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Meeting à Eurexpo : « Sarkozy doit flirter avec sa droite pour gagner »

De passage à Lyon, Nicolas Sarkozy a galvanisé les siens, à l’occasion d’une grande messe de campagne dont on connaît désormais les rouages par cœur : musique de campagne hollywoodienne, mouvements de foule à l’apparition du messie, euphorie parmi les soutiens venus en masse écouter leur candidat railler François Hollande et ces socialistes restés « scotchés au 20ème siècle ».

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Avant de leur demander de l’aider à réaliser sa France forte. L’occasion de discuter avec quelques-uns des jeunes soutiens locaux du candidat UMP, gonflés à bloc par la « détermination » à toute épreuve de leur champion.

 

 

Les sondages donnent tous Nicolas Sarkozy perdant depuis des mois ? Qu’à cela ne tienne ! En meeting, les soutiens du président sont galvanisés par son sens de la rhétorique.

Nouvelle illustration ce samedi à Euroxpo-Lyon, où le candidat de l’UMP a parlé de sa « France forte » pendant quelques 40 minutes, devant une foule en délire (entre 8000 et 12000 participants, selon Jean-François Copé). Tous étaient prêts à huer et siffler l’adversaire sur demande, et applaudir à l’incantation des « valeurs de la France », cette « majorité silencieuse », ce « peuple frondeur ».

A Chassieu, le chef de l’Etat s’est livré à une compilation de ses meilleurs discours depuis Annecy et Marseille, en février dernier. Cognant à l’arme lourde sur François Hollande, à nouveau traité de « cynique » (un qualificatif d’ailleurs employé récemment à l’encontre de M. Sarkozy lui-même dans un éditorial du très conservateur Wall Street Journal), le président a longuement fait le tour des différences de positionnement exprimées dans les rangs socialistes pendant le quinquennat puis lors de la primaire citoyenne, et quelques variations observées depuis le début de la campagne du PS.

Le tout, histoire d’illustrer les « mensonges », « trahisons », « esquives » et « ambiguïtés » du candidat PS envers les Français, qu’il « ne respecte pas », selon lui. Et le président sortant de défendre son bilan plutôt que de dérouler son programme. Avant de conclure, comme la tradition l’oblige désormais, par un « aidez-moi » emprunté à de Gaulle.

 

Une caravane de campagne

Usant parfois de dérision, Nicolas Sarkozy a distribué des pics à un large panel d’adversaires : Aubry, à nouveau taxée de mener une gestion communautariste à la mairie de Lille, mais aussi Fabius, Jospin, Bérégovoy. Sa nouvelle cible : les permanents syndicaux, archétype selon lui des fameux « corps intermédiaires » venus le chahuter vendredi devant son siège de campagne à Paris.

« Certains de vos syndicats vous trahissent, a assené le chef de l’Etat à la foule. Ils préfèrent faire des coups politiques plutôt que de défendre vos emplois. Ma porte reste ouverte aux ouvriers, aux vrais ; aux syndicalistes, aux vrais. Pas aux permanents syndicaux. »

Organisé en à peine cinq jours, à deux pas de la Foire de Lyon, ce déplacement aura rameuté des personnes venues en cars du Rhône, de l’Isère, de la Drôme, de la Savoie, de l’Ardèche, de la Creuse, du Jura… Depuis peu, certains forment une véritable caravane de campagne. « On essaiera de suivre Sarkozy jusqu’au bout, on ne se décourage pas », confie à la sortie une dame venue d’Auvergne avec ses amies.

« Je reprends espoir, s’enthousiasme Anne-Laure, jeune militante de l’UNI à la faculté catholique de Lyon. Avant, je pensais voter Sarkozy parce que je suis de droite, mais dans ce discours il a vraiment parlé de la vision de la France que j’aime. Une France unie, conservatrice, qui ne veut pas tout le temps tout changer au profit de gens qui ne comprennent rien à la politique. »

 

« Sarkozy doit flirter avec sa droite pour gagner »

Argument-massue chez les « Jeunes pop’ » croisés dans le meeting : la fameuse « inversion des courbes dans les sondages », théorisée par le conseiller politique maurassien du président, Patrick Buisson, et à laquelle se raccrochent désormais les sarkozystes comme une bouée d’espoir.

« On a eu des doutes, on n’en a plus depuis Villepinte, explique Sébastien, jeune conseiller municipal en Savoie. On savait qu’en campagne, Sarkozy est très, très fort. On voit désormais une montée en puissance et le rapport de force commence à s’inverser. »

Conclusion d’un militant rhôdanien : « Hollande va se balladuriser ».

Jeune démocrate-chrétien du Beaujolais (le fief du ministre centriste Michel Mercier), Jean-Philippe est heureux de voir la majorité rassemblée à Lyon : Nouveau centre, Gauche moderne, Parti radical valoisien… Interrogé sur les va-et-vient du personnel politique centriste, il répond au tac-au-tac en raillant la majorité formée par la gauche à la Région. « Ce qu’on aura vu pendant tout ce quinquennat, c’est que les centristes sont des partenaires plus fiables que les Verts. Eux sont loyaux dans leurs votes, pas comme en Rhône-Alpes où Jean-Jack Queyranne doit sans cesse demander le soutien de Françoise Grossetête (leader UMP à la Région, ndlr). »

« Je me suis éloignée de l’UMP depuis le débat sur la laïcité et la dérive islamophobe insupportable de la Droite populaire », confie en revanche une jeune militante du Parti radical valoisien, présente au meeting.

Mais selon elle, Sarkozy reste « le plus fiable économiquement ». Son discours sur l’immigration ? « Il n’a pas le choix, il doit flirter, draguer avec sa droite pour gagner », concède-t-elle, avant d’expliquer qu’il faudra que l’UMP fasse le point sur son positionnement idéologique après les législatives.

 

« Ca fait un peu peur »

Au sujet du discours conservateur de Nicolas Sarkozy sur le mariage et l’adoption des couples homosexuel, « il n’a pas le choix », regrette également un jeune non-encarté engagé dans la cause gay, qui reste malgré tout très motivé à l’idée d’envoyer le président à l’Elysée pour un second mandat.

Hormis quelques curieux encore indécis, une poignée de militants des jeunesses socialistes sont venus en sous-marin. « On était une dizaine de ma section, on s’était donné le mot, relate l’un d’eux. On a vu d’autres camarades pendant le meeting, on s’est fait quelques coucous discrets ! », plaisante-t-il, avant de dénoncer « l’endoctrinement » des sarkozystes.

« Ces gars sont vraiment chauds comme la braise, ça nous fait un peu peur », constate-t-il, tranchant avec « l’enthousiasme » du président de l’Assemblée nationale, le Savoyard Bernard Accoyer, qui confiait à Rue89Lyon après le meeting avoir « assisté à un discours excellent ». Après ce meeting, nul doute n’est permis : la droite lyonnaise sera au rendez-vous du 22 avril, prête à en découdre.


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