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Municipales 2014 : les écolos lyonnais abandonnent leur stratégie anti-Collomb

Que vont peser les écologistes lyonnais ? La stratégie d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) pour les élections municipales à Lyon, encore floue il y a un mois, est désormais actée : sous leur unique bannière, ils veulent compter leur voix au premier tour pour, en vue du second tour, négocier des places et un contrat de mandature avec Gérard Collomb.

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Exit, définitivement, les alliances avec le Front de gauche et la maire ex-PS du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert. Les premiers sont jugés par la direction d’EELV trop « productivistes » et la seconde trop « opposée à Collomb ». Mais cette voie n’offre pas de garantie et soulève même la grogne d’une partie des militants lyonnais qui souhaitaient une large alliance à la gauche de Gérard Collomb, excluant le maire candidat.

Cette campagne de « propositions » a été lancé ce mercredi matin par une conférence de presse où chaque tête de liste a décliné quelques idées pour son arrondissement.

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Etienne Tête et Emeline Baume, les deux têtes de liste pour EELV Lyon, lors du lancement de la campagne le 8 janvier. © Laurent Burlet/Rue89Lyon

Mieux négocier avec Gérard Collomb

Rien n’est simple chez les écologistes, surtout à Lyon.
Il y a près d’un an, ils avaient initié un processus d’autonomisation vis-à-vis du maire de Lyon en avançant l’idée d’un large rassemblement à la gauche de Collomb, baptisé « Un nouveau souffle pour Lyon ».

Mais en ce début janvier, les écologistes ont fermé définitivement la porte au Gram de Perrin-Gilbert et au Front de gauche. Désormais, le slogan est « Inspirez Lyon ».

Même Etienne Tête, allié à Emeline Baume pour conduire la campagne écologiste, adoucit son discours anti-Collomb, notamment s’agissant du Grand Stade alors qu’il est l’avocat des opposants à ce projet. Pour lui, ce n’est pas un obstacle à une alliance avec le PS au second tour :

« Le Grand Stade est juridiquement sur les rails même s’il reste des contentieux. La question se posera s’il y a une annulation par la Justice. Nous n’avons pas politiquement les moyens de l’arrêter, contrairement à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes ».

Mis en minorité dans les 4e et 7e arrondissement, Etienne Tête pourtant suspendu par Gérard Collomb de son mandat d’adjoint, semble s’être rallié à la direction locale d’EELV. De là à faire la campagne a minima, il n’y a qu’un pas. Juste pour l’anecdote, on remarquera qu’il était absent de la photo de famille finale (ci-dessous).

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La photo de famille d’EELV sans Etiene Tête – Capture d’écran du site LyonMag.

 

Faire comme aux régionales

Etienne Tête prend désormais, lui aussi, comme modèle, les élections régionales de 2010 où les écolos étaient également partis seuls avant de négocier avec le PS de Jean-Jack Queyranne :

« Nous cherchons la légitimité des électeurs. Nous l’avons obtenu pour les régionales ce qui nous a permis de bien négocier avec les socialistes. Nous avons par exemple fait renoncer au financement de l’A45 par la Région. C’est la même chose à Lyon, nous voulons peser pour supprimer des projets inutiles comme l’Anneau des sciences voulu par Gérard Collomb ».

La co-animatrice de la campagne, Emeline Baume, va dans le même sens :

« Nous voulons savoir comment les électeurs vont placer le curseur. Veulent-ils un peu, beaucoup, à la folie de l’écologie? Ensuite nous pourrons entrer en négociation avec les autres forces de gauche ».

Pour ne pas insulter l’avenir mais aussi le passé, les écologistes ne feront donc pas une campagne anti-Collomb. Pierre Hémon, responsable du groupe écologiste à la mairie de Lyon, est le principal artisan de cette stratégie. Lui-même est toujours adjoint aux personnes âgées :

« Nous sommes fiers de notre bilan. Nous ne voulons donc pas être dans l’opposition mais dans des propositions concrètes ».

