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A Lyon, la fête du « Mariage pour tous » a un goût amer

Ce mardi soir à Lyon, 1 500 personnes se sont réunies place Bellecour pour fêter l’adoption de la loi sur le « mariage pour tous ». Du côté des opposants d’extrême droite, les actions se sont multipliées durant toutes la soirée pour se faire encore entendre. A la clé, 44 interpellations, un chiffre plus élevé qu’à Paris.

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La fête du mariage pour tous, place Bellecour (Lyon), mardi 23 avril à 19 heures. Crédit : Hassen Haddouche.

Lyon est une place forte des anti-mariage gay. Pour les partisans de la loi sur le « mariage pour tous », il fallait donc mobiliser largement.
Ce fut un succès si l’on en croit les organisateurs du Collectif unitaire pour l’Egalité, qui auraient donc rassemblé 1 500 personnes, dont de nombreux représentants politiques de la gauche et de l’extrême gauche, du PS au NPA en passant par le Front de gauche et Europe Ecologie – Les Verts.

Partir de la fête « sans signe distinctif »

Pour Bruno, qui se présente comme un « homosexuel en couple depuis 20 ans », l’important était de « ne pas laisser la rue aux opposants » :

« Nous faisons la fête avec une certaine tristesse. En tant qu’homo, j’ai été choqué par tous ces discours de haine qui ont déferlé surtout après la manif du 24 mars ».

Sous la statue de Louis XIV, une banderole résumait le message : « On n’oubliera pas – Stop homophobie ». Dans son discours, la représentante du Collectif lesbien lyonnais, Stéphanie Brunet est revenue sur ces mois de débat qui ont laissé « un goût amer », avec « l’abandon de la promesse de Hollande sur la PMA » et « la multiplication des violences » :

« Les principaux opposants au texte sur le mariage pour tous ont ouvert une brèche intolérable à l’homophobie (…). La palme d’or revient au député du Rhône et maire de Caluire, Philippe Cochet, en affirmant que nous allions « assassiner les enfants ». Combien de personnes se sont senties légitimes à frapper celles et ceux qui sont qualifiés d’assassins d’enfants ? La liberté d’expression n’autorise pas à appeler à la haine ».

Sur le camion sono, Armand Creus, conseiller régional du Front de gauche, a ensuite pris la parole au nom du Collectif de Vigilance 69 contre l’extrême droite pour « dénoncer la radicalisation homophobe dans les manifestations contre le mariage pour tous d’une partie de la droite « décomplexée » et de l’extrême-droite ».

Le rassemblement s’est poursuivi au son de la musique électro, avec quelques canettes de bières vendues au profit des associations LGBT. A 22 heures, c’était la dispersion. Avec pour consigne de partir par petits groupes et « sans signe distinctif ».

« A partir d’aujourd’hui, nous entrons en dissidence contre le régime de François Hollande »

Parallèlement, toute la soirée et jusqu’à plus de minuit, les anti-mariage gay ont sillonné les rues de Lyon. Une première action a ouvert la marche, peu avant 19h. Quelques dizaines de personnes ont tenté de bloquer l’autoroute A7 au niveau de Perrache. Avec des blocs de pierre et des grillages, ils ont réussi à tenir une « dizaine de minutes », selon le porte-parole des identitaires, très actifs sur cette action.

Selon la police, 15 interpellations ont eu lieu, dont plusieurs militants de ce mouvement d’extrême droite. A 19 heures, environ 200 personnes se se sont rassemblées place Carnot, notamment à l’appel des « Enfants des Terreaux », qui se présente comme un collectif « apolitique ».

L’un de ses animateurs, Kevin Pichart, a lu un texte bref, devant trois mannequins pendus censés représentés « la mise à mort de la famille naturelle » :

« Aujourd’hui, le gouvernement de François Hollande a lié son sort à la loi Taubira. Ce gouvernement devra en subir les conséquences. François Hollande a trahi les idéaux républicains. (…) François Hollande livre son sort à la rue. (…) A partir d’aujourd’hui, nous entrons en dissidence contre le régime de François Hollande. Quand tous les moyens légaux ont été épuisés, il ne reste que l’insoumission. On ne lâchera rien. »

Après les avoir correctement chauffés, ce meneur des « Enfants des Terreaux » a appelé à rejoindre la place Louis Pradel, à l’autre bout de la Presqu’île, où devaient se rassembler plus tard dans la soirée des « Veilleurs ».

De l’extrême droite radicale au cardinal Barbarin

Un peu moins de 200 personnes sont alors parties en manifestation sauvage, avec notamment à leur tête des militants identitaires. Pour slogan, cette phrase : « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’hétéro ».

Canalisés par la police, ils ont traversé le Rhône pour se retrouver rive gauche devant les universités Lyon 2 et Lyon 3. A ce niveau-là, une poignée de personnes en tête de la manif a pris à partie des photographes de presse. Certains ont même coursé une d’entre eux, photo-journaliste indépendante qui a reçu un coup de pied. La police a directement interpellé un des poursuivants, militant identitaire. Il est poursuivi pour ces violences et également pour rébellion contre les policiers qui sont intervenus.

Cette interpellation a stoppé le cortège qui s’est fait entourer par les CRS. Les manifestants n’étaient plus qu’une grosse centaine.

Là, entourés par les CRS, ils étaient une centaine. Parmi eux de nombreux militants des groupuscules d’extrême droite, tous
représentés : GUD, Jeunesses nationalistes et identitaires.

Vers 21 heures, une soixantaine de manifestants ont été embarqués dans des cars, direction le commissariat central pour des vérifications d’identité, selon la préfecture du Rhône. La plupart ont été relâchés.

Au même moment, des « Veilleurs » s’installaient place Louis Pradel. Cette nouvelle mouture du mouvement anti-mariage gay prône la « non-violence, le calme et la réflexion ». Une centaine de personnes se sont assises en cercle, certaines avec des bougies. On a chanté, notamment le Chant des partisans, et lu des textes de Robert Desnos ou de Victor Hugo mais aussi de Benoît XVI. En guest star, le cardinal Barbarin a pris la parole un court instant.

Vers 23 heures, au moment où ces Veilleurs allaient lever le camp, se sont agrégés de jeunes personnes anti, qui voulaient continuer à marcher et scander leur slogan. Une cinquantaine d’entre eux sont alors partis dans les rues de Lyon d’abord en Presqu’île puis dans le Vieux Lyon.

Dans un communiqué du ministère de l’Intérieur paru dans la nuit (cité par l’AFP), il est précisé qu’il a été « procédé à 44 interpellations » d’anti-mariage gay à Lyon tandis que 12 ont été comptabilisées à Paris.

> Article actualisé à 3h avec le communiqué du ministère de l’Intérieur

> Article actualisé à 19h45 avec l’information sur la photo-journaliste violentée


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