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Lyon-Turin : François Hollande et Mario Monti vont-ils lancer le chantier?

Ils ont rendez-vous le 3 décembre prochain à Lyon. Le président français et le chef du gouvernement italien auraient aimé lancer très officiellement à cette date le projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin. Mais aujourd’hui, ils doivent faire face à de sérieuses réserves de la part de la Cour des comptes en plus 

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d’opérations de plus en plus organisées des No Tav. L’un des « plus grands chantiers du siècle » va-t-il simplement tomber à l’eau ?

Gérard Collomb, maire PS de Lyon, a fait installer pendant quelques jours fin octobre, sur la place Louis Pradel, une boule à neige géante enfermant le paysage de la ville de Turin. Histoire de communiquer un peu sur la belle voisine. La SNCF proposait à côté de la boule ses tarifs pour se rendre dans la capitale du Piémont. Rien à voir avec la ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin ? Sans doute pas : Collomb, qui aime à envisager les vastes chantiers comme des leviers de relance économique, en est un fervent défenseur et tout est bon pour évoquer cette ligne qui doit être mixte (voyageurs/fret) sur une partie de son tracé.

Avant lui, Jean-Jack Queyranne (PS) avait affirmé cet été et du haut de sa présidence de la région Rhône-Alpes qu’un abandon était simplement « exclu ».

Plus récemment, plusieurs parlementaires, députés, sénateurs, députés européens, mais aussi des anciens ministres dont Jean-Claude Gayssot, ex-ministre des Transports, et Louis Besson, ex-ministre de l’Equipement, ont demandé à François Hollande des « avancées concrètes » sur le Lyon-Turin. Réunis début novembre autour du patron de Danone, Frank Riboud, également président de la Transalpine, association qui défend le projet, ils ont exhorté le président français à donner clairement le plan de travail du sommet franco-italien du 3 décembre prochain.

Leur requête faisait évidemment suite à l’un des plus gros uppercuts qu’a reçu le projet, donné par la Cour des comptes qui a remis en question sa rentabilité et son intérêt économique dans un référé daté d’août 2012, brusquement sorti du tiroir.

Bonjour, vous avez 26 milliards d’euros ?

Le projet Lyon-Turin, depuis plus de vingt ans, ne cesse de reculer, d’être retardé pour des raisons géologiques, des tracés revus, des lenteurs de montage économique, avant d’être remis sur le tapis, toujours comme un sujet d’échanges diplomatiques au niveau européen.

L’année 2012 n’avait jusque-là pas été si mauvaise pour les défenseurs du Lyon-Turin : une enquête publique avait notamment donné son accord, cet été, sur la réalisation d’une portion de la liaison ferroviaire, entre Grenay et Saint-Jean de Maurienne, tout en recommandant une meilleure concertation avec les agriculteurs concernés. Pas de quoi affoler Réseau Ferré de France (RFF), maître d’ouvrage de la section française de la ligne. Mais voilà que la Cour des comptes vient de rendre public un jugement sévère concernant cette LGV : « des coûts qui augmentent, des estimations de trafic excessivement optimistes et des financements incertains ».

Estimée à 12 milliard d’euros en 2002, l’estimation du coût global du Lyon-Turin est passée à 26,1 milliard d’euros. Une hausse qui semble donc inquiéter la Cour des comptes, pour laquelle « d’autres solutions alternatives moins coûteuses ont été écartées sans avoir toutes été complètement explorées de façon approfondie ».

Sans compter des « prévisions de trafic établies dans les années 1990, qui envisageaient la poursuite d’une forte croissance (…) fortement remises en cause depuis ». Et enfin, pour le signataire du référé, « associée à une faible rentabilité socioéconomique, la mobilisation d’une part élevée de financements publics se révèle très difficile à mettre en œuvre dans le contexte actuel ». La Cour pose une colle à Hollande en relevant en outre « qu’aucun financement n’est prévu dans le budget de l’Agence de financement des infrastructures de transport en France pour 2013 ».

Rapport salé et soupçon de conflit d’intérêt

La messe est-elle dite ? Jean-Marc Ayrault, premier ministre à qui le référé était adressé, a tenté de minimiser le surcoût pour la France, de 450 millions d’euros selon lui, pour atteindre la somme finale de 8,5 milliards d’euros. Comme l’Italie, il espère que l’Europe prendra en charge 40% du coût de l’opération, plutôt que les 30% prévus. Reste à savoir quelle décision rendra Bruxelles le 27 novembre prochain, en votant ses orientations budgétaires 2014-2020.
Les No-Tav, opposants inlassables de la LGV, quant à eux, organisent les 30 novembre et 1er décembre prochains un « avant-sommet » public. Une occasion selon eux « de formuler les solutions de bon sens à Monsieur le président de la République, pour réduire immédiatement d’un million, le nombre de camions aux passages routiers franco-italien ».

Ils veulent également communiquer sur un hypothétique conflit d’intérêt évoqué par le Canard enchaîné daté du 3 octobre dernier. Le rapport de la commission d’enquête publique chargée d’étudier le projet Lyon-Turin (pour lequel elle s’est prononcée favorablement) incite à passer un marché avec une entreprise de travaux publics, Truchet TP. Problème, cette société est dirigée par Roger Truchet, le frère de Guy Truchet, un des commissaires enquêteurs qui a rédigé le rapport.

Hollande et Monti peuvent donc compter sur un comité d’accueil impatient de leur parler, et qui brandit comme une nouvelle arme le rapport accablant de la Cour des comptes, sur le ton du « on vous l’avait bien dit ».

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