Lancés dans le débat à la suite de notre article sur les nouveaux rythmes qui seront instaurés dans les écoles publiques de Lyon, les riverains font le tour de critiques concernant à la fois le choix de Gérard Collomb, la méthode de communication et la réforme du gouvernement plus généralement. Concernant la mise en place à Lyon, qui est la suivante :
Les lundi, mardi, jeudi de 8h30 à 11h30 et de 13h30 à 16h30. Le mercredi de 8h30 à 11h30. Le vendredi de 8h30 à 11h30 avec, particularité, l’après-midi de 14h30 à 16h30 dédié aux activités périscolaires.
Certains estiment qu’elle est bonne, d’autres la fustigent :
Plus cher pour les familles que ce qui était initialement annoncé. Pas top en termes de rythme biologique et de fatigue pour les élèves de maternelle notamment. Un emploi du temps tombé du ciel pour les enseignants, concertés il y a plusieurs mois et persuadés que les horaires seraient tout différents de ceux-là. Pas de souci d’une meilleure instruction globale et d’un combat contre les inégalités dans les annonces.
Le bureau du Rhône de la FCPE, fédération représentante des parents d’élèves, pourtant très favorable au projet de réforme, a lacéré les choix de Gérard Collomb.
Les profs et les horaires
Tout ça est « Formidable ! » pour gazouil, qui a commencé par l’ironie avant d’embrayer :
« Après une consultation au mois de juin dernier, et l’annonce par l’adjoint à l’éducation d’horaires sur 5 jours (8h30-12h00; 14h00-15h45), après avoir répété ces horaires devant des assemblées de parents délégués, Collomb s’assied sur tout ça.
Ah, c’est bien pour tous ceux qui prennent leur RTT le vendredi, et ça fait de sacrées économies pour la ville.
Pour les enfants, ça leur fait 3 grosses journées, et 5 jours à se lever. Quel est l’intérêt ? J’imagine les classes le jeudi après midi… Et tout ça, on l’apprend par voie de presse. C’est scandaleux, surtout pour une ville aussi importante que Lyon. »
Pour Couleur3, c’est une réforme pour les plus aisés, et les conditions de travail des enseignants ne sont pas abordés :
Le matin concentre souvent les apprentissages fondamentaux, et là, on gagne une matinée de classe. Après, une coupure de 2 jours et demi, c’est bien long, et ça m’étonnerait que ce soit chrono-biologiquement correct. La version lyonnaise de la réforme fera plaisir aux cadres qui pourront partir en week-end avec enfants dès le vendredi midi.
Pour le reste, cette réforme aura gaspillé énergie et argent, alors qu’un retour aux 4 jours et demi d’antan était plus simple pour tout le monde. Sans faire le réac, cela aurait certainement permis de clore le débat plus vite, et de poser la question des programmes, qui n’ont toujours pas changé.
On peut noter également le manque d’effectifs enseignant qui persiste et le développement des contractuels aux statuts divers et précaires. En tout cas, l’organisation sur le Grand Lyon est déjà bien disparate… et les conditions d’exercices du métier se dégradent toujours.
Des parents contents, les enfants s’adaptent
Mathilde est plutôt pour cette formule, avec un bémol :
« Cela se saurait si l’intérêt des enfants était le but de cette réforme depuis le début, avec l’obligation de classe le mercredi matin on devine les décideurs qui n’ont pas d’enfants en maternelle.
Donc, au moins, là, quitte à travailler le mercredi matin, il y a un vrai avantage dans le rythme proposé par Collomb, plutot que saupoudrer des rythmes disparates dans une semaine bancale : l’avantage de ce rythme à la Collomb, c’est qu’il remet en cause le moins possible l’organisation des parents et de la mairie (on change finalement seulement 2 demi journées sur 10). Du coup, économies pour tout le monde. Un vrai avantage quand même pour les parents et la mairie (pas pour les enfants, bien sûr, mais on le savait déjà). »
Bergeron en est sûr :
« De quoi faire monter l’absentéisme en flèche !!! Le vendredi et le mercredi ! »
Et sinon, l’illettrisme ?