 

Objectif : faire 10% à 20% des voix

On comprend mieux aujourd’hui que le large rassemblement voulu était, en fait, un « Nouveau souffle » autour d’EELV et non une alliance de plusieurs formations ou personnalités.
Dans ces conditions, les propositions en terme de places sur les listes ont pu paraître inacceptable pour les potentiels partenaires. C’est l’avis de Nathalie Perrin-Gilbert et de son Gram.

Pierre Hémon se justifie :

« Nous devons être le socle de toute alliance ».

Pour lui, la grande alliance de la gauche de Collomb n’est pas la garantie d’un bon score :

« C’est un fantasme de penser que l’alliance des « contre » peut faire du « pour » ».

Pour ces premières élections municipales en autonomie pour les Verts, Pierre Hémon mise sur un score entre 10% et 20%. Il prend pour exemple les scores réalisés dans le 3e arrondissement aux dernières élections, qui montrent, selon lui, la tendance lyonnaise :

« Le corps électoral lyonnais nous est favorable. Aux cantonales, régionales et européennes, nous avons réalisé entre 18% et 26%. Même s’il y a eu beaucoup de nouveaux arrivants, il s’agit aussi de notre électorat : des familles de classe moyenne ».

 

Pas de communistes au premier tour

La direction d’EELV vise clairement un « électorat centriste », comme l’a reconnu Pierre Hémon. On comprend mieux, là encore, pourquoi les écolos refusent une alliance avec le Front de gauche.

Sur le fond également, ils ont listé des différences, surtout avec les communistes. Emeline Baume :

« Je ne me retrouve pas dans leur dynamique productiviste et pro-voiture ».

Mais ce qui est vrai pour le premier tour ne le sera pas pour le second. Pierre Hémon prend encore pour exemple les régionales :

« On se basera sur les voix de chacun et on pourra faire des arbitrages. Mais pour nous, il était hors de question de partir au premier tour sous la bannière communiste ».

 

La « grogne » d’une partie des militants

Cette stratégie de l’autonomie dans l’autonomie voulue par la direction des écolos lyonnais n’est pas du goût de tous les militants qui avaient signé l’appel « Nouveau souffle ».

Nombreux sont ceux qui jugent, contrairement à Pierre Hémon, que cette stratégie peut être suicidaire : sans alliance à gauche de Collomb, le risque serait l’effritement des voix. Particulièrement dans le 1er arrondissement, compte tenu de la forte implantation de Nathalie Perrin-Gilbert.
Pour un vieux militant vert, cela montre une fois de plus une des tares du parti écolo, un « mélange de calcul, d’ego sur-dimensionné et de nombrilisme » :

« Les Verts veulent être le pivot et, on le voit dans le premier arrondissement, Emeline Baume s’est accrochée à la tête de liste face à la maire sortante. Pour la maire sortante, c’était forcément inacceptable ».

Ces écolos favorables à une alliance avec le Gram et le Front de gauche au local malgré les divergences sur le productivisme, ont le sentiment également de ne pas avoir été suffisamment concertés et que, au final, c’est la direction locale d’EELV qui a choisi la stratégie qui l’intéressait.

Un signataire du « Nouveau Souffle », non encarté chez les Verts, va même jusqu’à dire que cette stratégie vise surtout, pour le « politburo » des Verts à maintenir leur poste auprès de Collomb :

« Tout sera fait durant la campagne pour arrondir les angles contre Gérard Collomb. Même Etienne Tête, maintenant qu’ils l’ont marginalisé, fait profil bas ».

Difficile de dire ce que représente cette « grogne » dont parlent ces militants. Certains évoquent un quart des quelque 160 écolos lyonnais.
Le Front de gauche et le Gram, en annonçant leur alliance, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils accueilleraient volontiers ces militants déçus.
Mais il ne semble pas qu’ils aient massivement décidé de passé sur les autres listes. Un militant écolo glisse :

« On ronge notre frein. On ne veut pas faire exploser la campagne. On la fera a minima. Et au lendemain des élections, on réglera nos comptes ».


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