Ses positions sur ces quatre sujets n’ont pas bougé mais l’argumentaire qui les appuie s’est adapté. Il a pu en faire la démonstration ce mercredi, tout le long de la traditionnelle visite de rentrée des chantiers de l’agglomération lyonnaise.
1/ Oui au cumul des mandats, « comme l’Allemagne »
Depuis cet été, il rôde son discours sur le modèle allemand pour justifier qu’en tant que maire de Lyon et président de la communauté d’agglomération lyonnaise, il conserve son fauteuil de sénateur. Malgré tout, il a été vertement accueilli à l‘université d’été du PS où les militants n’ont pas compris toute la finesse de son raisonnement. Devant les journalistes de la presse lyonnaise, il a repris son discours déjà entendu sur LCI en juillet.
Que dit Gérard Collomb ? Tout d’abord, il précise qu’il n’est pas concerné par les mesures du parti socialiste « puisqu’elles s’appliquent aux députés et sénateurs qui viennent d’être élus et qui ont signé un papier les engageant ». Or lui a été élu en 2004.
Mais il ne veut pas apparaître comme prêchant pour sa propre paroisse :
« Ce n’est pas mon problème d’être sénateur. Je parle de manière générale. »
Et c’est là qu’intervient le fameux modèle allemand qu’il conseille à ses amis socialistes de regarder, et surtout à Lionel Jospin, qui préside la commission sur la moralisation de la vie politique :
« Il y a le Bundestag d’un côté où il n’y a pas de cumul de mandats mais de l’autre côté il y a le Bundesrat où les collectivités locales sont présentes de droit et où les textes qui concernent les collectivités locales sont présentés. (…) Si son avis n’est pas positif la loi n’est pas adoptée. C’est un équilibre des pouvoirs qui est totalement différent de la situation française. »
Et il conclut en haussant le ton : « La France devrait s’inspirer de ce modèle ». Il prend l’exemple de la future loi sur la décentralisation qui passera devant les sénateurs. Dans l’hypothèse de l’application du non-cumul des mandats, « ce serait hallucinant », pour lui, qu’il n’y ait pas de représentants des collectivités locales au Sénat pour statuer sur l’avenir de leur collectivité.
2/ Roms : gare à l’appel d’air !
Gérard Collomb a toujours été un partisan de la méthode forte avec les Roms. En tant que président du Grand Lyon, il demande régulièrement l’expulsion des terrains ou immeubles de la communauté urbaine squattés. Et puisque le Grand Lyon dispose d’importantes réserves foncières, il préfère prévenir :
« Partout où il y aura des biens squattés, il y aura expulsion. »
C’est la position qu’il exposait déjà en septembre 2010 lors d’une séance du conseil communautaire : expulsion systématique et absence de politique de relogement. A l’époque, il expliquait que, dans l’hypothèse où les collectivités locales se mettraient à reloger après expulsion, cela devrait concerner « tout le monde » et sous l’égide du gouvernement. Sinon, par un geste (voir à la vidéo à 4 min 30), il montrait que les « malheureuses villes qui font ça » de manière isolée vont voir affluer des Roms en grand nombre « car le téléphone fonctionne chez les Roms ».
Aujourd’hui, pour expliquer pourquoi il n’est pas favorable aux relogements des Roms expulsés, le maire de Lyon affirme que la collectivité ne peut dépenser plus pour ces populations. La Ville de Lyon débourse 2,8 millions d’euros par an pour l’hébergement d’urgence alors que ce n’est pas sa compétence et l’Etat 40 millions :
« Je viens d’accorder au préfet 150 000 euros juste avant les vacances. On ne peut pas monter de manière indéfinie. (…) Il vaut mieux faire du logement social plutôt qu’empiler de l’hébergement d’urgence. (…) Et évidemment, on ne peut pas accueillir une population croissante et leur dire qu’on va les reloger. On ne peut pas les reloger. Ou alors ce sont d’autres qu’on déloge. »
Moralité : « il faut essayer de faire en sorte qu’un certain nombre de population rom puisse rester en Roumanie ». Sur ce point là, il cite ce que le Grand Lyon a initié dans la commune de Tinca, dans l’ouest de la Roumanie, au nom de la coopération décentralisée, où doivent être réalisés des bains douches et le raccordement à l’électricité.
