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A Lyon, les communistes votent contre Collomb et pour le Front de gauche

Contrairement à leurs camarades parisiens, qui ont choisi faire de alliance avec les socialistes, les communistes lyonnais ont voté l’autonomie, aux côtés de leurs alliés du Front de gauche, pour les municipales de mars 2014. C’est une surprise : le PC a toujours soutenu Gérard Collomb depuis sa première élection en 2001. Mélenchon peut sourire.

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Les communistes ne sont plus les meilleurs amis de Gérard Collomb. Par 100 voix sur 191 participants (298 militants à jour de cotisation), les militants du PC lyonnais ont choisi un « rassemblement Front de gauche » plutôt qu’un « rassemblement avec la majorité municipale sortante ».

Ce samedi matin, chez les autres partenaires du Front de gauche, Parti de gauche en tête, on affiche un large sourire, une semaine après la déconvenue du vote des communistes parisiens en faveur d’une alliance avec le PS.

Le vote des élus communistes de Lyon après celui de Marseille ou de Bordeaux permet de dire que le choix du rassemblement avec le PS dès le premier tour dans la capitale n’est pas représentatif. Cela permet aussi Jean-Luc Mélenchon de décliner une nouvelle rhétorique : la France contre Paris.

C’est le sens du billet de l’ancien candidat Front de gauche à la présidentielle, sur son blog posté ce samedi matin :

« La ligne de l’autonomie est ultra majoritaire dans le peuple communiste du pays. (…) Paris devait être le cimetière de la cohérence du Front de gauche, c’est devenu le repoussoir le plus pédagogique de la ligne du retour dans le giron du PS. Massivement, les communistes refusent de ressembler à ces parisiens-là ! »

 

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Aline Guitard, la chef de file des communistes de Lyon. ©Laurent Burlet / Rue89Lyon

 

Les élus communistes lyonnais mis en minorités

Ce vendredi soir, à l’énoncé du score serré (52,9% en faveur de l’autonomie), la cinquantaine de camarades réunis au siège de la fédération du Rhône n’a pas explosé de joie. Ce sont surtout les jeunes militants qui ont exprimé leur contentement, dans la retenue.

Au PCF, on n’affiche pas publiquement ses positions. Il faut donner l’image d’un parti uni. Mais il était assez clair que l’immense majorité des 14 élus lyonnais ainsi que la direction fédérale avaient choisi de repartir avec le PS de Collomb. Leurs votes au conseil municipal comme au conseil communautaires montraient l’étendu de ce soutien à la politique du maire de Lyon et président de la communauté urbaine (sur la gestion de l’eau ou la collecte des déchets). Vendredi soir, Roland Jacquet, conseiller communautaire du 3e arrondissement, ne pouvait s’empêcher de montrer son amertume en parlant d’un vote « très décevant » qui « oublie le bilan des élus communistes ».

Mais le parti est discipliné et, même ceux qui admettaient avoir voté pour Collomb, promettaient de « mouiller le maillot » pour la campagne Front de gauche.

Enfin presque. Dès le lendemain du vote de la section, huit élus communistes lyonnais ont envoyé un communiqué au Progrès. Roland Jacquet, Nicole Gay, Louis Lévêque ou Gérard Claisse (pour ne citer que quatre d’entre eux), estiment que « refuser l’union avec les socialistes, c’est créer la division » alors qu’ils veulent « être efficaces face à la droite ».

Par ailleurs, ces élus ne croient pas, mais alors pas du tout, à la démarche Front de gauche qualifié de « brouillard politique et démarche à l’aveugle ». Ils concluent en annonçant qu’ils ne seront pas candidats communistes sans dire qu’ils iront (ou pas) avec Gérard Collomb.

