laissé le candidat UMP à la mairie de Lyon annoncer, il y a une semaine, qu’il n’y aurait pas d’union avec les centristes de l’UDI au premier tour. Cela a eu pour effet de relancer les négociations qui tournaient sur elles-mêmes. Une semaine plus tard, ce lundi, Michel Havard a officiellement présenté cet accord, lors d’une conférence de presse.
L’UDI obtient un tiers des places sur les listes. Et si Gérard Collomb repasse, le parti centriste conserverait (si il le gagne) le 2e arrondissement. Le 6e arrondissement devrait revenir à l’UMP : c’est la députée Dominique Nachury qui y mènera campagne.
Michel Havard avec, à sa gauche, le chef de l’UDI à Lyon Christophe Geourjon © Laurent Burlet / Rue89Lyon
Nationalisation de la campagne
Tout sourire et la blague facile, Michel Havard avait donné rendez-vous à deux pas de son local de campagne, à la Comédie Odéon, un cinéma reconverti en théâtre, rue Grolée (Lyon 2e). Devant les responsables départementaux de l’UMP (mais pas ceux de l’UDI), il a pu revêtir l’habit du leader de « la droite et du centre ». Un centre que convoite également Gérard Collomb. Il en a donc remis une couche sur le mode du « double discours » de Gérard Collomb :
« Il se dit centriste à Lyon et vote les projets de loi du gouvernement au Sénat, à Paris ».
Fait nouveau, il y a adossé ce refrain éculé d’une « nationalisation » de sa campagne :
« Le vote des Lyonnais compte double. Il y a un enjeu national dans cette campagne. Lyon est une grande ville. Le soir des élections, l’ensemble des Français va regarder Lyon et Paris. Si ces deux villes basculent, ce sera un tsunami ».
Un coup de jeunes et de nouvelles têtes
Nouveauté également, la manière de présenter les chefs de file par arrondissement. Au lieu de présenter les têtes de liste, Michel Havard a opté pour un coup de projecteur sur ceux et celles qui seraient maires si l’arrondissement bascule ou reste à droite.
Optimiste, celui qui brigue la mairie de Lyon a présenté un scénario « grand chelem ». Dans ce cas-là, il y aurait cinq UMP, deux UDI et deux représentants de la société civile à la tête des mairies d’arrondissement. La moyenne d’âge de l’équipe est de 46 ans et quatre candidats sur neuf n’ont jamais été candidats à une élection municipale.
Ce week-end, dès l’accord UMP/UDI, il se sont tous fait prendre en photo devant leur mairie rêvée. Chacun a alors écrit un court CV rapidement mis en page pour le dossier de presse. Voilà ce qu’on peut notamment apprendre :
- Lyon 1er : Jean-Baptiste Monin (UMP), 34 ans, marié et père de 2 enfants. Il est chef d’entreprise « dans le domaine de l’enseignement », sans que l’on sache bien ce que cela veut dire. Pour lui, « il n’y aura plus de sujet tabou ». On est soulagé.
- Lyon 2 : Véronique Bauguil (UDI), 50 ans, mariée et mère de quatre enfants. Elle est actuellement adjointe au maire en charge de la petite enfance et des personnes âgées. Elle est « attachée à la personne humaine et à la famille ». Tout un programme.
- Lyon 3 : Pierre Bérat (UMP), 46 ans, est père de deux enfants, il est conseiller régional. Il s’est installé dans le 3e arrondissement il y a 20 ans, rue de la Victoire. « Sans doute un signe », précise-t-il.
- Lyon 4 : Josselin Edouard (société civile), 46 ans. Il est responsable du service Système d’information commun aux Chambres d’agriculture de Rhône-Alpes après avoir été collaborateur de Raymond Barre au Grand Lyon. Il se sent « pleinement fils de la Croix-Rousse ». C’est donc « tout naturellement » qu’il est revenu s’installer à la Croix-Rousse avec sa famille il y a 15 ans. Contrairement aux autres, il n’a pas voulu dire s’il avait des enfants.
- Lyon 5 : Jean-Pierre Dufour (UMP), 63 ans, est président régional d’une mutuelle d’assurance et président d’honneur des anciens de Sciences Po. Il vient « de prendre sa retraite », ce qui le rend « disponible à temps plein pour s’engager au service des habitants de l’arrondissement ». Ses amis candidats apprécieront. Il se présente comme catholique social, « très attaché à la doctrine sociale de l’Eglise ». On ne sait pas s’il a des petits enfants.
