On pensait que l’exposition de Jeff Koons au château de Versailles fin 2008 aurait dessillé les yeux du milieu de l’art contemporain. Mais non. Plus c’est gros, plus ça passe.
Par Serge Escalé, blogueur
Qui est Jeff Koons ? Comme nous l’enseigne Wikipedia : après avoir été longtemps courtier en matières premières à Wall Street, Jeff Koons se lance dans l’art « en tant que vecteur privilégié de merchandising ». Ses œuvres sont réalisées dans un atelier, situé à Chelsea, près de New York, avec plus de 100 assistants.
Koons ne réalise aucune œuvre lui-même mais impulse des idées qu’il fait exécuter par ses collaborateurs professionnels. Plus que d’un artiste, il s’agit d’un mystificateur cultivant le kitsch, très apprécié par des milliardaires nouveau-riches – c’est l’artiste favori du grand financier et escroc américain Bernard Madoff ainsi que du milliardaire François Pinault.
Son talent incontestable est de faire monter le prix ce ses « oeuvres » à des sommets stratosphériques. « Balloon Flowers », s’est vendue 25 millions de dollars. Cet argent sert, selon ses dires, à financer son « usine à fabriquer de l’art » et quelques dizaines d’assistants, dans l’esprit de la Factory d’Andy Warhol.
Le « Puppy » de Jeff Koons à Bilbao. Photo : Didier Descouens
Jeff Koons, parfait businessman
Sa communication est bien rodée: plus il est critiqué, plus monte sa cote. A cet effet, il multiplie les interviews, s’est attaché les services d’un directeur de communication et se compare aux plus grands artistes de l’art contemporain. Pas moins.
Parfait businessman, Jeff Koons propose, en marge de ses expositions, des œuvres de petite taille dont il fait effectuer des tirages massifs. Ainsi, on peut trouver des « Balloon Dog » en porcelaine métallisée, édités par l’artiste, pour la modeste somme de 3000 à 5000 € pour un tirage de 2300 exemplaires. Excellente façon de gagner 11,5 millions de dollars sans trop d’efforts, histoire de garnir son portefeuille entre deux grandes expositions. Même tarif et même tirage pour ses « Puppies », petits vases en porcelaine blanche.
Inviter Jeff Koons à la Biennale de Lyon est une faute. A moins qu’il ne s’agisse d’encenser un professionnel du marketing.
Reportage de Cap24paris sur l’expo Jeff Koons au château de Versailles
Lire ce billet en version originale sur le blog Humeurs Numeriques
Aller plus loin
Le site de la 12e Biennale de Lyon

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