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A Lyon l'UDI fait le grand écart entre droite musclée et centre humaniste

Denis Broliquier, maire Lyon Divers Droite du 2è arrondissement, vient de se faire une belle promo en annonçant son entrée à l’UDI, le parti nouvellement fondé par Jean-Louis Borloo. Héritier de Charles Millon, l’élu lyonnais se retrouve notamment aux côtés de la radicale valloisienne Fabienne Levy, laquelle avait combattu ce même Millon alors élu président de la Région grâce aux voix du FN. Crispations dans le parti de « la solidarité » et de « la tolérance » ?

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Denis Broliquier en campagne pour les municipales de 2008, sur les listes de l’UMP Dominique Perben. Photo maxppp.

Dans une interview donnée au quotidien local, Denis Broliquier annonce la couleur : d’une part il a rejoint le parti flambant neuf construit autour de Jean-Louis Borloo, l’UDI (Union des Démocrates et Indépendants), qui prévoit d’avoir des listes indépendantes aux élections municipales de 2014 ; et d’autre part il a l’intention d’être candidat à ces mêmes élections. De là à se proclamer candidat investi par l’UDI à la mairie de Lyon, il n’y a qu’un pas que Denis Broliquier a grande hâte de franchir. Oui, il proposera sa candidature à l’UDI du Rhône. Et si ce n’est pas lui qui est désigné ?

« Je suis un démocrate, moi, vous savez. Je suivrai l’avis du parti si je ne suis pas choisi. Encore faudra-t-il qu’on me prouve par A+B qu’un autre candidat peut être meilleur que moi. »

Une assurance qui fait grincer des dents chez les membres de cette nouvelle équipe politique censée « rassembler » et qui voudrait trouver dans l’UDI l’occasion de mettre fin à d’éternelles guerres intestines au sein de la droite lyonnaise. Fabienne Levy, en première ligne, est exaspérée. Elue à la Région, vice-présidente et secrétaire nationale du Parti Radical Valloisien de Jean-Louis Borloo, elle se dit soucieuse de ne pas « passer une fois de plus pour l’emmerdeuse ». Avant de lâcher tout de même :

« Le gâteau n’est pas encore cuit, et il est dommage de voir Denis Broliquier lui ajouter quelques ingrédients pas très sucrés. »

Le passé, c’est le passé

Fidèle de Jean-Louis Borloo, présidente de Lyon radical, Fabienne Levy avait été à la manœuvre aux côtés d’Anne-Marie Comparini pour bouter Charles Millon du conseil régional, dont il avait été élu président grâce aux voix du FN.

Un Charles Millon fondateur de Lyon Divers Droite et dont Denis Broliquier se dit toujours « très proche ». Pour autant, le maire du très cossu 2è arrondissement de Lyon n’aime pas qu’on lui rappelle son héritage milloniste. « Le passé appartient au passé », estime-t-il.

Fabienne Levy, qui est donc l’un des personnages de ce « passé », aimerait bien pour sa part mettre en sourdine l’arrivée en fanfare de Denis Broliquier :

« Denis Broliquier a voulu frapper à la porte de l’UDI pour trouver une famille, une maison. Une étiquette politique. C’est la première fois qu’il fait cette démarche. Il a une association Lyon Divers Droite, qui est très lyonno-locale mais qu’il fait passer pour un parti politique. Elle ne fait pas partie des 7 partis fondateurs de l’UDI. Si Denis accepte la charte des valeurs fondamentales, qui sont entre autres la lutte contre les extrêmes, comme le FN, la tolérance, l’humanisme, la solidarité, il peut bien être à l’UDI, oui. »

Denis Broliquier, qui prétend pour sa part avoir été sollicité « par plusieurs personnalités parisiennes » pour intégrer l’UDI, se voit dans ce nouveau cadre contraint de clarifier ses positions. A l’occasion des dernières élections législatives, il avait en conférence de presse évincé la question d’une éventuelle alliance avec le front national -elle ne concernait pas selon lui les circonscriptions dans lesquelles il présentait les candidats de son mouvement Rhône Divers Droite.

Affublé de l’étiquette UDI, son discours est tout juste revu car à la même question, la réponse donnée est aujourd’hui :

« Non, pas possible, pas d’alliance avec le FN. Ou alors ce serait des gens qui auraient quitté le FN. »

Denis Broliquier et Fabienne Levy sont en tout cas d’accord sur une chose : « il y a beaucoup de sensibilités différentes réunies là, et il va falloir avancer ensemble. » Un constat, en forme de gageure, qui a déjà marqué toute l’histoire du centre depuis l’UDF.

Qui à l’UDI pour ferrailler avec Collomb ?

Sur la question du leadership, pas de divergence non plus. Michel Mercier, transfuge du Modem de Bayrou et président du conseil général du Rhône, doit mener la barque. Mais en ce qui concerne le futur candidat de l’UDI pour la mairie en 2014, si Denis Broliquier claironne déjà ses velléités municipales, il devra en découdre avec d’autres.

Comme un certain Christophe Geourjon, conseiller municipal à la tête du groupe Centristes et Démocrates pour Lyon. De lui, certains disent qu’il peut être un « candidat légitime », en tant que centriste marqué à droite, tandis que d’autres jugent son opposition au maire PS Gérard Collomb depuis deux ans trop discrète, voire « molle ». Dans un texte intitulé « En avant l’UDI » et publié sur son site, Christophe Geourjon se dit fier de participer au projet politique de l’UDI, tout en soulignant que ce parti :

« C’est la tolérance et l’ouverture aux autres. L’UDI est opposée à toute alliance passée, présente ou future avec les extrêmes. »

Lui aussi devra passer sur certains principes. D’ailleurs, ce mercredi soir, Christophe Geourjon et Denis Broliquier organisaient chacun de leur côté, avec leur mouvement politique respectif, une réunion tardive dans des gargottes pour parler des projets qu’ils souhaitent monter « pour Lyon ». En attendant que le projet national de ce nouveau mouvement soit défini en juin prochain, il semblerait que le rassemblement de l’UDI reste très théorique.

 


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