.
Le projet prévoit de faire passer la capacité d’accueil de l’enceinte de 7998 à 11 805 places. Pour cela, le LOU va débourser pas moins de 3 millions d’euros. L’extension consiste à créer une troisième tribune de 2167 places côté périphérique (au sud), et un aménagement côté nord pour accueillir 1640 spectateurs debout. Face à ce projet et au chantier qu’il induit, des riverains grincent des dents.
« Mieux vaut des voitures mal garées que des voitures brûlées »
La construction en 2011 du Matmut Stadium (modulaire et donc démontable) avait déjà fortement déplu aux riverains. Le club et la municipalité de Vénissieux se heurtent aujourd’hui à de nouvelles tensions, ou plutôt toujours aux mêmes : nuisances sonores, murs pris pour des urinoirs et surtout stationnement sauvage.
Jean habite à quelques encablures de l’enceinte :
« Les inquiétudes que nous avions formulées lors de la construction du stade en 2011 se sont montrées exactes, voire pires. Et 4000 spectateurs en plus, c’est près de 2000 voitures supplémentaires. Vous n’avez qu’à voir le terre-plein central de l’Avenue Viviani, même les TCL ne veulent plus passer. Face à nos protestations, la mairie de Vénissieux nous a répondu : « Mieux vaut ça que des voitures brûlées ou du trafic de drogue ». Personnellement, je préférerais ni l’un ni l’autre… »
Chantal, une autre riveraine du stade confirme :
« Les nuisances sont énormes : musique, hauts parleurs très forts…impossible d’ouvrir les fenêtres. Il nous arrive même de partir les jours de match à cause du bruit. J’ai mis du double vitrage, mais cela ne suffit pas. Avec cette troisième tribune, il va y avoir un effet cuvette et tout le bruit sera porté vers les habitations. »
Pour expliquer son projet, le club a distribué 2 800 courriers dans les boites aux lettres des riverains de la commune de Vénissieux et Lyon 8ème. Yann Roubert espère les convaincre :
« On essaie de limiter au mieux les nuisances liées au stationnement avec les mairies concernées. Un gros travail a été réalisé du côté de l’accès au périphérique avec 250 PV distribués en une soirée en début d’année. Cela a été plutôt dissuasif. Et puis il n’y a que 15 matchs à domicile dans la saison… »
Gerland si proche, si loin
Malgré un bail emphytéotique de 18 ans, le Matmut Stadium garde son caractère temporaire. L’idée de voir le LOU s’installer du côté de Gerland, à peine à cinq kilomètres de là, est toujours d’actualité. Gérard Collomb, maire PS de Lyon, a rappelé sa position lors de la dernière campagne des municipales : une fois l’Olympique Lyonnais envoyé à Décines, il voudrait voir le LOU établir domicile dans le 7ème arrondissement de Lyon. Au stade de Gerland, donc.
La toute nouvelle maire du 7e, Myriam Picot, a réaffirmé début mai sur les ondes de Jazz Radio qu’elle espérait bien, pendant sa mandature, réussir pour le compte de Gérard Collomb à attirer finalement le LOU Rugby à Gerland : « le stade pourrait trouver là une très belle reconversion », répète-t-elle.
Et du côté du LOU ? Qu’en dit-on ? Yann Roubert reste aussi discret qu’évasif, il confirme une première approche entre les différentes parties. Mais il laisse planer le mystère, tout resterait à faire :
« Il y a déjà eu quelques discussions. Gérard Collomb est favorable à ce déménagement mais il n’y a encore aucun calendrier prévu. Aujourd’hui, nous avons très envie de nous assoir autour de la table avec l’équipe municipale. On serait ravi d’être le grand club de Lyon et de travailler en étroite collaboration avec la ville. »
Jean, riverain du Matmut stadium, suit le dossier de près :
« Le LOU à Gerland, on n’y croit plus trop. Lors de la construction du stade en 2011, l’installation était prévue pour quatre ans. Or, au vu de l’agrandissement, on en reprend au moins pour quatre ans plus… »
Si le déménagement devait se concrétiser, le vieux stade de l’avenue Tony Garnier devra subir un sérieux ravalement. Un chantier qui nécessitera près de trois ans de travaux. Il s’agira avant tout de baisser la capacité du stade de Gerland, de 40 000 à 25 000 places : un chiffre plus adapté aux affluences du Lou. Le club de rugby ne pourrait alors pas prendre résidence avant 2018-2019.
En cas de retard, une dérogation pour… Gerland
L’enquête publique s’est donc terminée ce jeudi 12 juin. A ce jour, le commissaire enquêteur n’a reçu que quatre contributions de riverains. Son travail va consister à analyser ces observations puis élaborer un rapport d’enquête. Des conclusions puis un avis (favorable, favorable avec réserves ou défavorable) seront rendus d’ici un mois. Sauf coup de théâtre, il ne fait pas grand doute de l’issue favorable du dossier. Michèle Picard, la maire PC de Vénissieux, signera dans la foulée le permis de construire.
Tout comme Jean-Michel Aulas s’étrangle face à la perspective de ne pas avoir son OL land à Décines fin prêt pour l’Euro 2016, c’est une véritable course contre la montre dans laquelle est lancé le LOU, à un peu plus de 2 mois du coup d’envoi de la saison de Top14. Mais pour les rugbymen, c’est un peu moins compliqué : aucun recours juridique ne vient leur faire barrage. Et, une fois les travaux lancés, la tribune pourrait sortir de terre très vite. En 2011, le Matmut Stadium avait été construit en 82 jours.
Pour parer tout retard, le club lyonnais va demander à la Ligue Nationale de Rugby une dérogation pour jouer ses deux premiers matchs à l’extérieur. L’objectif est d’éviter (comme cela avait été le cas en 2011) une délocalisation temporaire… à Gerland.
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