RANK’N’OL #11. Il paraît que pour être champion, il faut être très fort aux deux extrémités du terrain. L’OL devra donc passer son tour. Parce qu’à Lyon, c’est au milieu que ça se passe. Un peu comme pour ses groupes qui ne sacrifieraient pas une mélodie pour un refrain racoleur. Par romantisme ou par manque de moyens ? C’est souvent sur cette ambiguïté que s’écrivent les beaux morceaux de Rank’n’OL.
Dimanche 21 octobre, 9ème journée de Ligue 1
Olympique Lyonnais – Stade Bestois 1-0
But : Gomis (57ème)
#1 Rennes-OL 0-1 ; #2 OL-Troyes 4-1 ; #3 Évian TG-OL ; #4 OL-Valenciennes ; #5 OL-Ajaccio ; #6 OL-Sparta Prague ; #7 Lille-OL ; #8 OL-Bordeaux ; #9 Kiryat Shmona-OL ; #10 Lorient-OL
1. Steed Malbranque : il se passe toujours quelque chose au n°17. On y compte déjà un drame (Marc-Vivien Foé), un rendez-vous manqué (Jean II Makoun), une belle éclosion (Alexandre Lacazette). Et depuis deux mois, ce retour tellement émouvant de Malbranque qu’il finit par éclipser tout le reste, y compris ce fonds de jeu qui respire par moments l’ennui. En voyant Garde contraint de ressortir le 4-4-2 pour la première fois depuis Lille, on aurait pu craindre que le contraire se produise. En gros, que le talent de Malbranque se dilue dans un système qui fait un peu moins la part belle à ses qualités de relayeur. Sauf que Steed n’est pas qu’un simple milieu qui ramène cet équilibre réclamé par Garde : il est le milieu. Le milieu qui défend, le milieu qui cadence, le milieu qui mène le jeu. En fin de partie, son coach peut bien avancer qu’ « il n’y a pas que lui qui fait tourner la boutique », sa performance est quand même venue à bout de l’idée que sans Grenier, ni Gourcuff, point de salut pour le 4-3-3 à la lyonnaise. La preuve avec ce geste-louche dont raffolent les deux meneurs en titre et qui finit en passe déc’. Sans compter ce volume de jeu aussi intense que celui d’un Yoann au top, ni même ces quelques moments d’oubli qui se finissent en ballons perdus du côté de Clément. On ne sait pas s’il faut suivre Del Bosque quand il envoie du « Xavi français » à Cabaye. Ce qu’on sait en revanche, c’est qu’il ne connaît pas encore le Xavi lyonnais.
2. Maxime Gonalons : « Il n’y a pas que Malbranque qui fait tourner la boutique » donc. A) Parce que Rémi Garde n’est pas vraiment le genre de type à s’extasier, et surtout pas pour sacrifier le collectif. B) Parce que Gonalons. Puisqu’il n’est plus question de parler foot sans parler Zlatan, on dira qu’il y a de l’Ibra chez le milieu défensif lyonnais. Une petite provoc’ à pas cher pour souligner cette sensation de facilité – physique et technique – qu’il dégage par instants, des instants de plus en plus longs et récurrents, qui donnent parfois l’impression d’un cadet jouant au milieu de poussins. Même chose lors de ces grandes courses durant lesquels son corps et son buste ne semblent pas subir les à-coups de ses jambes. Ouais, comme Thierry Henry dans PES 4. On ne touche pas encore la perfection. Mais ça va bientôt finir par se savoir.
3. Lisandro : Gerland et ses chœurs à vif ont préféré y aller de leur chant d’amour longue distance pour Juninho. Un beau moment venu rappeler à quel point les tribunes lyonnaises ont la mémoire dure, surtout quand il s’agit de foot sentimental. Mais alors, pourquoi avoir ignoré la partition pas moins sensible de son capitaine du soir ? Sans doute parce qu’avec ce retour en 4-4-2, on aurait sans doute préféré le voir occuper la place du Matamore, enfin libre de pouvoir se laisser aller à l’art de la fugue et du geste qui tue à la moindre occasion. Au lieu de quoi Licha a continué le grand œuvre entamé depuis le début de saison, dignement sanglé dans son rôle de capitaine Fracasse. Peut-être pas aussi décisif qu’on le souhaiterait, mais le cœur en bandoulière, surtout quand il s’agit d’apporter le soutien qui peut manquer entre les lignes, sur un côté ou le temps d’un contre brestois. Une leçon d’engagement qui renvoie au loin les histoires de moues boudeuses et autres petites fâcheries d’un ego qu’on dit lassé d’être renvoyé aux taches obscures pour 4-3-3. Jusqu’à donner à ce 4-4-2 monté pour lui quelque chose du goût des autres. Ce qui vaut bien des chants d’amour.
4. Anthony Réveillère : il fut un temps, pas si lointain, ou un offensif droit pouvait sauver la carrière d’un latéral droit qui menaçait de couler. Cette histoire, François Clerc la connaît par cœur, mais se gardera bien de vous la raconter, trop conscient de ce qu’il doit à Sidney – jusqu’à son improbable passage en équipe de France. Pour ceux qui voudraient se convaincre qu’en 2012, les temps ils ont bien changé, c’est à un autre genre de scène qu’on assiste désormais. Où le latéral droit est devenu aussi indiscutable qu’un Govou, sauvant cette fois les dernières apparences pour un Briand toujours au bord du naufrage. Des appels, des remises, des lancements qui font la part belle à Jimmy le bon gars et à ses efforts abrasifs, sans pour autant venir à bout de ses contrôles aussi longs qu’un dimanche d’automne et de ses dribles toujours plus approximatifs. Un match qu’il faudra retenir le jour où Deschamps préfèrera Briand à Ménez parce que, quitte à s’en aller jouer le nez dans le gazon, autant préférer celui qui défend le mieux.
5. Milan Bisevac : après avoir été attendu comme un guerrier, le défenseur central a montré qu’il était aussi un vrai leader technique. « Je suis défenseur, mais j’aime beaucoup le ballon », rappelait-il avant le match. Bisevac disait vrai, mais son apport technique ne se limite pas à sa maîtrise du ballon. Il rejaillit également sur la prestation de son binôme. Et, miracle, à l’exception de moments un petit peu difficiles pour Lovren en première mi-temps, on a pratiquement vu une charnière au top dans son ensemble. La dernière fois que cela était arrivé, Bisevac devait être encore imberbe. On exagère peut-être, puisque ses premiers poils ont dû pousser au CP. Mais c’est un vrai bon signe pour l’OL. D’autant que, comme dirait le Serbe : « On peut faire « mioux« . »
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et sur la 89ème minute.
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