- Lyon 6 : Pascal Blache (société civile), 48 ans, chef d’entreprise, il est marié et père de 2 enfants. C’est sa première élection. Il veut appliquer à la politique les méthodes de l’entreprise. On apprend notamment que « sa société se développe fortement à l’international » et qu’il est un « manager d’équipe et d’énergies ». Heureux en affaires, donc.
- Lyon 7 : Laure Dagorne (UMP), mariée et mère de 2 enfants. Elle travaille dans le domaine de la formation et de l’insertion. C’est le deuxième visage relativement connu, avec Pierre Bérat. Elle a été élue au conseil d’arrondissement pour la première fois en 1995. Elle a été suppléante du député Dubernard. Elle n’a qu’une phrase en bouche : « placer l’humain au cœur des quartiers ».
- Lyon 8 : Stéphane Guilland (UMP), 43 ans. Marié et père de 4 enfants, responsable juridique dans une entreprise régionale. Lui qui a été élevé « à la campagne », nous fait une révélation et une confidence : « Dans le 8e arrondissement, on se parle. (…) Lorsque j’ai emménagé dans le quartier des Frères Lumière en 2003, je me suis fait en 6 mois plus de relations et d’amis qu’en 15 ans ailleurs ». Il siège au conseil d’arrondissement depuis 2008.
- Lyon 9 : Christelle Madeleine (UDI), 43 ans, est mère de 2 enfants. Elle est responsable du développement économique dans une grande enseigne de la distribution. « Elle a présidé jusqu’au printemps dernier l’une des plus belles chorales de Lyon ». Elle a un seul mot d’ordre. Et quel mot d’ordre : « le commerce, c’est la vie ! »
Havard, leader de l’opposition de droite et du centre
En présentant de cette manière ses premiers candidats, Michel Havard a habilement fait passé au second plan les poids lourds de l’UMP et de l’UDI lyonnaise qui ne font pas trop « équipe nouvelle pour Lyon » (son slogan d’aujourd’hui).
Assis tous en rang d’oignon en face des potentiels maires d’arrondissement, ils ont fait allégeance à celui qui a remporté les primaires. Les candidats malheureux ont évidemment une bonne place sur les listes :
- Nora Berra : en deuxième place dans le 3e arrondissement.
- Emmanuel Hamelin : tête de liste dans le 4e arrondissement et porte-parole de la campagne.
- Georges Fenech : en troisième place dans le 2e arrondissement.
Le chef de l’UDI lyonnaise, Christophe Geourjon, à la gauche de Michel Havard, sera tête de liste dans le 7e.
Quant à Denis Broliquier, qui était contre cette union UMP/UDI, il dirigera la liste dans son arrondissement, le 2e arrondissement. Il est assuré de garder sa mairie en cas de défaite d’Havard à la mairie centrale. Mais si ce dernier gagne, il cèdera son poste de maire à son actuelle adjointe et deviendra lui-même adjoint au nouveau maire, Michel Havard.
Dans la même logique, en cas de défaite à la mairie centrale mais de victoire dans le 5e arrondissement, Michel Havard sera le maire du 5e et non pas Jean-Pierre Dufour.
Seul couac lors de cette belle journée pour la droite, l’UDI Fabienne Lévy qui trouve, sur son blog justement que l’UDI n’est pas suffisamment représentée :
« Michel Havard, si il veut gagner en crédibilité ,doit savoir ouvrir son équipe de campagne et sa zone de communication à d’autres personnes que le seul Christophe Gourjeon, bien seul au milieu des parlementaires UMP ou des fidèles de l’UMP comme son célèbre porte parole Emmanuel Hamelin ! »
Après s’être montré à la remorque du candidat « non-officiel » Collomb, notamment au sujet du comité de soutien du maire de Lyon, Michel Havard aurait-il (enfin) lancé sa campagne ? Cela mérite confirmation. Il n’a toujours pas décidé d’accélérer le rythme. Il faudra (encore) attendre début janvier, pour connaître son programme. D’ici là, Michel Havard vous souhaite de passer de bonnes fêtes. Lui, il va les passer le nez dans ses propositions, nous annonce-t-il.
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