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Un bidonville de 180 Roms expulsé dans la banlieue lyonnaise

Après la réunion interministérielle sur les Roms, les expulsions de squats et démantèlements de campements continuent autour de Lyon. Ce mardi 28 août au matin, le plus gros bidonville de l’agglomération a été évacué par les forces de l’ordre à Saint-Priest. Médecins du Monde, avec qui le préfet avait engagé une concertation, a le sentiment de s’être fait « rouler dans la farine ».

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Mardi 28 août. Le plus grand bidonville de Roms quelques minutes avant sa destruction par les pelleteuses. Crédit : Rue89Lyon

Par Laurent Burlet et Leïla Piazza

Ce mardi 28 août aux alentours de 7h, une douzaine de camions de CRS s’est rendue dans un campement sur un terrain de Saint-Priest, tout près des usines Renault Trucks et du parc de Parilly. Quelque 180 Roms vivaient dans ce campement de fortune. Seules 121 personnes, dont 74 adultes et 47 mineurs, étaient encore présentes au moment de l’expulsion, selon la préfecture. Le terrain appartient à un propriétaire privé, Nexity.

« Il fallait un moratoire pour ce terrain. Certes, ici, ils n’avaient pas d’eau ni d’électricité mais ça allait », commente, écœurée, Gilberte Renard du collectif Roms.

L’expulsion devait avoir normalement lieu le 23 août. Mais la veille, la préfecture du Rhône avait convoqué une réunion de concertation, comme le ministère de l’Intérieur l’encourageait.

 

Concertation : « On s’est fait rouler dans la farine »

A cette réunion étaient présentes plusieurs associations dont Médecins du Monde (MDM). Isabel Marblé, assistante sociale de MDM explique :

« Le préfet a ouvert la possibilité que le terrain ne soit pas expulsé. Le lendemain, il a rappelé Médecins du Monde pour dire qu’il n’y avait pas d’expulsion prévue. Nos équipes ont alors travaillé sur un diagnostic de santé des populations présentes. »

Sur place ce mardi, lors de l’expulsion du bidonville, cette salariée de MDM ne cachait pas sa colère :

« Le résultat aujourd’hui de cette concertation : des expulsions sans aucune proposition de relogement et avec des OQTF (obligation de quitter le territoire français, ndlr). J’ai l’impression qu’on s’est fait rouler dans la farine. Et en plus de cela, c’est la première fois que Médecins du Monde ne peut pas rentrer sur un terrain lors d’une expulsion. »

Contactée par Rue89Lyon, la préfecture a confirmé l’expulsion mais ne souhaite pas s’exprimer davantage sur le sujet.

Des contrôles d’identité ont eu lieu. Et au moins quatre OQTF ont été distribuées, selon notre journaliste présent sur place.

Le campement étant composé de baraquements et de caravanes, ces dernières ont été tractées, tandis qu’à partir de 10h30, les pelleteuses ont commencé à détruire ce qu’il restait.

Dans l’agglomération lyonnaise, il s’agit au moins de la huitième expulsion depuis début août.

 

Des solutions de relogement toujours inexistantes

Les habitants étaient quant à eux partis dans la nature, sans solution de relogement.

« Des solutions de relogement, il y en a. Il y a plein de locaux vides dans l’agglomération. Par exemple, la clinique Montplaisir ou la clinique du Parc », suggère Gilberte Renard.

Dans le même temps, le 115, débordé actuellement, ne peut prendre en charge quelque 400 personnes, qui restent sans solution d’hébergement. Alors que des militants du collectif lyonnais pour l’accès à la scolarisation et le soutien aux expulsés des squats (CLASSES) appelaient le 115 pour trouver une solution pour une famille avec deux bébés de 3 et 4 mois, Henri Branciard s’exclame :

« Le 115 n’est même pas au courant qu’il y a une expulsion. On nous demande de rappeler demain. Vous parlez d’une concertation ! »

Pas loin de là, dans le parc de Parilly, une trentaine de personnes se sont regroupées. Parmi eux, un père de famille de quatre enfants. Il explique avoir travaillé deux ans en Italie puis avoir dû partir à cause de la crise. Très remonté, il s’exprime dans un français hésitant :

« Nous sommes des citoyens européens. Mais on nous maltraite. Ce matin la police a cogné à nos portes et nous a forcé à partir. »

D’autres personnes s’approchent des journalistes pour leur parler. Ils viennent tous de la même région de Roumanie, vers Craiova. Et le sentiment de rejet règne :

« On ne nous aime pas. La police est raciste. Elle pourrait nous contrôler et nous dire de partir calmement. »

 


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