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Le leader d’un groupuscule d’extrême droite poursuivi pour « menaces de mort »

Le conseiller régional exclu du FN, Alexandre Gabriac, a passé ce lundi 11 juin douze heures en garde à vue. On lui reproche d’avoir notamment menacé de morts deux employés d’un bar du Vieux Lyon où il avait ses habitudes. Le procès aura lieu en septembre.

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Alexandre Gabriac lors de la manifestation de son groupe les Jeunesses nationalistes le 14 janvier

Ces derniers temps, Alexandre Gabriac fait beaucoup parler de lui, comme membre du  GUD Lyon ou fondateur-leader d’un nouveau groupuscule d’extrême droite, les Jeunesses nationalistes. Après avoir été photographié, pour la seconde fois, le bras tendu en hommage à Mussolini, le voilà embarqué dans une affaire judiciaire.

L’intéressé nie farouchement les faits qui lui sont reprochés et qui remontent au 23 mai dernier.

C’est le conseiller régional d’extrême droite, lui-même, qui nous a déclaré être poursuivi pour des « menaces de mort » contre deux employés d’un pub du Vieux Lyon (5e arrondissement) où il avait ses habitudes jusqu’au changement de propriétaire en début d’année. Mais il précise qu’il nie totalement les faits qui lui sont reprochés.

« Gabriac a tenté de forcer la porte »

Contactée, la gérante de ce pub nous a raconté ce que, selon elles, ses deux employés avaient subi le 23 mai. Sous couvert d’anonymat :

« Tout s’est déroulé vers 22 heures sur la terrasse du pub. Alexandre Gabriac et son collègue n’ont visiblement pas apprécié de ne pas pouvoir pénétrer dans les lieux. Pendant une vingtaine de minutes un barman et l’agent de sécurité leur ont signifiés qu’ils ne pouvaient pas rentrer dans l’établissement. Les deux ont répondu en les insultant et en les menaçant. Mes deux employés ont fermé la porte ».

La gérante raconte que ce serait la fermeture de la porte qui aurait fini d’énerver Gabriac et son collègue.

« Ils ont jeté une table de la terrasse et ont voulu forcer la porte. Ils risquaient de la casser. C’est à ce moment là que l’agent de sécurité et mon barman sont sortis pour les gazer avec une bombe lacrymogène. L’agent de sécurité en a ceinturé un, que la police a ensuite interpellé ».

Le parquet confirme qu’il n’y a eu, le soir du 23 mai, qu’une seule interpellation qui a été suivie par un placement en garde à vue. Selon une source policière, il ne s’agissait pas d’Alexandre Gabriac mais de son compagnon.

La gérante estime qu’« il n’y a eu aucune agressivité de la part de (ses) employés ».

« Manipulation du système »

Pour nier les faits, Alexandre Gabriac répète qu’il n’était pas présent sur les lieux ce soir-là et n’a surtout qu’une phrase à la bouche :

« C’était une manipulation visant à ce que je ne sois pas présent dans la rue pour préparer la manifestation le 23 juin. »

Le 23 juin, Alexandre Gabriac et ses Jeunesses nationalistes programment en effet leur deuxième manifestation intitulée « la révolte des souchiens ».

Mais, dit-il, grâce à son) avocat, il a pu éviter la comparution immédiate. Et donc, un placement en détention provisoire :

« S’il y avait un procès dans la foulée de la garde à vue, j’aurais refusé la comparution immédiate pour préparer ma défense et j’aurais donc été placé en détention provisoire ».

Il dénonce un « système » qui voudrait le « faire taire » :

« Ça prouve que quand on met des bâtons dans les roues du système, il nous en met. Ça rassure. Ça veut dire qu’on est du bon côté si le système nous en veut ».

Exclu de leur bar pour des « insultes racistes »

La seule chose que reconnaît Alexandre Gabriac est qu’il est interdit de séjour dans ce pub du Vieux Lyon où il avait pourtant ses habitudes jusqu’au changement de propriétaire, au début de l’année 2012.

La gérante raconte comment elle en est venue à prendre une mesure d’exclusion :

« Ils se sentaient chez eux. Il y avait une forte agressivité. Ils voulaient qu’on mette le drapeau français. Et ils collaient les autocollants avec l’aigle doré dans les toilettes (le symbole néofasciste des Jeunesses nationalistes, ndlr). »

Surtout, la gérante évoque des propos racistes tenus à plusieurs reprises :

« Ils ont eu des mots. Vis-à-vis de l’agent de sécurité de couleur et vis-à-vis du barman qui est nord-africain. Ils ne respectent rien. »

Mais elle rejette toute idée de « discrimination politique » dont parle Gabriac, qui veut déposer plainte dans ce sens dans les prochains jours :

« Pour moi ce sont des clients, je ne fais pas de différence entre extrêmes gauche et droite. Mais là ça devenait trop tendu. Ils étaient chez eux. Et comme nous employons des personnels de différentes nationalités, ce n’était plus possible. J’en ai exclu une partie. Les deux derniers que j’ai exclus, c’est ces deux là (en parlant de Gabriac et de son collègue, ndlr). Les autres sont partis naturellement. Ils n’ont pas peur. Ils assument leurs responsabilités. »

Alexandre Gabriac nie, une fois de plus, ce qu’il lui est reproché. Il explique que c’est le barman lui-même qui lui a dit qu’il « ne voulait plus de ces idées politiques ».

Exclu de ce pub où il avait ses habitudes, Alexandre Gabriac n’en a pas pour autant déserté le Vieux Lyon que les différents mouvements d’extrême droite considèrent comme leur fief. Au grand dam de nombreux habitants et commerçants.

Au terme de sa garde à vue, le procureur de la République de Lyon a malgré tout décidé de poursuivre Alexandre Gabriac devant le tribunal correctionnel pour des faits Sans s’étendre davantage sur l’affaire. qui sera jugée en septembre.


#Extrême-droite

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