Cela s’est fait dans la discrétion. Et pourtant, la situation bouge pour les demandeurs d’asile, venant bien souvent du Caucase ou des Balkans, qui vivaient sous le pont Kitchener. Du moins pour une partie.
Une cinquantaine d’entre eux sont en effet hébergés sur décision de la préfecture du Rhône, depuis le 1er août. Pour cela, le « village mobile » de Décines a été rouvert. Ce village de Bungalows avait été créé en décembre 2012 par un entrepreneur, Alain Sitbon, pour accueillir temporairement les sans-abri en hiver. Une centaine de demandeurs d’asile, de Perrache et d’ailleurs, y sont maintenant hébergés. Ces personnes sont prises en charge par l’association Forum Réfugiés qui les accompagne dans leurs demandes d’asile.
Jean-François Ploquin, directeur de Forum Réfugiés explique cette décision :
« On a fait le bilan avec la préfecture. Même si, depuis le début de l’année, 200 places d’hébergement ont été ouvertes, il restait toujours des demandeurs d’asile à la rue. Le préfet a donc décidé de rouvrir le « village mobile » »
Cette décision intervient après la mobilisation d’associations. En juin, par exemple, Médecins du Monde avait planté des tentes Place Carnot pour alerter sur la situation des SDF de Perrache.
Le maire UDI du 2ème arrondissement de Lyon, Denis Broliquier, s’était lui aussi intéressé à la question. Après leur installation sous le pont Kitchener, ce dernier avait été reçu par le ministre de l’Intérieur pour demander une solution d’urgence pour les sans-abri de Perrache et discuter d’une possible réforme du droit d’asile.
Reportage de France 3 lors de l’ouverture du « village mobile », en décembre 2012.
A Perrache, « un soulagement provisoire »
Lorsqu’ils se sont installés sous le pont Kitchener, ce n’était pas la première fois qu’ils se faisaient chasser. La place Carnot a connu de nombreuses expulsions ces dernières années. Dernière étape du périple des SDF de Perrache : début juillet, les tentes dans lesquelles ils dormaient, à l’entrée du tunnel du tramway sous Perrache, ont été évacuées. Ils se sont alors déplacés de quelques centaines de mètres pour aller s’installer sous le pont Kitchener, où ils vivaient depuis dans des . Ils se sont alors déplacés de quelques centaines de mètres pour aller s’installer sous le pont Kitchener, où ils vivaient depuis dans des conditions sanitaires très précaires.
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Michel Jouard, militant de longue date dans le quartier, est en contact régulier avec les SDF de Perrache. Il estime qu’ils étaient environ 150 fin juillet à vivre, dans une soixantaine de tentes amassées, dans ce lieu. Il raconte :
« La vie s’est organisée, tant bien que mal, dans ce nouveau lieu insalubre, sombre, malodorant mais abrité sous une immense chape, monstrueuse, bruyante et polluée. Cette sensation étrange que les voitures nous roulent sur la tête. Au début on n’y prête guère attention. Et puis peu à peu, on la sent, la pollution, dans le nez, dans la gorge. On tousse, on étouffe. »
Aujourd’hui, il resterait quelque 80 personnes sous le pont. Ceux qui n’ont pas pu être hébergés à Décines. Certains ne sont pas demandeurs d’asile, d’autres si. Or, si tous ceux ayant déposé une demande d’asile ont normalement droit à un hébergement, la préfecture, face au manque de places, a sélectionné les personnes relogées. Et ceci en fonction de leur vulnérabilité (familles avec enfants, femmes enceintes, personnes malades…) et de leur ordre d’arrivée sur le territoire, explique Forum Réfugiés.
Pour Michel Jouard, cela ne résout que partiellement et temporairement le problème :
« C’est un soulagement provisoire. Mais comme chaque jour de nouvelles personnes viennent s’installer, fin août, on sera dans la même situation que fin juillet. »
Un afflux de demandeurs d’asile considérable dans le Rhône
L’afflux de demandeurs d’asile est une question récurente dans le Rhône, où leur nombre augmente 10 fois plus qu’en France. Selon Forum Réfugiés, le nombre de demandes d’asile déposées a même doublé entre le premier semestre 2012 et le premier semestre 2013. L’association estime que quelque 4000 demandes ont été déposés en 2012.
Pour faire face à cette situation, l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a récemment délocalisé en partie ses services à Lyon. Objectif : recevoir dans les meilleurs délais des demandeurs d’asile d’Albanie et du Kosovo, qui affluent en grand nombre en Rhône-Alpes.
Pour Michel Jouard, « ça a été un progrès considérable » mais il regrette que cette opération n’ait duré que 15 jours :
« Normalement, tout le monde doit aller à Paris pour passer son entretien avec l’OFPRA, dans le cadre de leur demande d’asile. Mais rares sont ceux qui ont l’argent. C’est une véritable galère ! »
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