Un plébiscite de la part des 157 conseillers communautaires qui se sont exprimés (sur les 162 qui composent l’assemblée). Gérard Collomb a obtenu 92 voix et a été réélu dès le premier tour. Son principal adversaire, le sénateur-maire UMP François-Noël Buffet, en a recueilli 58. L’élu Front national Christophe Boudot en a compté deux (la sienne et celle de l’autre conseiller FN).
François-Noël Buffet comme Christophe Boudot avaient en effet déclaré leur candidature en amont du vote. Jean-Paul Bret, maire PS de Villeurbanne, qui n’avait rien réclamé du tout, a toutefois pu entendre résonner son nom dans l’hémicycle avec 1 voix à son actif.
Pourtant, après l’hécatombe pour la gauche dans le Grand Lyon, qui a vu nombre de ses communes ou même bastions passer à droite, le maire de Lyon n’était pas en bonne posture. Arithmétiquement seulement, avec un conseil communautaire renouvelé à 58%, dans lequel on pouvait compter 85 conseillers de droite (15 UDI, 46 UMP, 22 Synergies et 2 FN), contre 77 conseillers à gauche. Mais stratégiquement, l’argument de Gérard Collomb, qui a clamé dès le soir de sa réélection à Lyon qu’il ne fallait surtout pas enrayer la dynamique amorcée entre la ville centre et son agglo, avait de grandes chances de faire mouche.
Les maires du groupe Synergies, soit des élus de droite ou centre-droit dans de petites communes de l’Ouest lyonnais principalement, ont une fois encore adoubé l’édile de la ville centre. Tous craignent toutefois l’arrivée de la Métropole, qui absorbera les compétences du Grand Lyon et du Département sur le territoire de la communauté urbaine dès janvier 2015 : Gérard Collomb a donc su les convaincre que cette future collectivité surpuissante ne signera pas la mort des communes et, donc, la leur.
Les « conditions » des écolos
La question se posait également du côté des écologistes qui, concernant la mairie de Lyon, ont refusé de participer à l’exécutif (pas d’adjoints verts, donc), alors qu’ils avaient rejoint les listes de Gérard Collomb entre les deux tours des élections municipales, provoquant un vif remous dans leurs propres rangs. L’autonomie écologiste est donc une histoire ancienne, il est probable que le président du Grand Lyon leur octroie quelques postes. Au lendemain du vote, le groupe EELV au Grand Lyon a annoncé qu’il les accepterait. Mais que cette décision ne s’est pas faite sans conditions d’ordre programmatique (ce que les élus verts n’avaient pas obtenu pour la mairie).
La confirmation d’éléments déjà présents dans les annonces propres de Gérard Collomb, comme les guichets uniques pour l’accompagnement social des habitants de la Métropole.
Mais aussi :
- Le lancement d’une étude de faisabilité d’un tramway à la place du projet de ligne forte de bus en site propre pour la ligne C3
- La fermeture d’un à deux incinérateurs de déchets
- L’augmentation du nombre de logements très sociaux (1500 sur les 4500 logements sociaux prévus chaque année)
- La création de maisons de l’économie sociale et solidaire dans la Métropole
En revanche, exit la gratuité des transports en commun lors des pics de pollution, qui fait place à un éventuel ticket TCL à 1 euro. Au vu du nombre de jours concernés chaque mois par le phénomène, on verra rapidement si la mesure sera d’une part mise en place et si d’autre part elle aura son effet incitatif.
L’exécutif sera-t-il de nouveau une « armée mexicaine » ?
Les groupes politiques devront être formés dans les jours prochains. Le nouvel exécutif sera également désigné par Gérard Collomb avant la fin du mois d’avril. Il devra donc désigner ses vice-présidents. Seront-ils aussi nombreux que lors des précédents mandats (40), au point que son exécutif soit qualifié d’armée mexicaine ? Dans tous les cas, il devra passer à 24 vice-présidents lors de la création de la Métropole.
