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Cécile Duflot et Benoît Hamon traqués à Lyon par les militants de Gérard Collomb

La campagne législative dans la 1ère circo du Rhône prend des allures de combat de rue.

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Les ministres Cécile Duflot et Benoît Hamon ont sauté d’un train ce vendredi matin à Lyon pour soutenir l’écologiste Philippe Meirieu, candidat investi officiellement par le Parti socialiste dans le cadre des accords nationaux avec EELV.

C’était sans compter la mobilisation musclée des troupes du maire socialiste Gérard Collomb, qui soutient mordicus le dissident Thierry Braillard, PRG, le seul candidat « légitime, non piloté par Paris », selon lui.


Crédit photo Maxppp

Ils devaient faire une tournée de campagne dans le quartier de Gerland (7e), mais c’est à chat qu’ils ont joué, bien malgré eux. Benoît Hamon, ministre de l’Économie sociale et solidaire, et Cécile Duflot, ministre du Logement, devaient entamer un marathon aux côtés de Philippe Meirieu ce vendredi matin à 9 heures, en partant de la porte de la bibliothèque de l’Ecole Normale Supérieure. Un point presse était ensuite prévu au Métropole, un petit café de la place des Pavillons.

Mais une dizaine de militants affublés d’autocollants PS se sont placés devant le troquet, en ordre de bataille, hurlant leur désaccord avec la candidature de Philippe Meirieu au mégaphone. Une chaîne humaine s’est même organisée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, pour empêcher les ministres de Ayrault de passer. Les équipes organisatrices de la visite politique des ministres avaient prévu le coup, et se sont rabattus sur un autre lieu, de l’autre côté du Rhône, à Perrache. Non sans mal, la voiture de Cécile Duflot devant attendre qu’un militant socialiste daigne la laisser passer.

C’est donc dans l’arrière-salle d’un petit bar du quartier Sainte-Blandine que Benoît Hamon et Cécile Duflot, encadrés par Philippe Meirieu et sa suppléante socialiste, Nathalie Perrin-Gilbert, ont pris la parole. Visages fermés, les ministres ont rappelé qu’il n’y avait qu’un seul candidat investi par le PS sur la 1ère circo du Rhône.

Ce qui leur a pris dix minutes chrono, pendant lesquelles les militants socialistes anti-Meirieu se sont massés de nouveau devant le bar, l’une d’entre eux forçant même l’entrée en poussant des hurlements proches de l’hystérie. Pas de quoi faire ciller les candidats officiels du PS qui se sont dit « habitués » de l’attitude de leurs adversaires de gauche, pas plus que les ministres qui, de toute façon, ont dû filer fissa. Ils avaient un train à prendre.

 

« L’histoire du socialisme à Lyon » ne peut pas être exclu du PS

Comme depuis le début de cette campagne législative dans le Rhône, rythmée par le feuilleton de la 1ère circo, Gérard Collomb avait prévu dans la foulée de la venue des ministres une conférence de presse. Une énième opération de force politique, puisque le maire de Lyon y fait venir à chaque fois de nombreux élus. Son candidat, Thierry Braillard, les a comptés :

« Les 62 élus socialistes du Rhône me soutiennent. Pas 60, pas 61, mais 62. C’est à dire tous. »

Gérard Collomb a répété qu’il ne se laisserait pas dicter sa conduite par « Paris ». Il a exhorté Cécile Duflot à faire son « boulot de ministre » plutôt qu’à venir à Lyon pour soutenir Meirieu, quand lui-même consacre une grande partie de son temps sur les marchés, dans les allées d’immeuble, en directeur de campagne de luxe de Thierry Braillard. Sur l’une des affiches du candidat radical qui utilise la mention « majorité présidentielle », Gérard Collomb est même au premier plan.
Pour le maire, il s’agira d’un vote de popularité. Pas question pour lui de ne pas être plébiscité dans sa propre ville, lui qui a déclaré être « l’histoire du socialisme à Lyon ».
Si Benoît Hamon est descendu « remettre de l’ordre » à Lyon sur la question de la 1ère circo, il n’est pas loin d’être d’accord avec Gérard Collomb puisque le ministre a clairement évincé la possibilité de l’exclure du PS :

« On ne va pas faire des cohortes d’exclus », a-t-il tout juste répondu.

La dissidence est donc acceptable « selon que l’on est puissant ou misérable », analyse un militant PS, soutien de Thierry Braillard mais « fatigué par cette mascarade ». En effet, les instances nationales à Paris ont été moins indulgentes avec Gilda Hobert, la suppléante socialiste de Thierry Braillard, qu’avec le maire de Lyon, en excluant du parti cette conseillère municipale le 31 mai dernier.
Le PS, qui a tenté une action en justice contre l’utilisation de son logo et de ses slogans par Thierry Braillard, semble donc laisser gentiment les coups se donner, ménageant les susceptibilités des uns et des autres, en espérant que de cette foire d’empoigne sorte un député de gauche.

 

Le réflexe « identitaire » des socialistes de Collomb

Ce matin, les militants socialistes gargarisés, partisans de Thierry Braillard, ont rejoint le restaurant avenue Jean Jaurès où Gérard Collomb avait organisé le point presse « post-Duflot ». Remontés à bloc :

« Une campagne comme ça, on en avait jamais fait! Elle est super. »

Pour l’un des responsables de section, à qui l’on a demandé ce qui pouvait bien être aussi motivant dans cette campagne, c’est une question de défense du poing et de la rose. Un réflexe identitaire : « Il n’est pas supportable qu’on nous enlève ça! », a-t-il dit en tapant sur le sticker PS qu’il s’est collé sur la poitrine.

Les militantes se sont fait prendre en photo avec Gérard Collomb.

« Ce soir, on arrête », a déclaré l’un d’eux, presque déçu.

C’est la loi qui le lui impose, la fin de la campagne devant prendre fin ce vendredi à minuit.


#Cécile Duflot

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