Nathalie Arthaud en meeting à Vénissieux le 18 avril ©Jocker
Au terme de sa première campagne présidentielle, la conseillère municipale de Vaulx-en-Velin est devenue une figure médiatique. Certes, elle n’a pas encore fait oublier Arlette Laguiller qui a représenté jusqu’en 2007 le parti trotskiste. Mais, à voir le nombre de caméras et d’appareils photo, elle aura réussi à se faire un nom.
Cependant, ce sont surtout des militants et des sympathisants qui ont formé ce mercredi soir l’essentiel des 400 personnes venues écouter, une heure durant, Nathalie Arthaud à la salle Joliot-Curie. Elle était entourée à la tribune, façon congrès du parti, de cinq militants. Un seul a pris la parole pour faire un point sur les mouvements sociaux de la région.
Un bon point pour Hollande
Au milieu des drapeaux rouges, la candidate de Lutte ouvrière a une énième fois délivré un discours qui peut sembler démobilisateur pour les non-initiés à la dialectique marxiste : les élections ne sont qu’illusion/seules les luttes sociales comptent :
« Les capitalistes sont les rois des temps modernes. Le pouvoir de la bourgeoisie est infiniment plus grand que celui des ministres. Il n’est pas difficile de prévoir que les grands groupes vont continuer à licencier après les élections ».
Si elle a refusé de renvoyer dos-à-dos Sarkozy et Hollande, c’est en raison des mesures sociétales que propose le candidat socialiste, comme le mariage pour les homosexuels ou le droit de mourir dans la dignité. Un bon point selon elle. Mais largement insuffisant : « Hollande ne prendra aucune mesure qui coûtera à la classe capitaliste ».
Et Mélenchon ? Idem ou presque car « il veut gouverner avec Hollande ». Elle n’en a pas dit plus. Car à Lutte ouvrière, on sait. « La bourgeoisie peut choisir parmi plusieurs partis pour gouverner, de la gauche à l’extrême droite » alors que « la classe ouvrière n’a pas de parti ».
Et de préciser qu’« il est à construire » avec pour unique but « l’expropriation de la classe capitaliste ».
Objectif : « la dictature du prolétariat »
Nathalie Arthaud a revendiqué le communisme « dans le meilleur sens du terme » :
« En leur temps le PS et le PC étaient communistes. Mais ils ont trahi. L’un pour le capitalisme, l’autre pour le stalinisme »
Par voie de conséquence, elle a revendiqué la dictature du prolétariat, en affirmant :
« Notre système sera infiniment plus démocratique. La seule liberté qui sera interdite sera celle d’exploiter ».
En attendant le « grand soir », les communistes révolutionnaires (un pléonasme au sens de Nathalie Arthaud) ne restent pas à rien faire. Leur porte-parole leur a donné un « programme de lutte ». Autant de « mesures d’urgence » qui ont le mérite de la concision et de la constance. C’était les mêmes mesures pour la précédente élection, les régionales en 2010.
- L’interdiction des licenciements et du renvoi des intérimaires
- Tous les revenus à 1 700 minimum.
- Le rétablissement de l’échelle mobile des salaires, à savoir l’indexation des salaires sur l’inflation.
- La suppression du secret des affaires.
Et de re-repréciser, « le vote ne remplace pas les luttes ». Ce sont des « objectifs essentiels » lors de « luttes générales » comme les grèves de Juin 36 ou Mai 68.
« Semer les graines pour les jeunes »
Interrogée en amont du meeting sur les différents sondages qui lui attribuent entre 0,5 % et 1 %, Nathalie Arthaud est restée dans la ligne. Même si Arlette Laguiller avait réuni, au plus haut, 5,72 % en 2002 :
« Ce sont les fermetures d’usine qui pèsent. Confrontés à ces ravages, les travailleurs se posent des questions. Aujourd’hui, ils n’ont pas la force de se révolter. Mais nos idées deviendront majoritaires ».
En bons marxistes, les militants de Lutte ouvrière considèrent que ce sont les contradictions du capitalisme qui feront que le système s’effondrera de lui-même. Ces révolutionnaires ont donc à faire un travail de prise de conscience, notamment en « semant les graines qui trouveront un terreau chez les jeunes » :
« La crise économique actuelle fera prendre conscience que renverser la bourgeoisie n’est pas une utopie ».
En attendant la révolution, un appel a été lancé pour venir, pendant le week-end de la Pentecôte, à la fête annuelle de Lutte ouvrière. Et, cela va sans dire, l’Internationale a clos le meeting, chantée debout et poing levé.
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