et automne. Jusqu’à la suivante ?
Ecole Gilbert Dru dans le 7e arrondissement de Lyon. ©Laurent Burlet / Rue89Lyon
École primaire Gilbert Dru, rue Saint-Michel, dans le 7ème arrondissement de Lyon, ce vendredi à 18 heures. Une petite salle de sport avec quelques chaises. Il y a là des parents d’élèves, des enseignants et quelques membres de la Ligue des droits de l’homme locale.
Vin chaud et discussions chaleureuses pour soutenir Adriana, Zorka et Adna qui sont toutes les trois élèves à l’école. Leur point commun ? Elles sont sans domicile depuis plusieurs jours.
Depuis ce jeudi soir, l’école a ouvert ses portes, le soir venu pour héberger les deux familles, aux côtés de parents d’élèves et d’enseignants. En attendant une solution.
Expulsées d’un squat quai Perrache
Adriana et Zorka d’abord. Elles vivaient avec leurs deux frères et leurs deux parents au squat du quai Perrache expulsé manu militari ce lundi. La famille, rom, vit en France, à Lyon, depuis 6 ans.
Ils ont préféré partir du squat jeudi dernier, avant l’intervention policière :
« Quand la police est venue une première fois pour dire que bientôt, ils allaient venir pour nous expulser avec la force, on a décidé de s’en aller », raconte Dan, le papa, en se faisant aider dans la traduction par un membre de sa famille.
Alors que la préfecture avait annoncé à Rue89Lyon que les familles avec enfants en bas âge allaient se voir proposer une solution d’hébergement, il n’en est toujours rien pour l’heure pour cette famille de 4 enfants, dont Georehe (prononcer Giorgi), 3 ans.
Heureusement, dès jeudi dernier, l’école a pris le relais : c’est le collectif de solidarité Gilbert Dru, avec la participation de la mairie du 7e arrondissement, qui a payé des nuits d’hôtel pour les six membres de la famille. Mais, comme explique la directrice, Pascale Minet :
« On s’est vite rendu compte que financièrement, on n’allait pas pouvoir tenir longtemps. Alors on a décidé d’occuper l’école ».
Demande d’asile rejetée, hébergement retiré
Du côté d’Adna, 8 ans, l’histoire est un peu différente. Ils sont Bosniaques, sa maman est juriste. Ils sont venus en France pour soigner la petite fille qui a de graves problèmes de santé. La directrice :
« Ils étaient tous trois hébergés dans un hôtel par Forum réfugiés, et quand leur demande d’asile a été rejetée, ils ont dû quitter l’hôtel, avec un délai. Du coup, depuis lundi soir, ils étaient sans solution ».
La directrice poursuit :
« En fait, tout a commencé pour une autre famille qui avait cinq enfants, dont trois scolarisés chez nous. Ils vivaient sur un bout de terrain dans le quartier depuis plusieurs mois. Quand il a commencé à faire froid, on a décidé de se mobiliser ».
Pour eux, une solution d’hébergement a été trouvée jeudi dernier.
« Ça se passe bien maintenant, commente un instituteur. Ils sont à Villeurbanne et les enfants continuent de venir ici à l’école ».
Des familles avec enfants à la rue : un problème récurrent à Lyon
Dans la salle, quelqu’un analyse :
« Cette année, on a un président socialiste, mais c’est la première fois qu’on est obligés d’occuper l’école pour trouver un hébergement à des enfants. Les années précédentes, le problème pouvait se poser, mais on arrivait à trouver des solutions en amont, avant que les gens se retrouvent à la rue ».
Une maman relativise :
« Tu oublies que les années précédentes, il y a eu beaucoup de familles qui ont été hébergées chez des parents d’élèves quand même ».
Comme le montre la mobilisation pour Marwa à l’école Giono en novembre dernier, le problème n’est pas nouveau. Il semble même étendu. Une membre du collectif :
« Il y a d’autres écoles qui sont touchées, on a été contactés par une école dans le 6ème arrondissement qui rencontre le même problème et qui voulaient savoir comment se mobiliser, et il y a aussi un ou plusieurs enfants sans hébergement dans une école à Berthelot ».
Il faut dire que le nombre de places d’hébergement d’urgence est de toutes façons bien inférieur au nombre de demandes.
Cependant, pas de quoi faiblir, pour le collectif :
« De toutes façons, si lundi il n’y a pas de solution, on relance le mouvement et on l’élargit ».

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