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Législatives dans la 1ère circo: de qui François Hollande est-il l’ami ?

La question pourrait agacer Philippe Meirieu, le candidat écologiste investi par le PS, s’il ne voulait pas apparaître comme un homme affable faisant mine d’ignorer la candidature d’un autre « partenaire » des socialistes, Thierry Braillard (parti radical de gauche), sur la 1ère circonscription du Rhône. Ce dernier est soutenu par le maire PS Gérard Collomb. Et sur le terrain, la guerre se fait donc surtout entre gens de gauche.

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L’écologiste Philippe Meirieu investi par le biais d’un accord national entre Europe Ecologie Les Verts et le Parti socialiste comme le candidat unitaire de la gauche sur la 1ère circonscription du Rhône voudrait ne pas en faire cas. Mais la candidature dissidente de Thierry Braillard (PRG), portée par Gérard Collomb, fait désordre. D’autant que sur ce territoire détenu par le député UMP Michel Havard, le score de François Hollande (devant Nicolas Sarkozy avec 53,98% des voix) au second tour de l’élection présidentielle peut laisser espérer à la gauche une éventuelle victoire.

 

Motivés, les militants ne s’épargnent pas sur le terrain. Petites provocations, petites intimidations, la campagne bat son plein, surtout entre gens de gauche. Et alors même que Philippe Meirieu comme Thierry Braillard assurent n’avoir « qu’un seul adversaire », l’UMP Michel Havard, la plupart de leurs communiqués ne portent que sur leur duel quelque peu ubuesque.

 

Un recours déposé pour la mention « majorité présidentielle »

Il n’est pas allé jusqu’à mettre le poing et la rose sur son tract, mais Thierry Braillard apparaît malgré tout en photo sur ses documents de campagne aux côtés de François Hollande. L’adjoint aux sports de Gérard Collomb est sûr de lui :

« Vous pensez vraiment que je me permettrais d’utiliser cette photo avec François Hollande s’il ne me l’avait pas permis ? »

Pour brouiller davantage encore les cartes, Thierry Braillard dispute aussi à Philippe Meirieu la mention de « majorité présidentielle », sous laquelle il précise toutefois « soutenu par Gérard Collomb ». Une majorité présidentielle tout à fait localo-spécifique, donc.

Un recours aurait été déposé auprès du bureau national du Parti socialiste afin que les termes « majorité présidentielle » disparaissent des documents du candidat radical, mais globalement, la commission nationale socialiste censée régler les conflits esquive la question et semble vouloir laisser les candidats s’étriper jusqu’à ce que mort s’en suive et que, éventuellement, un député de gauche sorte de là.

Thierry Braillard maintient dans ce contexte qu’il n’est pas « celui en trop » :

« Je refuse qu’on me traite de dissident. Je suis au PRG, ma suppléante (Gilda Hobert, ndlr) est au PS et elle n’a eu aucun souci avec le bureau national. »

 

C’est avec Thierry ou contre Gérard

Au lendemain de l’élection de François Hollande, les cotillons ont été vite balayés, et le président de la fédération socialiste, Jacky Darne, aux côtés de Gérard Collomb, en patron du PS local, ont mené une conférence de presse avec des candidats aux législatives en rang d’oignon. Thierry Braillard s’y est affiché, assurant être le « seul candidat légitime » de la gauche sur la 1e circonscription.

En face, depuis janvier, Philippe Meirieu larde quant à lui sa campagne de coups médiatiques. Le plus important ayant été le choix de sa suppléante, la maire du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert, socialiste régulièrement opposée à Gérard Collomb. Le duo censé concourir sous les couleurs de François Hollande, sans aucun soutien local, a lui décidé d’adopter un autre style et en a fait la preuve cette semaine également.

Ils ont présenté lundi une brochette de personnalités, de Bernard Bolze, le fondateur de l’Observatoire international des prisons, à Etienne Rigal, magistrat connu notamment pour sa lutte contre la spirale judiciaire du surendettement (il a inspiré le livre d’Emmanuel Carrère, D’autres vies que la mienne). Leur « comité de soutien » est en effet prestigieux… mais totalement exempt d’élus socialistes. Gérard Collomb est à la manoeuvre, il a envoyé aux élus locaux un message avec toute la clarté dont il sait faire preuve : tout le monde doit faire campagne pour Thierry Braillard malgré l’accord national ; « c’est avec lui ou contre moi ».

 

Les écolos jouent un Opéra… « rock »

Gérard Collomb reproche à Philippe Meirieu et à son groupe EELV qui siège au sein de la majorité du conseil régional de ne pas suivre de façon systématique les choix politiques du président socialiste de région, Jean-Jack Queyranne.

Dernier coup d’éclat en date : le groupe écologiste n’a en effet pas voté la subvention régionale annuelle de l’Opéra National de Lyon. De quoi faire bondir Gérard Collomb qui s’est fendu d’un communiqué très politico-partisan et pourtant signé en tant que maire :

« Je ne peux que m’interroger devant cette opposition systématique de Philippe Meirieu à tous ces projets moteurs pour l’avenir de notre agglomération : Cancéropôle, Biotechnologies de Gerland, Halle d’Athlétisme de la Duchère, Festival Lumière, Opéra de Lyon, Théâtre National Populaire de Villeurbanne, et demain Anneau des Sciences…

Je ne peux que constater cet entêtement à s’opposer à ce mouvement positif pour l’avenir de Lyon quand il choisit pour suppléante quelqu’un, qui, dès élue sur ma liste en 2008, s’est opposée à la dynamique municipale. Et l’un et l’autre – qui ont été les plus durs opposants à la candidature de François Hollande – briguent pourtant les suffrages des Lyonnais au nom de la nouvelle majorité présidentielle. »

Le maire de Lyon en profite pour y rappeler son soutien à Thierry Braillard dans cette élection législative. Il va plus loin en faisant tenir cette position aux élus écologistes de son cercle, desquels Philippe Meirieu ne peut donc « rien attendre ». A la suite de Gérard Collomb, ses trois adjoints écologistes, Gilles Buna, Alain Giordano et Françoise Rivoire ont envoyé un texte d’exacte même teneur :

« Nous déplorons et nous nous désolidarisons de cette prise de position invraisemblable qui va à l’encontre de la dynamique engagée par la majorité à la Région. L’ensemble des autres groupes ont d’ailleurs voté pour cette subvention. »

Les écologistes proches de Gérard Collomb ont donc indirectement et toutefois clairement montré leur opposition à Meirieu. Le bureau régional d’EELV pourrait demander à les entendre dans les jours qui viennent, mais sans aller jusqu’à des sanctions.

En réponse, le candidat officiel du PS, toujours dans un contexte de campagne, a expliqué ce refus de voter pour la subvention. Selon lui, l’Opéra bénéficie déjà de nombreux et importants moyens, la Région ne doit pas se substituer au soutien de la Ville en termes de subsides, et « pas besoin d’arroser là où c’est déjà mouillé », estime-t-il.

Quand on lui demande s’il compte également s’exprimer de façon « autonome » au sein d’une éventuelle majorité de gauche au Parlement, s’il est élu député, Philippe Meirieu donne une réponse sans détour :

« Si je suis élu député, je garderai ma personnalité. Je voterai toujours comme il me semble bon de le faire ».

Pas de quoi, donc, éteindre les feux de cette campagne rocambolesque sur la 1e circonscription.


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