Celui-ci consiste à ouvrir d’avantage de structures d’hébergement d’urgence pendant la période hivernale et à les refermer au printemps.
Place Carnot, le 10 juillet. Des familles dorment sur la pelouse après l’expulsion de leur squat de Perrache. ©Richard Mouillaud / Maxppp.
Or l’expérience montre malheureusement que le nombre de personnes « qui dorment dehors » l’été est infiniment supérieur à celui de l’hiver. Ce sont des individus de tous âges, de toutes origines, des familles avec des enfants, des bébés, en particulier des demandeurs d’asile dont l’Etat ne respecte pas le droit au logement et à l’alimentation.
Comme ces « réfugiés de Perrache » livrés à leur propre sort. Depuis l’expulsion de leur squat le 9 juillet dernier, ils sont une cinquantaine à dormir dans des tentes installées sur les pelouse de la place Carnot (Lyon 2e). Sans même l’eau des fontaines publiques.
Cette surabondance de sans logis à la « belle saison » n’a que peu de rapport avec la météorologie. Elle est surtout liée au fait que l’été est aussi la saison des expulsions de toutes natures : locataires défaillants, squats divers, camps de Roms… Par ailleurs, la torpeur estivale de toute la société, économique, politique et même associative, aggrave fortement l’isolement, le délaissement, le dénuement de ces personnes pourtant déjà au comble de la misère.
Politiques et associations en vacances
En juillet, et surtout en août, les politiques sont aux abonnés absents et la plupart des associations de solidarité tombent étrangement en « estivation ».
A Lyon, les milliers de sans domicile, qui n’ont pas la chance d’être domiciliés par autrui, ne peuvent alors plus compter sur la Croix Rouge, qui ferme, anormalement ses portes pendant deux mois. Tout comme les Restos du cœur -et nous ne les blâmerons pas- qui ne fonctionnent qu’à partir de septembre. Ou encore le Secours catholique et le Secours populaire qui, eux aussi, « prennent leurs congés » en août. Ce qui fait, par exemple, que plus aucun demandeur d’asile lyonnais ne peut s’inscrire pour aller manger au restaurant social de l’Armée du Salut.
Enfin, les réfugiés ne peuvent pas compter sur un suivi réel de la part des associations gestionnaires de leurs dossiers qui ont le plus grand mal, en toutes saisons, à assurer leurs tâches élémentaires.
Seul Médecins du Monde continue son remarquable suivi médical et même social, en toutes saisons et sous toutes les latitudes, même la nôtre !
Pendant ce temps, sans parler des autres logements, de nombreux hébergements d’urgence demeurent vacants.
A l’image du centre Cléberg (6e arrondissement) utilisé l’hiver dernier. Il est aujourd’hui en grande partie vide. On pourrait y loger une centaine de personnes.
Les supermarchés jettent leurs produits en limite légale de consommation tandis que des milliers de sans-abri vivent et dorment dans l’insécurité, dans le stress, au détriment de leur santé et ne mangent pas à leur faim.
Est-ce acceptable dans un pays dit « développé » -nous ne dirons pas « riche »- et dans une démocratie soit disant respectueuse des droits de l’Homme… et des enfants ?
D’où l’idée, logique, sans doute naïve et politiquement stupide, de concevoir un « plan d’été » : rouvrir certains logements d’urgence, peut-être simplement en juillet/août pour commencer, et imaginer des formes de distribution de nourriture en lien avec la Banque Alimentaire. Bien sûr cela coûterait de l’argent mais n’était-ce pas, il y a quinze ans, l’argument principal pour dissuader ceux qui voulaient instaurer un « plan d’hiver » ?
Par Michel Jouard, membre du conseil de quartier Perrache, militant « toutes saisons » du quartier de Perrache (Lyon 2e), soutien, tout l’été, des « réfugiés de Perrache ».
Chargement des commentaires…