En politique, tout est question de symbole. Le raout de lancement avait lieu au Palais de la Mutualité, dans le 7e arrondissement, le symbole de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’économie sociale et solidaire ». Quant à la conférence de presse, car il fallait bien en faire une, elle a eu lieu dehors, sous une tente.
A l’intérieur, ce sont environ 300 personnes qui ont rempli la salle. On trouvait un grand nombre de militants politiques et syndicaux et certainement de nombreux colistiers, sachant que 221 noms sont nécessaires pour constituer les neuf listes. Les militants communistes étaient logiquement les plus visibles, le PCF restant la force ultra-majoritaire du Front de gauche.
Cet équilibre des forces militantes s’est naturellement retrouvé dans l’attribution des têtes de liste pour chacun des arrondissements : le PCF truste cinq têtes de liste, avec notamment la secrétaire de la section de Lyon, Aline Guitard, dans le 4e arrondissement.
Le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon (deuxième force du Front de gauche) mènera le combat dans deux arrondissements dont le 8e, avec son co-responsable départemental, Andréa Kotarac. La troisième force, « Ensemble », obtient un seul arrondissement (le 9e) avec le conseiller régional Armand Creus. Et évidemment, comme dirait Gérard Collomb dans son slogan de campagne, part dans le 1er arrondissement Nathalie Perrin-Gilbert sous l’étiquette non pas du PS (duquel elle vient d’être exclue) mais de son club de réflexion, le Gram.
Outre cinq têtes de liste et de nombreux colistiers (les listes définitives devaient être connues courant mi-février), ce sont bien les communistes qui assurent la logistique même si la majorité des élus PCF ont choisi d’être fidèles à Gérard Collomb. Le directeur de campagne est un permanent de la fédération du Rhône. Et s’il n’y a pas de local de campagne, la liste nommée « Lyon citoyenne et solidaire » a son adresse, précisément, à la fédération du Rhône, cours Albert Thomas.
Mouvement social, régies publiques et gratuité des transports
Quant au programme commun, on nous dit qu’il n’est volontairement pas finalisé. A la gauche de Collomb, on veut laisser la place aux Lyonnais pour qu’ils apportent leurs idées lors des réunions publiques ou à l’occasion d’une rencontre sur un marché.
Certes, mais le programme du PCF est déjà finalisé depuis trois mois et les grands axes existent et sont déjà suffisamment précis.
Et un meeting sans quelques propositions, ça n’aurait quand même pas beaucoup de gueule.
Les quatre porte-parole (Kotarac, NPG, Creus et Guitard) ont donc successivement chauffé les planches du Palais de la Mutualité pour égrainer les principales propositions.
Sans grande surprise, les revendications de cette fin du mandat concernant la gestion des services publics ont été reprises. A l’applaudimètre, on note un grand succès pour le passage à une gestion en régie publique de l’eau, du ramassage des déchets et des cantines de Lyon.
Idem quand Nathalie Perrin-Gilbert, solennelle, a « pris l’engagement » d’arrêter l’opération de transformation de l’Hôtel-Dieu en boutiques et hôtel de luxe et à le « redonner » aux Lyonnais pour en faire un pôle régional de promotion de la santé, comme « le maire s’y était engagé ».
Attelage gauche/extrême gauche : « alliance de façade » ?
C’est à travers ces propositions que l’on saisit toute la différence entre la maire du premier arrondissement et ses colistiers. Elle veut la création d’un « établissement public foncier », comme il en existe ailleurs en France pour geler des terrains et limiter l’inflation ou bien la création de 6 000 logements étudiants quand Gérard Collomb en propose, dit-elle, 4 000. Autant de propositions qui la classe à la gauche du PS quand un Andrea Kotarac, du parti de Mélenchon, avance la gratuité des transports publics, classique proposition de l’extrême gauche.
La différence est encore plus criante quand Armand Creus, ancien syndicaliste CGT du Grand Lyon, prend la parole pour appeler la Ville de Lyon et le Grand Lyon a soutenir les potentiels projets alternatifs de reprise de l’entreprise SITL (ex-FagorBrandt à Gerland) actuellement en redressement judiciaire.
Les différences entre Gram et Front de Gauche mais également entre les formations internes au Front de gauche sont telles que certains, notamment chez Europe-Ecologie les Verts (EELV), considèrent cette alliance comme étant « de façade » ou « technique ». Eux assurent qu’il n’y a pas un « papier de cigarette » entre leurs positions. A suivre notamment si la participation à un futur exécutif dirigé par Gérard Collomb se pose après le premier tour.
En attendant, « Lyon citoyenne et solidaire » mise sur quelques arrondissements pour faire un bon score : dans les 4e, 7e, 8e et surtout dans le 1er arrondissement où Nathalie Perrin-Gilbert, après deux mandats de maire sortante, est très bien implantée.
Quant aux 2e et 6e, la messe est déjà dite. A tel point qu’ils n’ont pas trouvé nécessaire d’imprimer pour ce vendredi soir les tracts des têtes de liste de ces arrondissements.
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