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Le vrai faux-débat du TGV Lyon Turin

Les 37 conseillers régionaux EELV ont quitté leurs sièges, ce jeudi matin, alors que s’ouvrait un débat sur la ligne à grande vitesse Lyon-Turin. Ils entendaient protester contre l’absence d’opposants au projet TGV invités à la tribune du conseil régional.

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Mario Virano, président de la commission intergouvernementale pour le Lyon-Turin, et Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional.

Par Laurent Burlet et Sonia Barge

Mario Virano, président de la commission intergouvernementale pour le Lyon-Turin, et Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional. © Sonia Barge

« Jean-Jack Queyranne a transformé ce débat en opération de lobbying avec l’audition de promoteurs du projet et un débat politique réduit à la portion congrue »

C’est ce qu’ont déclaré les élus Europe Écologie/Les Verts (EELV) dans un communiqué, alors que, rappelons le, ils participent à la majorité PS/EELV/Front de gauche au conseil régional de Rhône-Alpes.

A la tribune, aux côtés du président socialiste, Jean-Jack Queyranne, on trouvait notamment l’Italien Mario Virano, président de la commission intergouvernementale pour le Lyon-Turin et son vice-président français Louis Besson, ainsi que le président de Lyon-Turin Ferroviaire, Hubert du Mesnil.

Jean-Jack Queyranne a nié le fait qu’il s’agissait d’un faux-débat. Dans un tweet, il a même qualifié ces échanges d’«exercice exemplaire de démocratie locale pour un grand projet ferroviaire ».

 

Un communiqué du groupe socialiste du conseil régional revient également sur cet incident :

« Nous ne pouvons que regretter le revirement d’EELV à l’égard du projet qui figurait dans le contrat de mandature. A cette position de posture, nous répondons par la constance de nos engagements. Au cours des dix dernières années, l’Assemblée régionale a réaffirmé à de nombreuses reprises, avec les voix d’EELV, son soutien à la réalisation de cette infrastructure majeure. »

 

Un débat à sens unique malgré les annonces du gouvernement

Alors que la position du gouvernement reste on ne peut plus floue sur le projet Lyon-Turin, Jean-Jack Queyranne n’a pas hésité, devant les journalistes, à affirmer que « d’ici 5 ans, les travaux du tunnel de base auront débuté. »

Quelques minutes plus tôt, lors des échanges avec les différents groupes politiques, tous les promoteurs de la ligne à grande vitesse avaient tenu le même discours : le Lyon-Turin se fera.

Pourtant, la publication du rapport de la commission Mobilité 21 (dit rapport Duron) classe « le projet d’accès à la liaison binationale en secondes priorités, quel que soit le scénario financier considéré » . Et mercredi 9 juillet, à l’occasion de la présentation des grands projets d’avenir, le gouvernement avait remis ) classe « le projet d’accès à la liaison binationale en secondes priorités, quel que soit le scénario financier considéré » . Et mercredi 9 juillet, à l’occasion de la présentation des grands projets d’avenir, le gouvernement avait remis un document à la presse où l’on pouvait lire :

« Le gouvernement souhaite également que les liaisons internationales trouvent les moyens de leur avancement ».

C’est donc bien un problème de financement qui se pose. Et le président de la région Rhône-Alpes compte sur une rallonge de l’Europe et du gouvernement. Une attitude qui tient de la méthode Coué, selon les opposants.

 

Un débat en coulisse sur le fret ferroviaire et la voie historique

Les élus écolos n’étaient pas bien loin de l’assemblée plénière et ont tenu une conférence de presse quasi permanente. Ils ont tenté de justifier leur revirement en cours de mandat. Jean-Charles Kohlhaas, président de la commission transport :

« Au départ, le Lyon-Turin était un projet prioritairement fret. Nous le soutenions. Mais en 2009, avec la candidature des JO d’Annecy, c’est devenu un projet TGV. Ce n’est plus acceptable ».

Les conseillers régionaux écologistes ont joué la carte de la politique de la chaise vide. © Sonia Barge

Surtout, ils ont mis en avant la stagnation du fret ferroviaire et poids lourd franco-italien et le fait que la voie historique (qui passe par le col du Mont Cenis) n’est pas saturée pour justifier leur opposition.

Paradoxe de la politique, c’est le FN qui a repris, en séance plénière, une partie de l’argumentaire écolo sur «  un investissement entre 12 et 26 milliards, alors qu’il ne devraient pas y avoir de saturation du trafic avant 2035 »

Les membres de la commission intergouvernementale pour le Lyon-Turin ont répliqué que le manque de qualité et de confort sur les voies actuelles incitait les transporteurs de fret à se déporter sur d’autres tunnels, notamment suisses.

« Si on a foi dans les rails, c’est dans ce type de grands projets qu’il faut se lancer, a clamé Louis Besson, vice-président de la commission. Aujourd’hui, il y a bel et bien saturation dans les Alpes : saturation en CO2. Et que ceux qui ne nous soutiennent pas reconnaissent qu’ils ne défendent que l’autoroute. »

Dans leur salon, les écolos avaient paré le coup à l’avance, par la voix de Pierre Mériaux, vice-président de la commission énergie-climat :

« On vient de mettre 900 millions d’euros dans la rénovation du tunnel actuel du Mont-Cenis. Ouvert au grand gabarit depuis un an, il n’est utilisée qu’à 20% de ses capacités ».

Débat à suivre… s’il a lieu.

 

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