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Second tour : une campagne « très crade » et une droite morcelée à Lyon

S’il perd l’élection le 6 mai prochain, Nicolas Sarkozy devrait sans doute agir en bon bonapartiste et adopter le réflexe du départ. Sans son leader qui a tenu les troupes durant huit ans, l’UMP risque d’imploser et d’offrir un spectacle épique sur une terre lyonnaise globalement centriste.

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Dans le cas d’un scénario qui mettrait François Hollande à la tête du gouvernement, quelques têtes locales de droite et du centre-droit devront se repositionner. La droite populaire va devoir s’accrocher aux postes détenus : le député Philippe Meunier qui incarne cette mouvance très à droite au sein de l’UMP avait été élu haut la main sur sa circonscription, la 13e. Cette fois, l’avance de Nicolas Sarkozy sur ce territoire de l’Est lyonnais est moins nette. Philippe Meunier, dont l’un des chevaux de bataille est l’interdiction du port du voile intégral, part un peu moins sûr de lui pour sa campagne législative.

Dimanche soir, Michel Havard, député UMP, tout comme Philippe Cochet, président de la fédération du Rhône, ont appelé les militants à se mobiliser pour le second tour. Pas question de faire la fine bouche, il faudra taper dans le dur et n’éviter aucune thématique dans l’entre deux tours pour ces deux élus, convaincus de pouvoir faire bouger les lignes à Lyon. Nicolas Sarkozy y est arrivé en tête ce dimanche, avec 30,54% des voix, mais talonné par François Hollande, qui fait 30,24% des voix.

Le candidat UMP perd quatre points par rapport à 2007, où il avait largement devancé Ségolène Royal (27,29% des voix). Le Front national fait traditionnellement un score moins élevé dans les grandes villes. Mais si Marine Le Pen n’est qu’en cinquième position, après Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou, elle atteint malgré tout 9,47%.

 

De Meunier à Berra, les stratégies personnelles

En cas de défaite de l’UMP, Nora Berra ne bénéficiera de quasiment aucun soutien au sein de son parti, et elle aura bien du mal à se trouver une place au soleil dans la foire d’empoigne qui se profile. Sur le modèle de Rama Yade, un autre des « symboles de la diversité » du gouvernement Sarkozy, la secrétaire d’Etat à la Santé pourrait tenter une percée du côté du Parti radical de Jean-Louis Borloo, pour les élections législatives de juin. L’élue municipale a récemment essuyé un gros revers de la part de sa fédération dans le Rhône qui ne l’a pas choisie pour être candidate sur la 4e circonscription.

La secrétaire d’Etat, qui n’a jamais montré le moindre désaccord contre le durcissement global de la campagne de Nicolas Sarkozy qui a lorgné vers les électeurs du FN, n’a pas hésité à accuser ses amis UMP du Rhône de « discrimination » et n’a pas eu de mots assez durs à leur encontre quand elle s’est sentie écartée. Personne ne l’a oublié, au contraire. Isolée, Nora Berra a malgré tout fait ce dimanche un petit tour des bureaux de vote de la 4e circonscription. Peut-on y voir son intention de continuer à exister en politique ? Reste à trouver chaumière et caisse de résonance.

Les têtes de pont locales, donc, à « envergure nationale » selon leur propre opinion, Michel Mercier ou Nora Berra, se sont globalement fait discrets ce dimanche. L’un parce qu’il est censé être centriste, l’autre parce qu’elle pourrait donc, dans la tourmente, changer discrètement de camp. Le ministre de la Justice a hier cédé quelques mots au Progrès, espérant une victoire de Nicolas Sarkozy le 6 mai prochain. Sans s’attarder davantage sur cette éventualité, Michel Mercier a regretté que le FN fasse autant de voix. Sans surprise selon lui : « j’étais sûr du résultat ce dimanche ». Mercier et sa boule de cristal pourraient nous être bien utiles le 6 mai prochain.

 

Une campagne de second tour « très crade »

Au vu des scores réalisés par le Front national, les fédérations du Rhône, aussi bien à l’UMP qu’au PS, ont gardé le champagne dans le frigo. Si les jeunes pop’ ont exprimé une certaine joie, voyant dans les six millions de bulletins donnés à Marine Le Pen une belle réserve pour Nicolas Sarkozy, Michel Forissier a montré pour sa part du désarroi devant ces chiffres. Le secrétaire départemental de l’UMP a, seul, incarné une droite traditionnelle, gaulliste, à l’opposé des positions du FN.

« Lyon est une terre humaniste, la droite à Lyon a toujours porté ces valeurs », rappelait hier soir Jean-Louis Touraine, député socialiste qui se trouve, au lendemain du scrutin présidentiel, en bonne position pour les législatives (sa circonscription, la 3e, a voté à plus de 30% pour François Hollande). L’élu rappelait ainsi les positions centristes d’un Raymond Barre, éloignées de celles d’un Bruno Gollnisch, l’ex-numéro 2 du FN qui n’a d’ailleurs fait aucune apparition ni déclaration depuis l’annonce des résultats.

Dans la fédération du Front national, les larmes de joie ont coulé. On a exprimé toutefois quelques craintes, notamment que des « cocos » soient nommés au sein du prochain gouvernement, s’il est de gauche. Mais la stratégie frontiste veut que Nicolas Sarkozy tombe, que la droite explose et se reforme en partie autour de Marine Le Pen. Pas de consigne de vote, donc.

Selon Romain Blachier, élu socialiste dans le 7e, la campagne du second tour sera sans doute « très crade » :

« Nicolas Sarkozy va devoir siphonner les voix du FN, il va aller sur les thèmes préférés de l’extrême-droite, la sécurité, l’immigration… À Hollande de ne pas tomber dans les pièges, de rester sur une ligne humaniste. »

Pierre Moscovici, l’un des acteurs de la campagne du candidat socialiste, sera à Lyon mercredi soir prochain, à la Bourse du travail, pour motiver les troupes. Du côté de l’UMP, pas de gros rendez-vous lyonnais ou régional programmé pour l’heure.

Retrouver le récit de la soirée électorale du premier tour ici.


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