Lucie se déguise parfois. Attention, pas le genre soirée entre potes, quelque chose de plus sérieux, de « plus incarné« . Cette lycéenne lyonnaise a découvert le cosplay il y a un an et demi sur Internet, une pratique encore exotique dans nos contrées occidentales.
À l’occasion du salon de clôture de la Geek Week, samedi 4 mai à Vaux-en-Velin, Lucie a sorti un de ses cosplays préférés, Bayonetta, personnage principal (et plutôt sexy) du jeu vidéo éponyme. Elle se balade ainsi dans le salon, prenant les poses de son héroïne quand on lui demande une photo. Elle assume le côté extravagant et le dit bien volontiers :
« Incarner un personnage, c’est être complètement déconnecté du réel, on joue des rôles absolument pas croyables. Ça fait du bien, ça permet de se lâcher. »
Les cosplayers n’aiment pas que l’on assimile leur activité à du « simple » déguisement, tout simplement parce que pour eux, ça va bien plus loin. Lors des concours comme celui de la Geek Week, de photoshooting ou même quand il s’agit de se promener, il faut incarner le personnage. Et ce dernier n’est pas choisi par hasard.
« Y a des rôles comme celui de Bayonetta qui représente une espèce d’idéal au niveau du caractère, que j’aimerais bien avoir. J’aime beaucoup ce personnage parce qu’elle est extravertie, elle se lâche, c’est une femme qui ne se laisse pas écraser. »
De Bayonetta aux Simone
Des femmes de caractère. C’est ce qui intéresse Lucie. Qui parle même, dans un tout autre genre, de personnages qui n’ont pas à leur actif la démolition de monstres de fiction :
« Je sais qu’on ne peut pas comparer et que ça n’a rien à voir, mais j’aime ce qu’ont fait Simone Veil et Simone de Beauvoir pour la cause féminine, et j’aime les personnages qui ont du caractère en général. »
Sébastien, cosplayer caladois de 30 ans, a quant à lui participé au concours de la Geek Week, arrivé troisième avec son costume de Snake Eyes, issu de la mythologie G.I. Joe. Son personnage, guerrier presque parfait ayant fait vœu de silence après l’assassinat de son maître, il l’a choisi pour des raisons personnelles :
« Je mets un peu de ma vie dans les personnages que je joue, j’essaie d’en prendre qui ont des traits communs avec moi et qui me touchent. »
Des armures en tapis de sol de chez Go Sport
Enfiler le costume ressemble de près à un exutoire. Le monde réel revient cependant très vite quand on parle de temps et d’argent. Parce qu’un cosplay, ça doit se faire avec ses dix doigts, c’est même ce qui fait la fierté du cosplayer. Passer deux, trois mois, voire un an et plusieurs centaines d’euros pour fabriquer le Snake Eyes de Sébastien ne lui fait pas peur. Lucie a un nouveau projet dans ses cartons :
« J’aimerais réaliser la Reine Esther, mais ça demande un travail fou. Elle est pleine de diamants, de roses. Ça va être magnifique, je pourrais presque m’arrêter après, de toutes façons j’aurai plus de thunes. »
Et si ça devient trop compliqué, Lucie a toujours sa mère qui a un BEP couture, et une de ses amies, costumière de théâtre. De la créativité, les cosplayers n’en manquent pas : la plupart des armures qu’ils fabriquent sont en tapis de sol en provenance directe de chez Go Sport.
Lucie et Sébastien vont devoir se préparer d’autant plus qu’en novembre prochain, la Japan Touch, un petit événement lyonnais de cosplay qui grossit, se tiendra donc pour la première fois à Eurexpo.
A la Japan Expo, plus gros événement du genre en France, les cosplayers se comptent par centaines.
A Japan Expo, des héros de manga, des câlins et… par rue89
>Article modifié le vendredi 10 mai : Sébastien est arrivé troisième au concours de cosplay, et non pas deuxième.
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