Le roi est mort mais pas les royalistes. Au 5 rue des Marronniers, à Lyon, dans une salle cossue avec une étoffe aux couleurs du roi et musique baroque s’est tenue il y a quelques jours la dernière réunion électorale de Patrick de Villenoisy, représentant du parti de l’Alliance Royale. Dans la salle, une atmosphère sentencieuse, avec une vingtaine de personnes, dont un nombre étonnant de jeunes hommes. La barbe de trois jours, le costume impeccable, la plupart se font appeler à table par leur titre de noblesse.
Soixante ans, sourire figé et épingle à cravate en forme d’épée, Patrick de Villenoisy est le candidat royaliste prétendant à l’élection présidentielle. En cas de victoire, il promet d’appeler aussitôt l’héritier du trône de France. Ce sera le prince Jean d’Orléans de la branche Orléaniste ou Louis de Bourbon de la branche légitimiste. « Il appartiendra à ces deux princes de s’accorder pour donner l’exemple de la réconciliation familiale », élude-t-il. Au roi alors de nommer le premier ministre en charge de la nomination des ministres, ainsi que le garde des sceaux et un ministre d’état chargé d’organiser la politique du pays.
0,07 % des suffrages
Dominique de Saint-Chamans, rasé de près, costume élégant, est responsable bénévole de la région Rhône-Alpes à Alliance Royale. Fondée en 2001, cette formation politique se présente depuis 2004 à divers suffrages nationaux ou locaux avec pour meilleur score 0,07 % des suffrages, dans les régions Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes pendant les élections européennes de 2004. Ses principales mesures : réduire le nombre de députés à 440 (4 par départements), revenir à la préférence communautaire et nationale avec la protection de l’agriculture, de l’industrie et du commerce mais aussi, en vrac, mettre l’accent sur la formation.
Au sein de la nébuleuse royaliste, elle bénéficie du soutien de la Nouvelle Action Royaliste,
mouvement politique militant en faveur d’un retour au régime monarchique fondé sur des principes démocratiques.
Petite sauterie très à droite
Depuis septembre 2011, Dominique de Saint Chamans et son collègue correspondent avec les élus locaux dans leur quête aux signatures. « Nous préférons avoir des contacts directs en tête-à-tête avec eux. Le simple écrit ne suffit pas, car ce que nous proposons est tellement différent », explique-t- il.
Les royalistes sont-ils également perçus comme trop proche de l’extrême droite? « Nous ne sommes ni à gauche ni à droite » rétorque Patrick de Villenoisy, qui dit pourtant « admirer énormément les électeurs du Front National, un mouvement qu’il estime un peu trop « diabolisé » :
« Le vote FN est un vote d’exaspération et de mécontentement. Mais c’est un vote perdu car ce parti sera toujours perdant au second tour. Avec nous, il n’y aura plus d’élections présidentielles car on appellera le roi. Mais nous garderons les autres élections ».
« Notre système monarchique sera proche de celui des monarchies du Nord de l’Europe actuel, avec un roi aux affaires et une assemblée de députés élus démocratiquement », précise Dominique de Saint Chamans.
Lui et son acolyte ont reçu une dizaine de paraphes de maires sur « la grande région lyonnaise dont certaines communes du Grand Lyon » et une vingtaine sur la région Rhône-Alpes. Essentiellement des maires de petites communes.
« Malheureusement, Lyon reste très politisée, divisée entre la droite et la gauche classiques, affirme Dominique de Saint Chamans. Nous n’avons pas encore assez de poids, les maires sont très mal à l’aise si leur nom apparaît ».
« Lyon est une toutefois une terre traditionnelle, capitale des Gaules, aime à croire Patrick de Villenoisy. Il y a beaucoup de royalistes mais ils ne sont pas très fédérés. »
Outre la cinquantaine de royalistes « engagés », celui-ci dénombre ainsi entre 500 et 1000 royalistes sympathisants déclarés dans Lyon. 50 et 100 royalistes se réuniraient depuis peu chaque trimestre. « Nous essayons de voir comment le roi se comporterait sur des sujets d’actualité ». Patrick de Villenoisy imagine mener un parti d’avenir : « DSK se demandait qui pouvait ramener la confiance face à nos difficultés économiques. Nous pensons que seul le roi peut cela car la classe politique est discréditée ».
Législatives en vue
La date fatidique du dépôt des signatures aura lieu devant le conseil constitutionnel 16 mars prochain. Peu de chance pour que le parti royaliste réussisse à réunir les 500 signatures d’ici là. Mais il prépare les législatives. Entre la poire et le fromage, Robert de Prévoisin, secrétaire national de l’Alliance Royale, aura aussi profité de cette soirée pour présenter ses candidats pour ces élections locales.
« Cette soirée aura peut être encouragé quelques vocations », affirme-t-il.
Parmi eux, Brice Fiquemo, candidat de l’Alliance Royale dans la huitième circonscription de Lyon. La quarantaine, cheveux longs, barbichette, ce téléconseiller et délégué syndical CGT, ne correspond pas vraiment au parangon du royaliste. Encore à la recherche d’un suppléant en vue des législatives de juin prochain, il a quelques difficultésà trouver quelqu’un qui s’engage à ses côtés.
« Pour l’instant, je suis dans une phase de prise de contact avec les sympathisants. Ce qui compte c’est de diffuser nos idées et d’amener à la réflexion ».
Un des objectifs visés : attirer les médias, au-delà du folklore…
« La dernière fois que nous avons eu notre place dans l’émission de Laurent Delahousse, nous avons eu beaucoup de retombées », explique Robert de Prévoisin, secrétaire générale de l’Alliance Royale. « Nous sommes également apparu dernièrement dans le petit journal et dans le grand Journal avec le truculent Mouloud. Nous avons été moins ridicules que François Bayrou. C’est signe que les royalistes réinvestissent le champ politique ».
Depuis Bertrand Renouvin en 1974 avec 0,17 % des voix, les royalistes n’ont pas pu présenter leur candidat aux éléctions présidentielles.
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