3/ Pour une économie sociale de marché
En matière économique, comme pour le cumul des mandats, Gérard Collomb regarde du côté de l’Allemagne en mettant désormais en avant le modèle de « l’économie sociale de marché ».
Le maire de Lyon défend la présence du Premier ministre à l’université d’été du Medef alors que le leader du Front de gauche trouve que qu’Ayrault fait des « risettes » au patronat. Et Collomb s’en est encore pris à Jean-Luc Mélenchon :
« Il voudrait travailler avec qui Jean-Luc Mélenchon s’il est au pouvoir ? Il veut nationaliser toutes les entreprises ? Que l’on réinvente une espèce d’Union soviétique? Le modèle a échoué. Donc on va essayer de faire, comme auraient dit les Allemands, une économie sociale de marché ».
Ses alliés communistes du conseil municipal apprécieront la sortie.
L’emballage est nouveau mais le fond du discours reste le même. Dans un livre publié en mars 2011 intitulé « Et si la France s’éveillait… », Gérard Collomb défendait « une politique réformiste réaliste » que pouvait mettre en place son candidat de l’époque, Dominique Strauss-Kahn.
Gérard Collomb développait notamment l’idée d’ »un socialisme qui croit à l’entreprise ».
Le maire de Lyon critiquait alors Martine Aubry :
« J’ai peur qu’elle ne soit encore enfermée dans la vision d’une social-démocratie classique, fondée sur l’intervention de l’Etat, par la redistribution et la réglementation ».
4/ Les écolos ne peuvent être « un pied dedans, un dehors »
A un an et demi des élections municipales, Gérard Collomb joue l’apaisement avec les écologistes. Fini les polémiques sur la campagne des législatives dans la 1ere circonscription du Rhône où le maire était en première ligne pour soutenir le candidat dissident (PRG) Thierry Braillard, face à Philippe Meirieu, investi par le PS. Comme il l’indiquait dans un entretien au Progrès le 29 août, il veut « tourner la page du mauvais épisode des législatives ».
Et pour la tourner, le maire de Lyon préfère ne pas savoir ce que pense Philippe Meirieu de son « modèle lyonnais », dézingué en 60 pages dans un ebook.
Interrogé mercredi sur le sujet, il dit qu’il n’a « pas lu le livre » et qu’il n’est même pas au courant des attaques qu’il contient. Et Gérard Collomb ajoute même qu’il est disposé à ce que Philippe Meirieu revienne travailler avec lui.
Le vainqueur sur la 1ère circo, Thierry Braillard, refuse également de commenter la sortie du « Khmer vert », selon le terme employé par le maire pour qualifier Meirieu. La consigne serait donc : « silence ».
L’objectif ? Calmer le jeu pour tenter de rallier un maximum de membres d’Europe-Ecologie/Les Verts (EELV) et les placer sur une liste commune en 2014. Il répète sa position : « On ne peut pas être un pied dedans, un pied dehors », au gouvernement comme à Lyon.
« Soit on est dehors, soit on est dedans. (…) Sur les grandes questions, les grandes orientations, il faut se montrer solidaire. A Lyon : il y a la quasi totalité des élus écologistes qui sont solidaires des orientations de la municipalité. Mais il se trouve qu’il y en a un ou deux qui ont envie d’être en dehors. Et bien, ils sont en dehors, ce n’est pas grave. Les autres sont dans l’action et peuvent revendiquer le bilan ».
Dans son entretien au Progrès, il dresse une liste de bons élèves. Des « gens qui ont du talent et qu'[il] ne connaissait pas ». Il les verrait bien sur sa liste pour les municipales :
« Pierre Hémon, Mireille Roy, Françoise Rivoire (adjoints à la ville, ndlr) ou Bruno Charles (vice-président du Grand Lyon, ndlr), ils se sont défoncés dans leurs missions. Les bons éléments, je les prendrai toujours ».
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