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En Rhône-Alpes, la paupérisation des classes moyennes périurbaines

Du rêve au cauchemar. Dans la déclinaison régionale de son rapport annuel sur l’ « état du mal logement »,

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rendu public ce jeudi, la Fondation Abbé Pierre met l’accent sur un phénomène dans la région Rhône-Alpes : les zones périurbaines des agglomérations sont gagnées par la pauvreté.

Le rêve de l’habitat pavillonnaire est toujours très fort en France, particulièrement dans la région Rhône-Alpes. Les zones périurbaines ne cessent de se développer à la périphérie des grandes agglomérations et de certaines villes moyennes.

L’accroissement démographique du périurbain, plus rapide que celui des villes et des banlieues depuis le début des années 1970, s’accélère encore.

L’habitat individuel se développe malgré la flambée des prix de l’immobilier. C’est le premier constat de la « déclinaison Rhône-Alpes » du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre : « Rhône-Alpes est sur les routes », comme le résume son directeur régional, Marc Uhry interrogé sur le plateau de France 3 Rhône-Alpes (voir vidéo) :

« Les grandes agglomérations et les villes moyennes voient leur population stagner. Or Rhône-Alpes a gagné 500 000 personnes en 10 ans. Les nouveaux habitants vont dans les zones périurbaines ».

 

 

Endettement et fichage à la banque de France

Les zones périubaines sont peuplées majoritairement par les petites classes moyennes.

« Alors que de 2000 à 2010, les prix ont augmenté de 86%, la part des primo-accédants dont les revenus sont inférieurs à deux Smic a nettement augmenté, passant de 17,5% en 2001 à 25% en 2010 ».

Conclusion : les ménages s’endettent de plus en plus.

Les effets de la crise se sont donc fait durement ressentir sous les toits des pavillons. D’autant que ces périphéries sont plus durement touchées par la fermeture des usines ou des services publics. Ce que l’économiste et urbaniste Laurent Davezies appelle les « fractures territoriales ».

Comme le note le rapport, les problèmes concernent moins les territoires pauvres que ces territoires où s’exprime la tension la plus forte entre revenus des ménages et coût de la vie.

Les indicateurs passent au rouge en Rhône-Alpes :

  • Le nombre de dossiers « banque de France » a augmenté de 29%, principalement dans la Loire, l’Ain, l’Isère et le Rhône.
  • Dans la Drôme, selon une étude de l’ADIL 26 (association d’aide au logement) le Fonds d’Aide aux Accédants en difficulté est passé de 1 dossier en 2009 à 54 en 2011.

Le rapport de la Fondation Abbé Pierre cite des élus et associatifs face à ces drames individuels :

« Les saisies immobilières sont rares dans la mesure où les ménages vont d’abord consentir des sacrifices importants pour parvenir à honorer leur remboursement d’emprunt, avant de craquer sur le plan familial. La rupture familiale entraînant souvent une vente de la maison ».

 

La double peine des transports

Ces ménages des zones périubaines sont également mis en difficulté par les déplacements quotidiens.

Certes, les trajets en Train Express Régionaux (TER) ont progressé de 30% entre 2005 et 2009 mais le train n’a pas remplacé la voiture.

Les trajets domicile/travail se sont simplement rallongés. Par exemple, dans l’agglomération lyonnaise, ces trajets ont doublé en 25 ans.
Avec l’augmentation du carburant, les transports coûtent donc de plus en plus cher. Sachant que, selon Marc Uhry, les personnes modestes font deux fois plus de kilomètres que les gens aisés.

Outre un problème économique, le temps passé perturbent l’équilibre de la vie privée.

Le rapport fait référence à ces mêmes acteurs de terrain qui estiment que « le temps passé dans les transports entraînent des effets importants et sous-estimés sur les fonctionnements familiaux :

« C’est du temps pris à la vie familiale, au sommeil, aux activités extra-professionnelles ».

La question des transports montre également les difficultés de l’intervention publique : les périphéries des agglomérations s’étendent de plus en plus or les transports publiques (hormis les TER) sont gérés et financés à l’échelle de l’agglo.

La Fondation Abbé Pierre note toutefois une amélioration possible avec les changements d’échelle permises par les différentes réformes territoriales. La récente création d’un syndicat des transports à l’échelle du Pôle métropolitain le montre.

Reste les petites communes à la périphérie des communautés d’agglomération qui ne disposent pas de services étoffés, notamment en matière sociale ou d’urbanisme pour faire face.

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