Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Vénissieux, encore et toujours parent pauvre de Rhône-Alpes

Le magazine « la Gazette des Communes » publiait, mercredi 25 juillet, les résultats d’une étude réalisée par le cabinet Compas, portant sur la pauvreté à l’échelon communal. Elle établit, pour la première fois en France, le taux de pauvreté local des cent plus grandes villes. Parmi elles, Vénissieux, la moins bien lotie des grandes communes de la région Rhône-Alpes.

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Crédit photo : Maxime Jegat / Maxppp

Le taux de pauvreté, calculé par le bureau d’études (également à l’origine de l’Observatoire des inégalités), correspond au pourcentage de ménages qui perçoivent moins de 60 % du revenu médian national, après prestations et avant impôts, soit 954 euros. En plus des données fiscales de l’INSEE, les résultats de Compas intègrent les prestations sociales.

Selon l’enquête, les taux de pauvreté varient ainsi de 7 % pour Neuilly-sur-Seine, jusqu’à 46 % pour Roubaix.

Et ces données montrent que la pauvreté ne se concentre pas en zone périurbaine, mais essentiellement dans les villes de grande taille qui rassemblent un tiers des ménages précaires, alors qu’elles ne regroupent qu’un cinquième de la population.

« La ville attire les plus démunis, car on y trouve le plus d’opportunités de logement et d’emploi », explique Hervé Guéry, directeur du Compas, précisant que « le taux circonscrit une pauvreté concernant des gens modestes, pas la grande pauvreté ».

 

Lyon la bourgeoise…

Lyon colle à sa réputation de ville cossue, elle affiche dans ce classement un taux de pauvreté de 15%, après d’autres grandes villes françaises: Paris (16%), Nantes (17%), Bordeaux (18%), Toulouse (19%) et Nice (20%). Suivent, plus loin, Strasbourg (24%), Marseille (26%), Montpellier et Lille (27%).

A Lyon le nombre de ménages sous le seuil de pauvreté s’élève ainsi à 32 979, selon les chiffres du cabinet, pour un revenu médian des ménages pauvres de 796€.

Les statistiques plutôt correctes affichées par Paris et Lyon s’expliquent notamment par la hausse du prix du logement locatif. Car les ménages disposant de revenus modestes ont depuis plusieurs années renoncé à habiter les plus grandes villes de France.

Quant aux autres villes recensées en Rhône-Alpes, elles tirent généralement bien leur épingle du jeu : Chambéry, Grenoble ou Villeurbanne présentent des taux de 18 à 19%, légèrement inférieurs à la moyenne nationale, tout comme Valence (21%) et Saint-Etienne (22%).

Enfin, si l’étude fait apparaître une plus grande pauvreté dans les villes des départements d’outre-mer (Saint-Pierre et Tampon, à la Réunion : 46% et 43%), les communes périphériques des grandes agglomérations sont aussi particulièrement concernées : Vénissieux se place ainsi comme la ville la plus défavorisée de Rhône-Alpes. Avec un taux de pauvreté qui grimpe à 32 % (et au revenu médian des ménages pauvres de 734€), la commune est symbolique des zones où l’emploi peine à se développer, et qui présentent un grand nombre de logements sociaux (plus de 55% de son parc immobilier).

Selon le recensement effectué par l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) en 2009, la commune présente un taux de chômage de 18,7% chez les 15-64 ans (au sens de l’Insee), bien loin de Lyon et de ses 11,4%.

Un constat qui «permet de prendre la pleine mesure de l’importance du logement social dans la répartition de la pauvreté sur le territoire», selon Hervé Guéry.

 

Des politiques sociales plus justes ?

Car l’objectif de cette étude demeure avant tout de comprendre les causes structurelles des écarts de richesse entre les communes françaises, tout en tentant de les niveler, comme l’explique Louis Maurin, consultant pour Compas et directeur de l’Observatoire des inégalités :

« En aucun cas, il ne s’agit de stigmatiser, mais de montrer où est l’urgence et d’inciter à des politiques sociales plus justes. Sans, non plus, que les personnes pauvres vivant dans des villes affichant un taux bas soient oubliées. »

Pour cela, le gouvernement mise sur la tenue d’une conférence qui devrait avoir lieu « à l’automne », comme l’a annoncé François Hollande le 13 juillet dernier. Elle aura comme objectif d’élaborer un « plan quinquennal pour l’égalité, la dignité et pour la lutte contre la pauvreté et les exclusions », selon le chef de l’Etat.

Il a par ailleurs précisé que les collectivités locales seraient conviées à cette concertation, à l’instar des « grandes associations et des entreprises ».


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