50 millions d’européens vivent sans logement, en sur-occupation ou dans un logement indécent, d’après les données Eurostat. En France, 3,6 millions de personnes sont concernées par le mal-logement.
Pourtant des politiques publiques puissantes se déversent pour rétablir la situation : 40 milliards d’euros sont apportés chaque année par l’Etat, les collectivités territoriales, les partenaires sociaux.
Depuis quinze ans, près d’une loi par an vient actualiser le cadre d’organisation des réponses, des milliers d’expérimentations opérationnelles fleurissent. Et puis non, ça ne marche pas. Le socle de mal-logés demeure constant, les demandes de logement social augmentent, les accédants modestes à la propriété s’éloignent des villes, les prix dérapent là où ils sont hauts et s’effondrent là où ils sont bas, les clivages territoriaux se creusent. Alors, tétanisés, nous regardons le monde tournoyer en espérant colmater les brèches d’un navire qui ne cesse de prendre l’eau.
Pour autant, la solution n’est pas loin. Chacun comprend aujourd’hui que le logement est non seulement un droit fondamental, mais un élément du pouvoir d’achat des ménages, qui joue sur la consommation. Le logement est un secteur important d’emplois non délocalisables. Le logement est un élément de composition de la ville, de la mixité, de la dépendance aux transports.
C’est un véhicule massif de notre impact environnemental : matériaux de construction, consommation énergétique, étanchéification des sols. C’est aussi, par sa construction, sa maintenance et son usage, un élément de recette fiscale, de redistribution, un levier de justice sociale.
Alors, à la veille d‘une loi de décentralisation qui réorganisera la gouvernance des politiques publiques, à la veille également d’une loi logement et urbanisme qui pourrait permettre plus qu’elle ne décide, l’Alpil, le Cllaj ( (Comité Local pour le Logement Autonome des Jeunes) et la Fondation Abbé Pierre ont décidé de prendre un peu de hauteur, en invitant quelques personnalités qui pensent au-delà de leur quotidien, les pieds dans la terre et la tête dans les nuages, à réfléchir ensemble à l’avenir des politiques du logement.
Un élément central de la sortie de crise
Nous savons qu’il va falloir reconstruire ce système, bricoler la chaudière avant qu’elle n’explose ne suffit plus. La Villa Gillet prête son cadre propice à la création, les 3 et 4 juillet prochains, pour cette « phosphorescence pratique » et parce que chacun est concerné, parce que tout le monde a besoin d’un toit, pour soi, pour ses enfants, pour ses vieux parents. Rue89Lyon a accepté de se faire l’écho privilégié de ces rencontres.
La crise est là et bien là, mais il ne tient qu’à nous d’en sortir. Entre spéculation immobilière et sans-abri, entre secteur du BTP et quartiers abandonnés, le logement est un élément central de cette crise économique et sociale : il sera un élément central de la solution. Alors pour une fois, nous avons une bonne nouvelle, le futur commence aujourd’hui !
Par Marc Uhry – Directeur régional de la Fondation Abbé Pierre, dans le cadre de Prospective logement, deux jours d’assises sur le logement et l’habitat à la Villa Gillet (3 et 4 juillet). Un événement dont Rue89Lyon est partenaire.
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