Dès 6h30 ce vendredi 23 août, les services de police ont débuté l’expulsion du bidonville de Roms avenue Roger Salengro à Vaulx-en-Velin, le concours de la force publique ayant été accordé le 20 août dernier.
Selon la préfecture du Rhône, 223 adultes et 167 mineurs se trouvaient encore sur le campement ce vendredi matin. Les jours précédents, certaines familles avaient déjà quitté les lieux, sachant l’évacuation imminente.
La coordinatrice des missions de Médecins du Monde à Lyon, Aurélie Neveu, sur place lors de l’expulsion, a tenté ce matin de joindre le 115, afin de trouver une solution de relogement pour les personnes les plus fragiles.
Gilberte Renard, militante du Collectif lyonnais pour l’accès à la scolarisation et le soutien aux enfants des squats (CLASSES), a joint cette coordinatrice vers 9h ce matin et raconte :
« Les familles partent puisque les bulldozers commencent à arriver pour démolir les installations… Mais pour aller où ? Il y a des nouveaux-nés qui ont à peine un mois et beaucoup d’enfants en bas-âge. »
La préfecture a assuré ce vendredi matin que toutes les familles avec enfant de moins de trois ans seraient relogées à l’hôtel. Mais on est loin du compte : une solution a été trouvée pour seulement sept familles, qui seront logées dans un hôtel en périphérie de la ville. Cette mesure concerne des familles avec des enfants en bas-âge ou des personnes fragiles.
Pour la coordinatrice de Médecins du Monde, cette expulsion est un « échec » de plus :
« Globalement, l’évacuation s’est déroulée dans le calme. Mais maintenant, ces personnes vont devoir trouver un autre terrain où s’installer, ailleurs dans l’agglomération. »
Au cours de cette opération d’expulsion, trois obligations de quitter le territoire (OQFT) ont été notifiées et une personne dont l’OQTF était devenue exécutoire a été conduite dans les locaux de la police, pour être ensuite reconduite à la frontière.
Après l’installation d’un premier campement de Roms sur un terrain du Sytral à Vaulx-en-Velin La Soie en octobre 2012, le tribunal ordonne son évacuation le 15 février 2013, mais la procédure d’expulsion n’est pas appliquée. Par la suite, un second campement s’installe à côté en juin 2013, sur un terrain appartenant cette fois au Grand Lyon. Lui aussi fait l’objet d’une ordonnance d’expulsion prononcée le 12 août, mais la décision de justice n’est pas davantage appliquée. Au total, près de 400 Roms sont présents sur ces deux terrains.
Trois jours plus tard, un incendie ravage le camp. Il ne fait aucune victime, mais près de la moitié des cabanons de bois sont détruits par les flammes. Le maire PCF de Vaulx-en-Velin, Bernard Genin, refuse alors d’ouvrir un local municipal pour éviter de recréer un nouveau camp dans sa commune.
Face au statu quo, des riverains se rassemblent à plusieurs reprises, dénonçant les nuisances provoquées par l’insalubrité de ces campements, mais aussi l’illégalité de la situation et le laxisme des pouvoirs publics. Leur souhait ? Qu’une solution de relogement soit trouvée pour cette population. Certains sont venus en aide aux familles Roms qui avaient perdu leur habitation le soir de l’incendie.
> Brève actualisée à 15h30 suite aux précisions apportées par Aurélie Neveu de Médecins du Monde
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