 

Contre la politique du PS nationalement et localement

Vendredi soir, vers les 21 heures, après la fin du dépouillement des bulletins, la secrétaire de section, Aline Guitard, s’est enfermée dans son bureau pour rédiger une analyse du vote. Elle a également été confortée dans son statut de chef de file des communistes de Lyon, avec un score « soviétique » de 98,9% des voix. Un quart d’heure après, celle qui sera la tête de liste aux municipales faisait sa déclaration à ses camarades. Pour elle, le vote s’explique par un double contexte national et local :

  • « La politique d’austérité menée depuis 18 mois par le gouvernement PS / EELV : recul de l’âge de la retraite, cadeaux fiscaux au Medef, création de la Métropole lyonnaise ».
  • « Les propositions faites par le PS lyonnais et Gérard Collomb – tant en matière de programme que d’élus- n’ont pas donné le sentiment aux communistes que nos partenaires historiques voulaient au premier tour un rassemblement large de la gauche ».

S’agissant du nombre d’élus mis dans la balance, l’Humanité annonce que le PS garantissait, en cas de victoire, 19 sièges dont 6 au conseil communautaire et 6 au conseil municipal (contre respectivement 14, 4 et 5 obtenus en 2008).

 

Un programme pour 2014 en décalage avec Gérard Collomb

Concernant les proposition du PS, les objectifs en matière de logement social, de santé ou de transport n’ont pas paru suffisant au regard du programme élaboré il y a un mois par les communistes de Lyon. Un programme très éloigné de ce que porte l’actuel maire de Lyon (jusque là avec le soutien des élus communistes). Illustrations :

  • Les communistes plaident pour une la gestion de l’eau, du traitement des déchets et de la restauration scolaire en régie alors que Gérard Collomb défend le modèle de la délégation de service public.
  • Ils rejettent la création de la Métropole de Lyon (qui « éloigne les citoyens des décisions les concernant ») et souhaitent renforcer le pouvoir des arrondissements, alors que le président du Grand Lyon ne jure que par « sa » Métropole.
  • Ils souhaitent que la politique de vidéosurveillance, « parfois jugée comme liberticide », soit « réexaminée » au regard de son efficacité alors que Collomb défend l’extension du nombre de caméras.
  • Ils proposent l’extension du programme d’insertion « Andatu » pour les familles roms en développant les capacités d’accueil de ce dispositif, alors que Gérard Collomb n’a de cesse de réclamer que l’avenir des Roms est en Roumanie.

 

Et maintenant : Front de gauche seulement ou Front de gauche élargi ?

Premier à réagir, Andrea Kotarac co-secrétaire du Parti de gauche (PG) du Rhône s’est évidemment réjoui de cette bonne nouvelle. Avec les autres composantes du Front de gauche, ils devront désormais négocier un programme commun et les places sur les listes. Cela promet (encore) de belles empoignes.

D’autant que PCF et consorts ne sont pas sur la même ligne quant aux discussions avec d’autres partenaires. le PG, Gauche unitaire, les Alternatifs, pour les principaux mouvements, sont favorables à un « Front de gauche élargi », comme ils l’ont répété dans un communiqué commun délivré après le vote.

Vendredi soir, les responsables communistes de Lyon se montraient très réservés sur des alliances pour le premier tour avec les deux autres listes qui sont déjà constituées à gauche de Collomb :

  • Le GRAM de la maire socialiste du premier arrondissement voudrait une « union des forces citoyennes, de gauche et écologistes ». Mais les communistes considèrent que Nathalie Perrin-Gilbert même si elle est « en congé du PS » est toujours au PS.
  • Concernant la liste autonome Europe Ecologie / Les Verts (EELV), le PC considère que son co-leader, Etienne Tête, ne veut pas du PCF dans cette large union qu’il appelle également de ses vœux.

La tête de liste communiste, Aline Guitard, ne veut toutefois fermer aucune porte. Surtout pas celle d’une alliance au deuxième tour avec Gérard Collomb. Pour ne pas faire « basculer Lyon à droite ». Évidemment.

 

> Article actualisé le 28 octobre à 9h15 suite au communiqué de huit élus communistes lyonnais regrettant la stratégie de Front de gauche.


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