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Deux mois de prison ferme requis contre le leader d'un groupuscule d'extrême droite

Le conseiller régional exclu du FN, Alexandre Gabriac, comparaissait ce lundi devant le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir menacé de mort l’un des employés d’un pub du Vieux-Lyon. Le procureur a requis dans une atmosphère tendue deux mois de prison ferme.

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 Alexandre Gabriac lors de la manifestation de son groupe les Jeunesses nationalistes le 14 janvier

« Ici, il ne doit pas être question de peur. Et tant pis si on lit dans des gazettes groupusculaires que je suis un juden rechtantwalt (traduction de l’allemand : procureur juif, ndlr), ou un procureur marxiste ou gay ! »

C’est en ces termes que le procureur de la République a expliqué ses réquisitions ce lundi 10 septembre.

Les faits remontent à la nuit du 23 au 24 mai dernier. Comme nous le rapportions dans un précédent article, le fondateur-leader des Jeunesses nationalistes et un de ses camarades sont accusés d’avoir menacé de mort le barman d’un bar où ils avaient leurs habitudes, mais d’où ils avaient été exclus par la nouvelle direction. Selon ce barman, ils auraient fait un signe d’égorgement et le geste de tirer avec un pistolet fictif après avoir jeté chaises et tables dans sa direction.

Les éternelles « manipulations du système »

Comme après sa garde à vue, Alexandre Gabriac a farouchement nié les faits mais n’a pas non plus semblé surpris de se retrouver devant la 8e chambre correctionnelle du tribunal de Lyon. Avec un propos désormais éculé, il a répété :

« Quand on combat le système, il va tout faire pour nous mettre à terre ».

La date de ce procès ne pouvait pas mieux tomber pour l’ex-membre du FN. Il a fait beaucoup parlé de lui ce printemps, en rendant hommage à Mussolini, et au début de l’été à Lyon, en maintenant un rassemblement nationaliste interdit.

Pour ce mois de septembre, entre un déplacement à Toulouse et une manifestation prévue à Paris, Gabriac a pu faire sa rentrée sur ses terres, auprès de ses troupes, sur la traditionnelle thématique « anti-système » de l’extrême droite.

Une trentaine de personnes avait fait le déplacement pour le soutenir. Des hommes jeunes au style vestimentaire choisi mais aussi la conseillère régionale FN, Liliane Boury.

Le chef de cette mouvance nationaliste radicale, Yvan Benedetti, le président de l’Oeuvre française, s’est également montré, qui a gratifié ses troupes d’un petit discours sur les « victimes du racisme anti-blancs ».
Pour les accueillir, un imposant dispositif policier avait été déployé, à l’extérieur comme à l’intérieur du palais de Justice.

Les faiblesses de la vidéosurveillance

A l’audience, la juge comptait sur la caméra de vidéosurveillance de la ville de Lyon, disposée à proximité du bar. Mais les images projetées ne permettent que de distinguer un groupe de trois personnes qui sort précipitamment de la terrasse du pub.

Quelques minutes auparavant, deux individus sont filmés marchant à proximité de l’établissement. Pour les policiers, comme l’a repris le procureur de la République, l’un de ces individus est Alexandre Gabriac. L’autre est le compagnon de Gabriac.

C’est celui que le barman et le vigile du pub ont immobilisé de manière musclée avant d’appeler la police.

Mais les gestes de menace de mort ne sont pas visibles. Tout repose sur le témoignage du barman, absent à l’audience. Contactée, la gérante du pub nous explique cette absence :

« Pour nous, l’affaire est réglée car ils ne sont pas revenus et on ne se porte jamais partie civile ».

Les « heures les plus sombres de notre histoire »

Se fondant sur le procès verbal d’audition du barman et l’identification de la police « qui connaît bien Gabriac », le substitut Stéphane Javet a requis deux mois de prison ferme contre le conseiller régional et deux mois avec sursis contre son compagnon.

Après avoir rappelé le CV fourni d’Alexandre Gabriac, il a ainsi justifié ses réquisitions :

« Ces engagements extrémistes sont de nature à engendrer une peur particulière. Ces menaces sont susceptibles d’être mises à exécution. Cela nous ramène aux heures les plus sombres de notre histoire ».

Cette dernière phrase a déclenché un concert de gloussements dans le public d’extrême droite, qui n’ont pas semblé intimider davantage Stéphane Javet.

Dans sa plaidoirie, l’avocat des deux prévenus, Pierre-Marie Bonneau, a répliqué en parlant de « délit de sales idées » dont étaient victimes ses clients :

« Les heures sombres, c’est de vouloir condamner quelqu’un sans preuve. Les réquisitions sont un tissu de préjugés. Il n’y a aucun fait. La parole d’une seule personne n’est pas suffisante ».

Il a demandé la relaxe. Et il a précisé que Gabriac avait porté plainte contre le barman pour discrimination en raison d’idées politiques.
Verdict le 22 octobre.


#Alexandre Gabriac

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