Le président du Grand Lyon a dû promettre beaucoup de choses à ses partenaires « naturels » et aux autres, afin de conserver la tête de l’agglo. Un élu socialiste glissait, sur un ton dépité, quelques minutes avant l’élection :
« On verra, il y aura peut-être du mouvement au moment de la Métropole, mais si on veut une délégation, il ne fait pas bon être Lyonnais et socialiste ».
Jean-Paul Bret, maire PS de Villeurbanne largement réélu, a en effet fait monter la pression, en créant un groupe autonome et sous-entendant que le vote pour Gérard Collomb ne relevait en rien de l’évidence. Deux postes de VP pourraient donc être donnés à des conseillers communautaires villeurbannais -qui sont au nombre de 17 pour ce mandat.
La méthode de gouvernance : « le précédent mandat n’est pas un bon exemple »
En attendant, Jean-Paul Bret n’a pas manqué de poursuivre sa (petite) fronde et de marquer la différence, dans son discours qui a suivi l’élection de Gérard Collomb. Le soutien de son groupe baptisé « La Métropole autrement » ne se fera pas sans conditions :
« Concernant la gouvernance, et l’exercice des responsabilités, demain ne pourra pas être comme hier. Le précédent mandat n’est pas un bon exemple. Les décisions ne peuvent pas précéder les discussions. »
Sans compter le reproche bien senti et l’accusation à peine voilée faite à Gérard Collomb qui, selon Jean-Paul Bret, aurait eu tendance à privilégier la ville de Lyon dans les projets votés à la communauté urbaine.
François-Noël Buffet est resté lapidaire après la défaite, souhaitant « bon vent à la Métropole ».
Michèle Picard, maire PC de Vénissieux, réélue en mars dernier, a fait passer son message au lendemain du vote au Grand Lyon. Elle n’enverra pas dans l’exécutif de Gérard Collomb des conseillers communautaires communistes issus de cette commune de l’Est de l’agglomération. Pour Michèle Picard, les objectifs d’économie et de simplification de la réforme territoriale ne feraient que « cacher la mise en oeuvre des politiques d’austérité de Bruxelles et du gouvernement ». En somme, elle bataille comme la plupart des autres maires pour s’assurer d’obtenir de la future Métropole des budgets conséquents pour les projets de sa commune.
La Métropole, la déconcentration, la proximité…
Gérard Collomb a, une fois élu, insisté sur l’enjeu principal : « réussir la Métropole », avec un discours portant uniquement sur cette perspective.
A 67 ans, le président du Grand Lyon estime que les Lyonnais et donc lui-même, avec la construction de cette collectivité, sont des « pionniers » pouvant se féliciter d’une certaine « audace » dans la façon de mener le projet métropolitain.
Rappelant l’ensemble des compétences qu’il aura prochainement en mains, Gérard Collomb a dessiné les contours d’une collectivité dont les pouvoirs seront démultipliés. Des thèmes évoqués en forme de promesses : le logement, avec « des parcours résidentiels » pour « mieux calibrer l’offre » ; l’emploi, avec une meilleure connaissance des bénéficiaires du RSA et la possibilité pour eux de (re)trouver plus facilement un job ; l’éducation avec des parcours (le terme est employé souvent) pour initier la réussite de l’école au collège.
Et les Nuits de Fourvière, le musée des Confluences, les musées gallo-romains, qui doivent « enrichir » l’offre culturelle de l’agglo. Gérard Collomb n’a pas manqué de prononcer les mots-clefs qui doivent faire mouche auprès des élus Synergies : « cohérence », « proximité », « déconcentration » des pouvoirs dans les communes et, même, en forme de big up tout particulier, « synergie » des territoires.
Pour le président du Grand Lyon, il s’agira du « mandat de l’apprentissage et de la transformation ». Celui des négociations sur le fil, du parcours d’équilibriste, sans doute aussi.
> Mis à jour jeudi 17 avril avec la communiqué du groupe EELV.
>Mis à jour jeudi 17 avril à 15h avec le communiqué de Michèle Picard, maire PC de Vénissieux.
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