Par Laurent Burlet et Sonia Barge
La fumée noire et l’immense flamme sorties d’une torchère de la raffinerie pétrolière. © Hervé Coste / Maxppp
« Ce n’était pas un incendie, ce n’était d’ailleurs pas un accident, » tient à rassurer Isabelle Roy, secrétaire générale de la raffinerie Total de Feyzin.
A l’origine de ce nuage de fumée : la panne d’un compresseur au niveau de l’unité de « vapocraquage », qui produit de l’éthylène et du propylène entrant dans la composition de matières plastiques. Un « dysfonctionnement » qui a contraint les techniciens de la raffinerie à diriger des gaz vers la torchère, pour faire baisser la pression. Ces panaches noirs sont donc le résultats de cette combustion.
Marie-Blanche Personnaz dirige le réseau Air Rhône-Alpes, qui surveille la qualité de l’air dans la région. Elle juge « acceptable » la manière de procéder de Total :
« C’est effectivement la procédure la plus acceptable parce que si Total maintenait les gaz dans leur enceinte, celle-ci risquerait d’exploser ; et si Total les relâchait directement dans l’atmosphère, ce serait invisible mais il y aurait de plus grands risques pour la santé ou pour l’environnement. »
« Une légère incidence sur les taux de particules fines »
Dans un communiqué diffusé sur le site, jeudi 18 juillet en fin d’après-midi, Air Rhône-Alpes rend compte des relevés effectués :
« Les fumées bien que spectaculaires n’ont pas entraîné de montée importante des taux de particules mesurés au sol par les trois stations situées sur Vernaison, St Fons et Feyzin ».
« Une légère incidence a été observée très proche de l’unité », souligne toutefois le communiqué. Renseignement pris, la mesure est de 40 microgrammes par m3, ce qui est en dessous du seuil autorisé fixé par la commission européenne à 50 microgrammes par m3
Air Rhône-Alpes tient à préciser que la valeur journalière fixée par la réglementation européenne est dépassée « environ une journée sur trois en hiver » sur l’agglomération lyonnaise en raison de fortes activités automobile, de chauffage et d’industrie, combinées à de mauvaises conditions de dispersion.
« Ces nuages noirs sont spectaculaires. Beaucoup de riverains nous ont alertés, poursuit Marie-Blanche Personnaz. Mais avec ce procédé de combustion, les gaz montent très rapidement dans l’atmosphère, et au sol on n’observe aucune incidence notable. D’autant que ce jeudi la pluie aura lavé ce qui pouvait rester de particules. »
Les dégagements de fumées les plus importants ont eu lieu mardi 16, alors que la raffinerie cherchait à réparer cette panne. Mais d’autres ont eu lieu depuis, et jusqu’à ce jeudi, car ils sont encore en train de tester si tout est revenu à la normale.
Quand la raffinerie Total dégaze
Pour relativiser ce « dysfonctionnement », Total rappelle que la raffinerie en a déjà connu d’autres dans un passé récent, entraînant ce même type de fumée. Le dernier en date a eu lieu en février 2012.
Mais ce ne sont pas les seuls dégazages que connaît cette raffinerie. En 2011 et 2012, deux importants rejets de dioxyde de soufre avaient affolé les riverains en raison de la mauvaise odeur produite. Ces fois-là, il n’y avait pas de fumée noire.
- Le 22 juin 2011, plusieurs centaines d’habitants sont évacués. La cause ? Un « dérèglage » de l’une des unités de traitement des gaz soufrés. Sept personnes terminent aux urgences. La ministre de l’Ecologie de l’époque, Nathalie Kosciusko-Morizet regrette l’alerte tardive des autorités par Total, deux heures après le début de la fuite.
- Le 5 octobre 2012, c’est un « changement de marche d’une unité de distillation de la plate-forme de Feyzin », rapporte le Progrès, qui, cette fois-ci, provoque un rejet de dioxyde de soufre. Dans un communiqué, Total indique que les produits odorants ressentis ce jour-là ne présentent « aucun risque pour la santé ».
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