Les récents événements violents qui ont eu lieu à l’Université Lyon 2 (perturbation du Congrès exceptionnel par une centaine d’étudiants, dégradation du matériel, intervention des forces de l’ordre, violences et arrestations de 6 personnes) posent la question du poids de l’extrême gauche au sein de cette institution et de ses modes d’action.
Si le militantisme activiste étudiant a toujours existé dans cette université (dès sa création en 1973) le maintien d’une telle présence de l’extrême gauche qui a su s’adapter et se renouveler ces dernières années, sous des formes syndicales (FSE) ou politiques (Parti de Gauche et Union des étudiants communistes), paraît tout à fait spécifique dans le paysage universitaire français.
Même s’il ne faut pas la surévaluer au regard des 28 000 étudiants de Lyon 2, la permanence d’une centaine d’étudiants politisés, ou du moins engagés constitue en effet un poids réel qui tente de peser, parfois de manière opportuniste, dans le mode de fonctionnement de l’établissement.
Radicalisation des modes d’action
Leurs modes d’action se sont radicalisés ces dernières années : les premiers grands blocages d’établissement ont lieu dans les années 2000 (à l’occasion de l’opposition au CPE en 2006, puis à la loi LRU en 2009).
En novembre 2010, lors des manifestations contre la réforme des retraites, cette extrême gauche se fait remarquer par les mobilisations parmi les plus violentes et destructrices : des dégradations nocturnes sur le campus de Bron, à la suite d’une assemblée générale, sont telles qu’elles font alors la « une » des médias nationaux.
Le recours à la violence politique par cette petite minorité est désormais systématique et surtout plus rapide, même hors de toute mobilisation nationale.
Rapide recours à la police
Mais la nouveauté tient aujourd’hui à la réaction de la présidence de l’université. Jusqu’à présent existait une certaine tolérance tacite vis-à-vis des actions spectaculaires de cette extrême gauche sur le campus : il fallait attendre des jours, voire des semaines de blocages avant que la présidence ne fasse intervenir les forces de l’ordre. Ce qui a surpris jeudi dernier, ce fut le recours rapide à la police comme si tout mode de régulation interne avait disparu ou était épuisé.
Il est vrai néanmoins que le lieu et les circonstances de la contestation étaient exceptionnels : non plus Bron, mais les quais du Rhône à l’occasion d’une réunion de tous les représentants élus des instances de l’université. Ceci explique probablement cela. Quoi qu’il en soit, la rupture entre les principaux protagonistes – étudiants activistes d’un côté, équipe présidentielle de l’autre – semble d’ores-et-déjà consommée. Désormais, nous assistons à une rapide montée en régime de la contestation à laquelle répond une intervention policière. Et cette accélération du processus de confrontation risque de devenir une constante à l’avenir.
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