Bobby digital, riverain assidu, aimerait élever le débat :
« Les Lyonnais ont raté l’occasion de faire les choses bien. Ce rythme est aberrant tandis que le modèle « parisien » est mieux senti : deux créneau de 1h30 d’activités le mardi et le jeudi à 15h (après l’enseignement fondamental).
En 30 ans, l’école française n’est pas parvenu à pallier les inégalité, donc vos angoisses, l’organisation de vos RTT, on s’en fout peu si vous voulez bien. Concentrons nous sur les bases : le langage, les sciences (et le civisme) – cf Hamon – et permettons aux enfants d’apprendre de manière sensible. »
Nouveauté dans les horaires et pour le porte-monnaie
Silou cloue au pilori l’équipe de Gérard Collomb qui, à la veille des élections municipales, parlait d’un forfait d’environ 20 euros par an, se transformant désormais en une somme pouvant aller de 2 euros à 19 euros par mois (calculée selon le quotient familial).
« Ahlala… J’entends encore Yves Fournel [adjoint à la petite enfance lors du précédent mandat, ndlr] à la réunion des fédérations de parents d’élèves du 18 février ( avant les élections, « heureux hasard » du calendrier ) nous promettre ce mini forfait symbolique de 20 € max par an… juste là pour justifer le passage en cadre accueil de loisir auprès de la CAF (parce que sinon, pas d’aide financière de la CAF) qui finalement (éléctions passées) s’hypertrophie à 20 € par mois… »
L’adjointe au maire en charge de l’Education, Anne Brugnera, affirme aujourd’hui que la proposition est totalement différente de ce qui avait été annoncé. Meilleure, elle coûte donc plus cher.
Nice, Paris : les rythmes sensibles
A Nice, le maire UMP Christian Estrosi friand de propos chocs annonce qu’il ne la mettra pas en place. L’UMP à Paris lance une consultation.
@GroupeUMP PARFAIT , J’Y VAIS !!! @PtiElfe
— Patricia Zonza (@patricia_zonza) 15 Mai 2014
A Lyon, l’opposition n’a pas tardé non plus à réagir. Michel Havard, chef du groupe des élus UMP et apparentés à la Ville, griffe Gérard Collomb et l’accuse d’avoir menti sur les tarifs des nouveaux rythmes. Du côté gauche de Gérard Collomb, déception aussi : l’élue communiste Nicole Gay n’est pas d’accord avec « les trois jours sans changement de la durée du temps d’enseignements », et estime aussi qu’avec le « tunnel du week-end » :
« Comme ce ne sera pas gratuit, on peut s’attendre à ce que de nombreux enfants n’y aient pas accès ».
La FCPE du Rhône, qui soutient plus globalement la réforme gouvernementale, n’est pas en accord avec les choix de Gérard Collomb :
Pour la fédération de parents d’élèves, elle se révèle à Lyon « être un contre-sens éducatif, bien éloigné de l’esprit de la réforme ». Et liste :
- un mépris de la décision des conseils d’école plébiscitant la régularité de la semaine,
- un périscolaire placé sur une demi-journée, dont on appréciera que le choix se soit porté sur le vendredi après-midi…
- un coût bien plus élevé qu’annoncé par Monsieur Le Maire pendant la campagne des municipales et loin de la gratuité demandée par la FCPE, garante de l’accès de tous aux activités périscolaires.
La rentrée devrait être repoussée aux premiers jours de septembre plutôt qu’à fin août, une partie des enseignants se trouvant ce jeudi dans la rue, dans le cadre d’un mouvement social de fonctionnaires.
> Mis à jour avec le communiqué de Nicole Gay et de la FCPE du Rhône.
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